IBM et Oracle ont donné certains détails la semaine dernière sur les processeurs RISC qu'ils préparent pour leurs serveurs à hautes performances : Power7+ pour l'un et Sparc T5 pour l'autre. Si le marché des serveurs Unix continue à se réduire à mesure que les systèmes à base de x86 gagnent en capacités, il a tout de même généré 2,3 milliards de chiffre d'affaires au deuxième trimestre 2012. Cela représente un cinquième du marché mondial, selon IDC. Pour les fournisseurs, cela vaut la peine de continuer à investir sur ce segment.
Chez IBM, le processeur à huit coeurs Power7+ est attendu pour la fin de l'année. Il sera gravé en 32 nanomètres contre 45 nm pour le Power7. Ce processus de gravure plus avancé permet de recourir à des transistors plus petits et d'ajouter ainsi des fonctionnalités à la puce en lui conservant la même taille, rapportent nos confrères d'IDG News Service.
IBM a utilisé une partie de l'espace gagné pour étendre de 32 à 80 Mo la mémoire cache de niveau 3 sur le Power7+. Cet apport de mémoire améliorera de façon importante les capacités de montée en puissance sur le traitement des charges de travail en entreprise, a notamment indiqué Scott Taylor, l'un des ingénieurs qui a travaillé sur la conception des Power7+. Intervenant sur la conférence Hot Chips qui s'est tenue à Cupertino, du 27 au 29 août, Scott Taylor a également pointé l'utilisation de mémoire DRAM embarquée (eDRAM), qui utilise moins de transistors par bit par rapport à la SRAM. Le Power7+ rassemble 2,1 milliards de transistors. Il en compterait 5,4 milliards si IBM utilisait de la SRAM, a expliqué l'ingénieur. Selon lui, la eDRAM apporte à IBM l'équivalent d'un procédé de fabrication plus avancé, lui permettant effectivement de mettre plus de fonctions sur la puce, sans recourir à un nouveau procédé de fabrication.
Un accélérateur pour le chiffrement
Parmi les fonctions additionnelles figurent des composantes accélérant le chiffrement de données, ainsi que d'autres tâches de sécurité. La puce dispose aussi d'un « vrai » générateur aléatoire de nombres, ainsi que le qualifie IBM. Les nombres aléatoires sont nécessaires pour les opérations de sécurité et, selon le constructeur, celui-ci peut faire obstacle à tout hacker cherchant à prédire quel sera le prochain nombre.
Le Power7+ comporte aussi un module double processeur qui permet aux clients d'installer deux puces dans un seul socket. Cela réduit les coûts de licence des logiciels tarifés au socket. Au moins jusqu'à ce que les fournisseurs prennent ce changement en compte et modifient leur tarification. Power7+ est compatible avec le socket du Power7.
Oracle veut optimiser ses serveurs pour ses logiciels
Si, comme IBM, Oracle cherche lui aussi à optimiser ses processeurs pour ses propres serveurs, il exprime de façon plus explicite qu'il le fait également pour améliorer la prise en charge de ses logiciels. Il assure que ses clients bénéficieront de meilleures performances s'ils sont prêts à lui acheter un système complet et à exploiter leurs bases de données et leurs applications sur du matériel Oracle. Son prochain processeur Sparc T5 est une réduction en 28 nanomètres du T4 présenté l'an dernier sur la conférence Hot Chips. Quand Oracle est passé du T3 au T4, il a divisé par deux le nombre de coeurs, passant de 16 à 8, afin de se concentrer plutôt sur l'amélioration des performances single-thread de chaque coeur. Le T5 aura de nouveau 16 coeurs, la fréquence de chacun d'eux pouvant monter à 3,6 GHz, contre 3 GHz sur le T4.
L'un des objectifs d'Oracle avec le T5 est d'installer les puces en allant jusqu'à huit sockets sur une carte mère par serveur, en s'approchant d'une montée en puissance linéaire. Selon Sebastian Turullols, d'Oracle, intervenant sur Hot Chips, il y a des systèmes à huit sockets qui délivrent l'équivalent de cinq sockets seulement environ. C'est en partie parce qu'il y a un problème matériel à résoudre et aussi parce que certains concepteurs de puces optimisent leurs designs afin qu'ils puissent être utilisés dans des systèmes à quatre sockets. Oracle indique que les clients qui utiliseront le T5 dans un système à huit sockets bénéficieront de performances proches d'un système à huit processeurs.
Le T5 s'enrichira de plusieurs fonctionnalités pour accélérer le clustering, ce qui est important pour les systèmes sur lesquels Oracle a choisi de se concentrer, tels que son serveur Sparc SuperCluster. Et le T5 inclut aussi des unités d'accélération pour un algorithme de chiffrement sans précédent, de même qu'un générateur de nombres aléatoires. Oracle n'a pas précisé quand sortirait le T5, mais on ne l'attend pas avant la fin de l'année.