Après un an d'enquête, une commission du Congrès américain a conclu hier que les fournisseurs d'équipements de télécommunications chinois Huawei Technologies et ZTE risquaient de poser des problèmes de sécurité aux Etats-Unis. Les législateurs conseillent aux entreprises américaines de ne pas s'approvisionner auprès d'eux. Selon un rapport livré par Mike Rogers et Charles Albert Ruppersberger, deux membres du comité permanent sur le renseignement (Permanent Select Committee on Intelligence), les risques associés à l'utilisation de produits Huawei et ZTE pour des infrastructures sensibles pourraient affecter les intérêts de sécurité nationale. Les rapporteurs soulignent que les réseaux de télécommunications sont vulnérables aux attaques et pourraient exposer les infrastructures sensibles du pays au cyber-espionnage et à des pannes. Pour le comité, l'Etat américain doit rester vigilant en présence d'entreprises recevant un soutien financier du gouvernement chinois.
Une tentative de protection des acteurs américains ?
Si certaines inquiétudes du comité sont légitimes, il manque des détails sur ce qui les préoccupent, estime pour sa part Will Stofega, analyste chez IDC, spécialisé sur les technologies mobiles. « S'il y a des problèmes de sécurité, quelle en est la nature ? Y a-t-il des backdoors sur les routeurs ? », s'interroge-t-il en faisant aussi remarquer que le rapport en question sort à un moment où Huawei réfléchit à s'introduire en bourse aux Etats-Unis. L'analyste se demande aussi s'il ne s'agit pas aussi de protéger des équipementiers américains tels que Cisco.
Le comité a estimé que Huawei et ZTE n'avaient pas suffisamment coopéré durant l'enquête qu'il a menée et n'avaient pas communiqué assez d'informations sur leurs relations avec le gouvernement chinois. Ce que contestent les deux sociétés qui considèrent au contraire avoir pleinement coopéré et estiment que le rapport n'a pas tenu compte de nombreux renseignements qu'elles ont fournis. Pour Huawei, ce document s'appuie sur des rumeurs et des spéculations. Le fournisseur se demande si le véritable but de l'opération ne serait pas de gêner l'entrée des acteurs de télécommunications chinois sur le marché américain.
Quant à ZTE, il note que la remarque selon laquelle il pourrait ne pas être libre de toute influence de l'Etat chinois pourrait s'appliquer à n'importe quelle entreprise opérant en Chine.