Au Mobile World Congress 2025, en plus de ses équipements télécom et réseau, Huawei a présenté plusieurs solutions dans le monde du stockage et de la virtualisation. Trois annonces ont marqué l’événement : l’introduction de cartes accélératrices pour les baies de stockage OceanStor A800, l’arrivée d’une solution de sauvegarde maison avec agent intégré, et une alternative à VMware basée sur KVM. Nous avons fait le point sur ces nouveautés avec un porte-parole sur le stand du fournisseur chinois. En commercialisant trois cartes accélératrices additionnelles destinées à améliorer les performances et la sécurité des données de ses baies OceanStor A800, Huawei continue d’innover dans le domaine du stockage. La première carte est dédiée à la détection des ransomwares. Elle fonctionne en analysant les comportements suspects des fichiers stockés, notamment sur la base d’une variation anormale du taux de déduplication des données. Cette approche permet une détection plus rapide et efficace des attaques.

Une des cartes DPU de Huawei présentée au dernier MWC. (Crédit S.L.)

La seconde, de type DPU (Data Processing Unit), déleste le processeur principal de certaines tâches de gestion des flux de données. Un porte-parole de Huawei précise : « Aujourd’hui, la problématique dans les architectures de stockage est centrée sur le CPU. À un moment donné, il ne peut pas tout faire. Nos cartes DPU contournent cette limite. » Enfin, la troisième vient accélérer les traitements de compression et de déduplication. Selon le porte-parole de Huawei : « Nous avons conçu cette carte pour optimiser ces traitements lourds en les transférant hors du processeur principal, libérant ainsi des ressources pour d'autres opérations critiques. » Ces cartes, qui reposent sur des composants Kunpeng maison fabriqués chez HiSilicon – toujours sur base Arm – apportent aux entreprises une meilleure résilience face aux cyberattaques, tout en optimisant l’utilisation des ressources de stockage.   

Sauvegarde et restauration rapide

Huawei a également mis en avant sa solution de sauvegarde intégrée, qui travaille avec agent. Contrairement aux solutions traditionnelles qui nécessitent un stockage intermédiaire avant restauration, celle-ci privilégie une récupération rapide et directe des données depuis une baie flash. L’enjeu principal de cette solution repose sur la capacité à restaurer les données aussi rapidement que possible. Une proposition portée depuis plusieurs années par un acteur comme Pure Storage : restaurer ses données et ses applications  en 20 minutes au lieu de deux heures, ou en deux heures au lieu de deux jours. « Le débat aujourd’hui, ce n’est plus seulement de sauvegarder vite, c’est surtout de restaurer vite », nous a confirmé le porte-parole de Huawei.

L’architecture repose sur une intégration avec Kubernetes, avec des conteneurs intégrant les applications de sauvegarde pour faciliter les mises à jour et réduire la complexité de gestion. La sauvegarde est effectuée au format natif, ce qui évite les opérations de conversion et améliore encore la rapidité de récupération. « Nous avons choisi de travailler au format natif, car cela nous permet de rendre les données immédiatement accessibles sans phase intermédiaire de transformation », a précisé le représentant du fournisseur chinois. Le modèle de tarification de la solution de sauvegarde de Huawei se distingue par son absence de licence basée sur la capacité, le nombre d’agents ou le nombre de CPU/VM protégés. Contrairement aux modèles classiques, où chaque extension d’usage implique un coût additionnel, Huawei propose une tarification basée sur la capacité de la machine. Ainsi, une fois la solution installée, les entreprises peuvent sauvegarder autant de données qu'elles le souhaitent, sans frais supplémentaires. Ce modèle offre plus de prévisibilité budgétaire et une flexibilité accrue, en évitant les coûts cachés liés à l’expansion des besoins de sauvegarde.   

Une autre alternative à VMware   

Face à l’évolution du marché de la virtualisation, Huawei a présenté son alternative à VMware, baptisée DCS (Data Center Solution), basée sur l’hyperviseur KVM. Depuis le rachat de VMware par Broadcom et la forte hausse du coût du support et des licences (souscription en mode pack) qui a suivi, de nombreuses entreprises cherchent des alternatives viables pour la virtualisation de leurs infrastructures. Conçue pour offrir une solution de virtualisation intégrée à l’écosystème Huawei, DCS met en avant une approche full-stack incluant la gestion des ressources, la sauvegarde, la migration et la sécurité. L’un des avantages mis en avant par le fournisseur chinois est l’intégration complète avec son écosystème de stockage et de réseau. « Notre solution repose sur une couche d’orchestration développée en interne, qui nous permet de maîtriser l’ensemble de la pile système », explique le porte-parole. DCS repose sur une architecture modulaire intégrant plusieurs composants clés. Son hyperviseur eSphere assure la gestion avancée des machines virtuelles et des conteneurs, garantissant une flexibilité adaptée aux besoins des entreprises. L’ensemble est orchestré par eDME, un outil de gestion full-stack qui facilite l’administration des ressources tout en automatisant les opérations de maintenance.   

Huawei a bâti un véritable environnement de virtualisation pour les serveurs x86 et Arm. (Crédit S.L.)

Dans une logique d’optimisation des infrastructures IT, le fournisseur propose également UltraVR, une solution de reprise après sinistre prenant en charge la réplication active-active et les sauvegardes multisites. Associée à eBackup, cette technologie propose aux entreprises de sécuriser leurs données sans nécessiter l’ajout de solutions tierces. Huawei a également mis au point MigrationDirector, un outil facilitant la migration des machines virtuelles depuis VMware, en minimisant l’impact sur les services en production. L’un des autres atouts de cette solution réside dans son ouverture à différentes architectures matérielles. Contrairement à VMware, limité à la plateforme x86, DCS est compatible avec les serveurs x86 et Arm, offrant ainsi une plus grande flexibilité aux entreprises cherchant à optimiser leurs infrastructures. eSphere ne dispose cependant pas encore de fonctionnalités équivalentes à NSX (la solution de micro-segmentation réseau de VMware) ni de Fault Tolerance, mais Huawei met en avant d’autres atouts, notamment en termes de coût et d’intégration simplifiée. Le porte-parole du fournisseur insiste sur l’objectif de l’entreprise : « Nous ne nous considérons pas comme un concurrent direct de VMware, mais comme une alternative viable pour les entreprises cherchant plus de flexibilité et de maîtrise sur leurs infrastructures. » L’un des arguments majeurs de DCS repose sur son modèle de tarification, bien plus avantageux que celui de VMware. En intégrant nativement les fonctionnalités de sauvegarde et de reprise après sinistre, le fournisseur évite aux entreprises d’avoir à souscrire des licences supplémentaires, ce qui permet une réduction des coûts pouvant atteindre 50 % par rapport à VMware. Ces différences de tarification deviennent encore plus marquées depuis le passage de VMware à un modèle exclusivement basé sur l’abonnement. 

Une sécurité renforcée et une résilience accrue 

Huawei a également mis l’accent sur la sécurité de son infrastructure. La solution DCS intègre un système de protection avancée contre les ransomwares, reposant sur une approche en cinq couches. Ce modèle inclut une détection en temps réel des comportements suspects, des snapshots sécurisés permettant une restauration rapide, ainsi que des mécanismes d’isolation des données pour prévenir la propagation des attaques. Outre la cybersécurité, DCS renforce la continuité d’activité grâce à des options avancées de reprise après sinistre. La solution prend en charge la réplication synchrone et asynchrone sur plusieurs sites, garantissant un redémarrage rapide des services en cas d’incident majeur. En parallèle, Huawei propose une gestion centralisée de l’ensemble des infrastructures virtuelles via une interface unifiée, facilitant le suivi des performances et la détection des anomalies en temps réel. 

  

Avec cette approche full-stack, Huawei entend proposer aux entreprises une option plus ouverte que VMware, en évitant la dépendance aux licences propriétaires. 

Toujours confrontée à un embargo américain sur les composants, l’entreprise chinoise cherche à se différencier en proposant des solutions flexibles et ouvertes, qui répondent aux défis actuels des infrastructures IT. Si ces innovations séduisent les entreprises européennes, Huawei pourrait bien se positionner comme un acteur clé sur ces marchés en pleine transformation.