L'heure des PC AI a-t-elle sonné ? Officiellement oui : le Gartner estime que d'ici fin 2026 la totalité des ordinateurs achetés par les entreprises le seront. Mais cet objectif ne pourra se faire que lorsque les constructeurs auront totalement rénové leurs gammes au point de ne plus proposer que ce type de modèles. Pour l'instant c'est encore loin d'être le cas, même pour un géant des PC comme HP dont la filiale française prévoit une montée en puissance progressive sur ce créneau. "Nous développons des produits et cela prend du temps", nous a expliqué David Gain, responsable de l'activité Business Personal Systems Category Team chez HP France. "Cela ne se fait pas du jour au lendemain et cela prendra au moins 3 ans."
Le constructeur de Palo Alto a toutefois commencé à développer sa gamme avec l'annonce, lors de son dernier événement Imagine, de ses premiers modèles de PC AI pour entreprises, avec le Elitebook X G1a reposant sur une puce x86 AMD Ryzen Pro et l'Elitebook Ultra équipé d'un processeur Qualcomm Snapdragon X Plus G1q8 et G1q (avec 8 ou 12 coeurs). Un dernier modèle qui devrait d'ailleurs servir de véritable test pour le fabricant qui a été pendant très longtemps un partenaire privilégié d'Intel. "Les entreprises ont l'habitude des architectures x86 et cela va dérouter beaucoup de DSI d'aller vers Qualcomm qui est très disruptif", nous a indiqué Charline Rousselet, chef de produits de la branche PC professionnels chez HP France. Et David Gain de compléter : "Qualcomm est un nouvel acteur depuis le printemps pour tous les constructeurs et on a travaillé sur des gammes qui existent et qui vont évoluer."
Le problème de la compatibilité logicielle des PC AI sous ARM surmonté
En se tournant vers des modèles de PC AI à base de puces Qualcomm, HP ne prend-t-il pas le risque de braquer une part de sa clientèle particulièrement soucieuse de sa compatibilité logicielle avec ses applications métiers ? Pour la filiale française du constructeur, la situation a évolué et dans le bon sens : "Qualcomm a retravaillé ces points et aujourd'hui la compatibilité est de 95 % avec les applications Office les plus utilisées dans le monde professionnel", fait savoir David Gain. "Il est toujours possible d'émuler dans une machine virtuelle les applications non compatibles." Une possibilité bienvenue qui laisse toutefois planer un doute légitime en termes de performances (accès, latence...) d'exécution.
Si la stratégie de HP - et de ses concurrents - est d'aller vers les PC AI, on peut s'interroger sur les véritables bénéfices de cette avancée pour les utilisateurs. Force est de constater qu'au début de l'histoire : "Avec le NPU, la répartition des taches se fait différemment qu'avec le seul duo GPU et CPU", indique Charline Rousselet. "On est au début des tâches traitées par l'IA, cela va aller crescendo comme les débuts d'Internet, avant de voir comment cela va impacter le business et permettre de personnaliser l'espace de travail." Un des vecteurs d'accélération du marché des PC AI, au-delà d'une attirance ou une curiosité de la part des entreprises, sera sans doute liée à l'obsolescence des systèmes sous Windows 10 dont la fin de vie est actée (sauf support payant additionnel) pour octobre 2025. Mais HP mise aussi sur l'apparition de fonctions innovantes permises par l'IA pour servir de point de bascule et convaincre les entreprises de sauter le pas. "Nous essayons d'avoir une réponse globale sur 3 axes avec AI Studio pour les workstations pour que les entreprises collaborent sur des projets IA, de mieux faire collaborer les gens à distance avec Poly et de se servir de l'IA pour réinventer le bureau de demain en s'adaptant à la façon de travailler de l'utilisateur, gagner en autonomie et réduire la latence de communication avec un serveur", explique David Gain.
Floutage zonal temps réel, amplification sonore et gestion dynamique des ressources
Les premiers exemples concrets de l'apport de l'IA sur les PC de HP se matérialisent par exemple sur les capacités de floutage de vidéo dans une session de visioconférence, avec la possibilité pour un utilisateur de sélectionner dans le fond d'écran telle ou telle partie de l'arrière-plan sur lequel il souhaite accentuer ou au contraire limiter le floutage. Les capacités de réduction des bruits ambiants et d'amplification audio pour entendre avec une qualité identique une personne qui parle à 5m de son micro comme si elle était à 50cm sont aussi mises en avant. Au-delà de ces "expériences vidéo et audio augmentées", le fournisseur mise aussi sur l'IA pour améliorer le traitement des tâches en fonction des moments de la journée et de chaque utilisateur. "L'IA prend en compte le contexte pour adapter en temps réel les ressources système et améliorer l'autonomie au fil de l'eau contrairement au réglages prédéfinis de Windows pour choisir entre performance et économie d'énergie par exemple", poursuit David Gain.
Mais quid du tarif de cette hausse globale des fonctions apportées par l'IA ? Sur ce terrain, HP France ne préfère pas s'avancer : "C'est un investissement qui doit améliorer la productivité des employés et nous n'avons pas de chiffre à donner sur ce que cela coûterait", avance David Gain. "Nous travaillons sur des calculateurs pour savoir ce que cela peut rapporter en fonction de l'investissement. Nous n'avons pas l'habitude de fixer nos prix par rapport aux autres mais de le faire en fonction de la valeur ajoutée que l'on apporte."