Après les Etats-Unis, Huawei va-t-il devenir persona non grata au sein de l’Union européenne ? En effet, le spécialiste chinois des réseaux télécoms est sous le coup d’une enquête pour corruption auprès du Parlement européen. Plusieurs médias ont rapporté qu’en fin de semaine dernière, la police fédérale belge a perquisitionné 21 sites en Belgique et au Portugal. Des arrestations ont par ailleurs eu lieu en Belgique et en France dans le cadre de cette enquête. Il s’agit principalement de lobbyistes (actuels ou anciens) qui interviennent auprès du Parlement européen.

Déguisée en lobbying commercial, la corruption aurait débuté en 2021 et a pris la forme de cadeaux (voyages, billets pour des évènement,…) ou de rémunérations excessives pour l’adoption de certaines positions politiques par les députés européens, a déclaré le parquet belge dans un communiqué. Il ajoute avoir ouvert un dossier pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment et organisation criminelle. Si Huawei a réussi à introduire ses produits au cœur des infrastructures de télécommunication au Royaume-Uni, il a dû faire face à une lutte acharnée ailleurs en Europe pour des raisons d’espionnage, mais aussi pour des soupçons de dumping face aux équipementiers européens. La société chinoise a donc investi dans le lobbying auprès des institutions européennes au point d’en avoir plus que Google, Facebook, Microsoft et Apple.

Une suspension provisoire de lobbying auprès du Parlement européen

Après les perquisitions de jeudi, les autorités belges ont refusé de nommer les personnes impliquées « afin de respecter la présomption d'innocence des personnes concernées et l'enquête elle-même ». Toutefois, des médias européens, dont le site d'information Follow The Money, ont identifié un lobbyiste employé par Huawei qui avait précédemment travaillé pour deux membres italiens du Parlement européen comme étant au centre de l'enquête. Selon le média en ligne, 15 eurodéputés, anciens ou actuels, sont « dans le collimateur » des enquêteurs. Le juge d’instruction a demandé la mise sous scellés de deux bureaux situés dans le bâtiment du Parlement européen. Ces bureaux sont attribués à deux assistants parlementaires présumés impliqués, a indiqué le parquet.

Un porte-parole du Parlement européen a déclaré qu'il coopérait toujours avec de telles demandes. « Nous avons reçu une demande de coopération de la part des autorités belges pour aider l'enquête, que le Parlement honorera rapidement et pleinement ». L’institution a par ailleurs pris la décision de suspendre temporairement les accès de ses bâtiments de Strasbourg et Bruxelles aux représentants et lobbyistes de Huawei. Ce dernier compte neuf représentants accrédités, selon le registre de transparence de l'institution, et donc autorisés à rencontrer des eurodéputés, rapporte l’AFP. L’agence de presse a recueilli les commentaires de la société chinoise qui prend l’affaire très au sérieux et assure avoir une politique « zéro tolérance » envers la corruption.