Si Huawei ne réalise qu’un quart de son chiffre d’affaires dans les infrastructures, contre un autre quart dans les télécoms et le reste dans les mobiles, l’enjeu reste stratégique quand on veut équiper les entreprises. Lors de sa convention Connect, du 18 au 20 septembre à Shanghai, le fournisseur chinois n’a donc pas manqué de mettre en avant ses dernières propositions dans le monde du stockage et notamment sa baie full-flash OceanStor Dorado v6, qui repose sur des contrôleurs ARM-64 Kunpeng 920 (jusqu'à 32 pour la 18 000), associés à des cartes accélératrices NPU Ascend 310 pour le tuning des performances avec des traitements IA.
Cette baie offre aujourd’hui une des plus grosses capacités de stockage en modes blocs et fichiers et les performances annoncées sont idoines : jusqu'à 20 millions d'opérations d'E/S par seconde (IOPS), selon Peter Zhou, vice-président en charge des activités IT chez Huawei. Lors d’un point avec la presse à Shanghai, ce dernier a indiqué que grâce aux capacités IA – reposant sur les Ascend 310 - chargées d’optimiser le fonctionnement de l’OceanStor Dorado v6, cette dernière serait jusqu’à deux fois plus performante que la proposition du meilleur acteur du marché (il devrait s’agir de la baie Dell EMC PowerMax 8000 à 10 millions d'IOPS). En sus, la latence de lecture pour le sous-système de stockage est tombée à 0,1 ms, a indiqué Pang Xin, vice-président en charge du stockage chez Huawei, lors du même point presse.
Lors d'un point presse à Shanghai, Peter Zhou, VP responsable des activités IT chez Huawei, nous a expliqué sans détours que Huawei bénéficiait d'une licence ARM v8 complète et qu'il pouvait développer ses propres designs processeurs faute de licence ARM v9. (Crédit Huawei)
Plus de contrôleurs Intel Xeon
Quatre des cinq baies OceanStor Dorado V6 au catalogue sont proposées avec des SSD NVMe Hi1812E et le support du NVMe-oF (la 3000 reste en SAS). Les capacités de stockages brutes vont de 49,2 Po pour la baie 5000 (16 contrôleurs) à 196,61 Po pour la 18 000 (32 contrôleurs). La série Dorado V6 est également dotée de fonctions de tolérance aux pannes et Huawei revendique une commutation d'une seconde avec des liaisons ininterrompues en cas de défaillance du contrôleur. Comme sur toutes les baies de stockage haut de gamme, les fonctionnalités de base comprennent la déduplication et la compression à la volée, la réallocation dynamique des fichiers en fonction de leur usage, la protection continue des données, la réplication à distance et la sauvegarde dans le cloud.
Avec cette dernière baie, Huawei s’attaque aux ténors du marché avec des machines dépourvues de contrôleurs Intel Xeon et de mémoire Optane, puisque la source s’est tarie suite aux injonctions de l’administration Trump. Si l'information est très dure à trouver sur les sites de Huawei, la baie OceanStor 5500 v5 est par exemple animée par des contrôleurs Intel Xeon Gold 4109T (huit cœurs à 2.0 GHz). Une stratégie de la soudure que Huawei a également été obligé d’adopter sur ses derniers serveurs avec ses puces Kunpeng 920. L’avenir se décline aujourd’hui sans Intel et Nvidia chez le Chinois qui mise actuellement sur son marché intérieur pour amortir les investissements en R&D nécessaire à la commercialisation de produits compétitifs - en termes de performances - en Europe. Une stratégie qui montre déjà ses limites avec par exemple l'absence de mémoire cache Intel Optane sur les récentes baies OceanStor Dorado v6. Les concurrents directs - Dell EMC PowerMax, HPE Primera et Pure Storage FlashArray - proposent déjà ces composants clefs qui permettent (associés à des lecteurs NVMe) de réduire le temps de latence et d'accélérer la réponse des baies. Intel vient d'ailleurs d'annoncer ses composants Optane de seconde génération (Barlow Pass) attendus avec les futurs Xeon. Une roadmap dont Huawei ne bénéficie plus...