La prospection de nouvelles ressources énergétiques coûte cher et présente des risques. L'objectif d'IBM et de l'industriel espagnol Repsol est de mettre à profit les nouvelles technologies cognitives pour réduire cette incertitude et améliorer la production. Mais cette recherche engagée par les deux entreprises pourrait bien déboucher un jour sur des systèmes informatiques capables d'aider toutes les industries à prendre de meilleures décisions. « C'est le début d'une ère nouvelle où les machines et les hommes travailleront mieux ensemble », a déclaré Brian Gaucher, senior manager IBM Research et chercheur au sein du Laboratoire des Environnements Cognitifs d'IBM (Cognitive Environments Laboratory - CEL). L'industrie pétrolière et gazière se prête particulièrement bien à l'expérimentation de nouveaux types d'applications décisionnelles.
Des entreprises comme Repsol peuvent dépenser jusqu'à un milliard de dollars pour chercher de nouveaux gisements. Et quand elle trouve une nappe potentielle, elle doit encore dépenser plusieurs centaines de millions supplémentaires pour le forage. Or, aujourd'hui, seul un puit sur quatre ou cinq donne des résultats. C'est pourquoi, toute technologie capable de réduire le risque financier et d'améliorer les chances de trouver de bons gisements permettrait d'économiser beaucoup d'argent. Comparativement à d'autres entreprises énergétiques mondiales, Repsol fait figure de petit acteur, et il est à l'affût de toute solution innovante pour réduire ses risques.
Des applications pour mieux tirer parti des gisements pétroliers
L'industriel a commencé à collaborer avec IBM sur deux applications cognitives : une première qui doit aider ses ingénieurs à mieux estimer les gisements pétroliers potentiels que la société doit acquérir ; et une autre qui doit permettre d'optimiser l'extraction et tirer le plus de pétrole de gisements existants. Les chercheurs envisagent d'utiliser différentes techniques de calcul cognitif pour ces applications, en particulier pour filtrer et analyser des données provenant de sources multiples. Ils vont également travailler sur de nouvelles interfaces utilisateurs pour que les gestionnaires et les ingénieurs puissent interagir avec les données de façon plus intuitive et plus naturelle.
L'informatique cognitive pourrait, par exemple, prendre en charge le travail préliminaire d'analyse des données sismiques, et alléger le travail des ingénieurs. Elle pourrait également servir à analyser des milliers de rapports et synthétiser les contenus et les conclusions. Le système d'informatique cognitive pourrait traiter et intégrer non seulement des données géographiques et scientifiques, mais aussi des indicateurs économiques et politiques pertinents. « La possibilité d'exploiter, en temps réel, des informations, d'apprécier les tendances et d'intégrer ces éléments aux processus de décision peut permettre de réduire l'incertitude et élargit considérablement les perspectives », a déclaré Brian Gaucher. Le groupe de chercheurs travaille également sur la création d'applications à la volée à partir de composants réutilisables pour répondre à un besoin particulier à un moment donné. Selon le chercheur, le traitement informatique de demain ne sera plus « monolithique ». « Il y aura des systèmes distribués multi-agents, à partir desquels il sera possible de faire tourner des applications différentes élaborées en fonction du contexte », a expliqué Brian Gaucher. « Certains programmes pourront servir éternellement et d'autres auront une durée de vie d'une heure seulement », a-t-il ajouté.