Selon Hewlett-Packard, les serveurs en cours de développements basés sur l'architecture basse consommation ARM, seraient capables de réduire les besoins en énergie et en espace de 90% dans les entreprises exécutant certaines applications hébergées sur le web. Ces serveurs, construits autour d'un processeur 32 bits de Calxeda sous licence ARM, sont destinés aux géants de l'Internet comme Yahoo et Facebook, mais aussi à d'autres entreprises exécutant des applications cloud à grande échelle pour effectuer des tâches comme l'analyse de données, les services web et la diffusion de contenu online.
Les serveurs de HP intègrent 288 puces Calxeda ( sur base Cortex-A9) montées en racks serveurs 4U, soit 2 800 processeurs pour un rack complet, et partagent une alimentation, un système de refroidissement et la gestion de l'infrastructure. La suppression d'une part importante des câblages et des systèmes de commutation, présents dans les serveurs traditionnels, et l'utilisation de processeurs ARM basse consommation, permet, selon HP, de réduire à la fois la consommation et l'espace utile de façon spectaculaire. « Les premiers serveurs ARM seront livrés au cours du premier semestre 2012, » a déclaré Glenn Keels, directeur marketing de l'HyperScale Business Unit de HP. En précisant toutefois que ceux-ci seront réservés à des fins de test et d'évaluation seulement, et que HP n'avait pas, pour l'instant, programmé de date quant à leur mise éventuelle en production.
« Nous allons installer cette technologie sur site et permettre aux utilisateurs de tester le bon fonctionnement de leurs applications, » a déclaré le directeur marketing. Reste que HP franchit une étape majeure, puisque l'entreprise devient ainsi le premier constructeur important à annoncer un serveur à base d'ARM. L'enjeu est également important pour Calxeda, une start-up d'Austin, Texas, qui a mis au point sa technologie dans le plus grand secret et n'a même pas annoncé encore son premier produit.
Plusieurs architectures sont envisagées
D'ailleurs, « l'annonce faite par HP ne se limite pas à un nouveau serveur, » comme l'a précisé Glenn Keels. Le système Calxeda sera le premier d'une famille de serveurs très performant sur le plan énergétique. « Parallèlement au projet Calxeda, HP va continuer à développer d'autres serveurs Redstone en utilisant des puces basse énergie d'autres fondeurs, y compris les processeurs Atom d'Intel, » a indiqué le directeur marketing. « Il s'agit là beaucoup plus que d'un serveur, » a-t-il encore ajouté.
« Il s'agit d'une infrastructure, d'un programme d'habilitation auprès des clients. Il s'agit aussi de rassembler les partenaires de l'industrie derrière un projet visant à l'efficacité énergétique extrême. Tout cela va évoluer au cours des prochains trimestres et des années à venir. » Comme l'a déclaré Glenn Keels, « HP livrera pour tests son premier système ARM à 30 ou 40 de ses plus gros clients seulement. » Les autres clients auront accès aux laboratoires de HP aux États-Unis, en Chine et en France pour y tester leurs applications et voir si elles tournent correctement sur ce nouveau matériel.
Des puces ARM 32-bit à à 1,4 GHz
La plate-forme Redstone se compose d'un châssis rack serveur 4U (7 pouces). A l'intérieur, HP a mis 72 petites cartes serveur, intégrant chacune quatre processeurs Calxeda, 4 Go de RAM et 4 Mo de cache L2. Chaque processeur, basé sur l'architecture ARM Cortex-A9, tourne à 1,4 GHz et dispose d'un switch crossbar de 80 gigabits pour les échanges. Si les clients souhaitent plus de capacité de stockage que de puissance de calcul, les cartes serveur peuvent être remplacées par des disques durs de 2,5 pouces ou des SSD. Selon Glenn Keels, « un demi-rack de serveurs Calxeda permet d'abattre autant de travail que 10 racks équipés de serveurs x86, pour l'exécution de certaines applications, comme Hadoop ou Apache Web Server. » Avec un autre avantage, « les serveurs Calxeda ne nécessitent que 9 kilowatts, soit 10 fois moins d'énergie que les serveurs x86. »
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Hewlett-Packard n'est pas le seul à travailler sur des serveurs adaptés aux environnements à très grande échelle. SeaMicro propose un serveur 10U du nom de SM10000. Celui-ci intègre 512 coeurs Intel Atom et utilise le même principe d'infrastructure partagée que le Redstone de HP. Dell construit des serveurs destinés à de gros clients et intégrants divers types de processeurs basse énergie. L'entreprise expérimente aussi des serveurs intégrant des puces ARM.
Les serveurs à base de processeurs ARM posent aujourd'hui plusieurs défis. Tout d'abord, il n'existe pas actuellement de processeur ARM 64-bit, ce qui limite la quantité de mémoire disponible que les serveurs d'HP peuvent utiliser, et par conséquent le type d'applications et de VM qu'ils seront en mesure d'exécuter. ARM vient d'annoncer son premier processeur 64-bit, mais celui-ci ne sera pas prêt avant 2014. L'usage de processeurs 32-bit réduit aussi le choix dans le logiciel serveur, dans une offre déjà relativement maigre.
« Il y a une version Fedora Linux de Red Hat pour processeurs ARM 32-bit, » a indiqué Glenn Keels, et « Canonical a annoncé une version 32-bit d'Ubuntu pour ARM, » a-t-il annoncé. Ces limitations permettent de dire que, pour la plupart des clients, les serveurs x86 traditionnels occuperont pour quelque temps encore une place dominante. « Nous n'allons pas du tout réduire nos environnements traditionnels x86. Ils vont continuer à être les bêtes de somme de nos centres de calcul. Au moins pour le reste de la décennie, » a déclaré Glenn Keels.