Après SAP face à ses utilisateurs réunis dans l'USF, HP fait face à l'eCume, le club des utilisateurs des solutions Mercury que le constructeur a rachetées. Les clients ont peu apprécié de voir leur maintenance évolutive, déjà chère, amputée d'une série de nouvelles fonctionnalités disponibles uniquement dans une version plus onéreuse. Pour HP, cette version plus onéreuse constitue une nouvelle offre et ne remet donc pas en cause l'ampleur de la maintenance évolutive.
Le produit Test Director de Mercury est devenu Quality Center en étant racheté par HP. Ce logiciel permet de gérer les plans de tests et de piloter des outils d'exécution comme par exemple Quick Test Pro. Quality Center, en version 9, était vendu en version Entreprise avec une maintenance évolutive permettant d'obtenir toutes les évolutions du produit.
Une augmentation tarifaire déguisée
Or, en passant en version 10, Quality Center a été séparé en deux offres : Entreprise et Premier. Cette dernière est bien sûr plus chère et est destinée à s'intégrer à une suite intégrée et modulaire gérant l'ensemble du cycle de vie du logiciel, Application Lifecycle management (ALM), qui intègre notamment Quick Test Pro. « Mais la version Premier possède une série de fonctionnalités permettant de gagner beaucoup de temps dans l'administration des tests, de définir des modèles réutilisables de plans de tests, etc. », pointe Eric Riou du Cosquer, président d'eCume. Pour le club des utilisateurs, le contrat Entreprise aurait dû leur donner accès à toutes les nouvelles fonctionnalités. La séparation en deux offres est donc contestée, « même si rien n'oblige à prendre, du moins pour l'instant, la version Premier », comme le reconnaît Eric Riou du Cosquer.
Bruno Buffenoir, directeur de HP Software France, conteste bien sûr cette vision : « La maintenance évolutive n'inclut pas toutes les évolutions, et notamment pas les nouveaux modules destinés à couvrir des besoins en dehors du périmètre initial du produit. Nous avons d'ailleurs développé une offre modulaire à la demande de nos clients. En effet, la logique de l'offre Premier est celle d'une automatisation, d'une centralisation et d'une industrialisation qui ne correspondent pas aux pratiques de certains clients qui n'utilisent pas les fonctions avancées et les processus induits. C'est pourquoi nous la distinguons de l'offre Entreprise. » Mais cela n'empêche pas que certaines nouvelles fonctions seront disponibles dans les deux offres, Premier et Entreprise. « HP Sprinter, qui intéresse l'exécution des tests manuels, va ainsi sortir le 18 mars 2011 et sera disponible autant pour les clients Entreprise que Premier », précise Jean-Baptiste Preziosi, solution leader application chez HP Software France.[[page]]Eric Riou du Cosquer expose la crainte qui a déclenché la grogne : « Les évolutions les plus intéressantes pourraient basculer sur la seule version Premier, ce qui correspondrait de fait à une augmentation de prix déguisée ». Ce que consteste Bruno Buffenoir : « Historiquement, HP a toujours pris en compte les évolutions demandées par les clients et les deux déclinaisons de l'offre Quality Center ont chacune leur logique, ce qui implique que les roadmaps ne vont pas s'appauvrir l'une l'autre ».
Un budget considérable
Comme pour tous les éditeurs de logiciels, la politique tarifaire de HP est assez opaque, les remises individualisées pouvant être très importantes. Selon l'eCume, des tarifs publics diffusés il y a plusieurs mois mentionnent, pour la version Entreprise, 49 000 euros pour 5 utilisateurs simultanés, puis 6 600 euros par utilisateur simultané supplémentaire. La version Premier est affichée à 61 000 euros pour 5 utilisateurs simultanés (+25%) et 8 900 euros (+35%) par utilisateur simultané supplémentaire. Dans les deux cas, la maintenance annuelle coûte 23% de la licence initiale et intègre la maintenance évolutive. Les grandes entreprises utilisent le plus souvent des centaines de licences d'accès simultanées, et cela peut atteindre le millier comme chez France Télécom. Les budgets induits sont donc rapidement considérables.
« Nous avons baissé les tarifs depuis le rachat des solutions par HP afin de mieux coller aux demandes du marché qui attend un large déploiement de ce produit au sein de chaque organisation cliente » précise Bruno Buffenoir. HP revendique 55 à 60% de part de marché en France. La part de marché se maintiendrait, avec en prime quelques beaux contrats signés récemment, même si les mises en oeuvre sont très variées selon les entreprises, en fonction des bonnes pratiques appliquées ou non.
Un litige qui explose un an après le lancement
Les offres Quality Center ont été présentées aux clients de HP en octobre 2009. Le réveil brutal des utilisateurs peut donc surprendre. « Nous avons continué de travailler avec nos clients sur les évolutions des offres, notamment autour d'ALM, et cela a réveillé l'intérêt des clients autour de ces produits, ce qui est très positif pour nous », estime Bruno Buffenoir.
Il prend la situation avec philosophie : « Si les utilisateurs ne comprennent pas , c'est que nos explications n'ont pas été assez claires. Mais, dans le monde, 200 grands clients sont passés en offre Premier, dont 15 en France, 3 faisant partie d'eCume. Suite au malentendu qui ne s'est produit qu'en France, nous allons retravailler le positionnement et la roadmap des produits, notamment avec le club eCume qui est destiné à porter les messages vers la communauté des utilisateurs. Revenir vers ses clients pour travailler ses offres ne fait jamais de mal. »
HP/Mercury vs eCume : l'association d'utilisateurs conteste toujours le prix du support
La nouvelle guerre de la maintenance, qui oppose HP et l'eCume, porte sur l'intégration de toutes les évolutions de Quality Center dans le contrat de maintenance évolutive sans augmentation de prix. HP s'y refuse.