D’ici la fin de l’année 2016, environ un employé d'IBM sur quatre utilisera un ordinateur Macintosh. Le géant de la technologie, qui emploie 400 000 personnes à travers le monde, a acheté et provisionné 90 000 ordinateurs Mac depuis juin 2015, date à laquelle il a commencé à s’équiper d’ordinateurs portables Apple. Et l’entreprise devrait disposer d’un parc d’au moins 100 000 ordinateurs Mac d'ici 2017. Aujourd’hui, au niveau mondial, IBM est l’entreprise où le déploiement d’ordinateurs Mac est le plus élevé, et, selon le constructeur lui-même, c’est aussi le plus gros client d'Apple. L’entreprise californienne a refusé de donner des détails sur ses principaux clients d’entreprises, mais SAP, Kelly Services et Intuit sont ses clients les plus visibles.
D’après IBM, ses employés disposent aujourd’hui d’un parc total de 217 000 appareils Apple, dont 90 000 ordinateurs Mac, 81 000 iPhone et 48 000 iPad. Chaque appareil Mac acheté par IBM pour ses salariés ferait économiser, en fonction du type d’appareil entre 273 et 543 HT, au géant de la technologie, comparativement au coût total de possession des PC sur une durée de vie de quatre ans. « De façon générale, le coût initial d’un ordinateur Mac est supérieur à celui d’un PC, mais la valeur résiduelle des ordinateurs Mac est plus élevée sur le long terme », a affirmé Big Blue.
Changement culturel chez IBM
Certes, IBM se félicite de ces économies de coûts. Mais l’entreprise insiste aussi sur le fait que les objectifs de son programme Mac@IBM sont plus nobles. « Le but de ce programme n’est pas uniquement de réduire les coûts », a ainsi déclaré Fletcher Previn, vice-président Workplace-as-a-Service d’IBM lors de la conférence utilisateur JAMF Nation qui s’est tenue la semaine dernière (18 au 20 octobre) à Minneapolis. JAMF édite un logiciel de gestion des périphériques mobiles Apple qui fonctionne également avec les produits IBM. « L'objectif est de proposer un choix alternatif aux salariés et d’essayer au minimum d’offrir le programme Mac le plus ambitieux du monde… Surtout, nous pensons que le Mac est un excellent vecteur et qu’il peut favoriser les changements culturels que nous souhaitons promouvoir au sein de l’entreprise ».
IBM a indiqué économiser 543 dollars par poste de travail en utilisant des Mac plutôt que des PC. (crédit : D.R.)
« Permettre aux salariés de choisir entre un Mac et un PC permet également d’introduire un autre modèle de déploiement de l’IT chez IBM », a encore déclaré Fletcher Previn. Le programme Mac@IBM n’est pas lié au partenariat conclu en juillet 2014 par Apple et IBM, lequel avait donné naissance à l’initiative MobileFirst for iOS. Mais il est probable qu’IBM n’aurait pas investi aussi massivement dans les Mac sans cet accord de grande envergure. Le bénéfice que tire Big Blue de son programme Mac est multiple. En particulier, il a provoqué une nouvelle dynamique entre l’IT et les employés de l’entreprise. « Comme nous le constatons, un écosystème très différent est en train de se mettre en place », a déclaré Fletcher Previn. « Quand les choses sont simples et faciles à utiliser, il n’est plus nécessaire de pousser les utilisateurs vers ces solutions. Ils se les approprient d’eux-mêmes ».
Une parade à l’obsolescence des PC
Le vice-président d’IBM trouve aussi qu’il y a une « nette différence » entre la façon dont l’entreprise déploie, gère et assure le support pour son par Mac et sa manière de gérer l'environnement PC traditionnel. « Par exemple, entre l’achat d’un PC portable et son déploiement, il faut au moins cinq étapes de plus que pour un ordinateur Mac », a expliqué le vice-président. « Avant qu’IBM ne livre un PC à l’un de ses employés, l'entreprise commence par l’acheter chez Lenovo. Elle expédie ensuite la machine dans l’un de ses départements qui installe sur le disque dur une image système « maison » et les logiciels qui seront utilisés par le salarié. Le matériel est ensuite transféré dans un entrepôt, en attente de livraison. Si bien que, avant qu'il n’arrive jusqu’à l’employé, le matériel peut se déprécier et même devenir obsolète », a ajouté Fletcher Previn. « Toute cette circulation disparaît avec notre programme Mac@IBM. Nous achetons exactement les mêmes machines que celles vendues chez les distributeurs, et nous pouvons les livrer directement aux employés quand ils en ont besoin », a-t-il déclaré.
Cette relative simplicité des Mac a poussé les responsables informatiques d’IBM, Fletcher Previn compris, à remettre en question plusieurs principes. « Mon mobile tourne avec son propre système, pourquoi aurais-je besoin d'un système « maison » pour mon ordinateur portable ? Puis-je gérer mon ordinateur portable comme je gère mon appareil mobile ? » se sont-ils demandé. Selon le vice-président, « il a fallu environ six mois de travail d'ingénierie pour arriver à une solution qui permette de se passer d'image « maison » sur Mac ».
De zéro à 90 000 Mac en 16 mois
15 % du parc d’ordinateurs portables déployés chez IBM sont des Mac. L’entreprise gère également 442 000 PC et 72 000 machines Linux. Mais, selon Fletcher Previn, chez IBM, seulement 5 % des machines dédiées à l’assistance sont des Mac. Toujours selon le vice-président, un utilisateur de PC passe en moyenne deux fois plus d'appels au support technique qu’un utilisateur Mac, et 27 % des problèmes rencontrés sur PC requièrent l’intervention d’un technicien, contre 5 % pour les Mac. « Ces statistiques montrent que chez IBM, la gestion des PC coûte trois fois plus cher que celle des Mac », a-t-il encore déclaré. « Pour gérer la totalité des appareils Mac OS et iOS, soit 217 000 machines, IBM mobilise seulement 50 personnes », a précisé Fletcher Previn.
Actuellement, IBM déploie environ 1300 nouveaux Macs chaque semaine, et ce supplément de machines « n’a pas été suivi par un surcroit de demandes d'assistance ». Le programme Mac@IBM a « démontré matériellement aux salariés d’IBM que nous avions une autre vision de la livraison de services informatiques et que nous souhaitions vraiment adopter une approche centrée sur l'utilisateur », a encore déclaré le VP d’IBM. « Nous faisons très attention également de ne pas imposer des politiques IT qui pourraient dégrader cette expérience Mac ».