La PME Hesus, prestataire de gestion des déblais du BTP et le groupe Suez ont combiné plusieurs offres afin d’accompagner le redémarrage de chantiers après le déconfinement. Alors que la pandémie impose toujours d’importantes précautions, les deux partenaires jouent la digitalisation et la dématérialisation sur ces lieux de travail où le sans contact est difficile. Hesus et Suez proposent en particulier un dispositif connecté pour suivre les terres excavées vers leur retraitement ou leur réutilisation.
« Nous n’étions pas en première ligne pour proposer gel hydroalcoolique et masques, rappelle Emmanuel Cazeneuve, PDG et fondateur d’Hesus. Aussi, avons-nous décidé de proposer à nos clients des moyens de réduire l’impact du covid19 en les aidant à reprendre les chantiers le plus vite possible. Avec Suez, nous avons allié nos façons de travailler, nos expertises, pour ouvrir un guichet unique de solutions pour que les chantiers tournent en toute sécurité sanitaire et pour rassurer les collaborateurs. »
Un capteur par camion assure la traçabilité détaillée
La terre excavée sur les chantiers est évacuée pour être traitée en vue d’une possible réutilisation. Cette opération génère beaucoup de documentation qui reste très souvent sous forme papier. « Avant la crise, la quasi-totalité des chantiers fonctionnait encore avec du papier, insiste Emmanuel Cazeneuve. Or, les documents de gestion des déblais entraînent au moins 5 points de contact. Qui plus est, ils représentent des centaines de milliers de feuilles avec des forts risques de les égarer. » Pour limiter les contacts durant cette opération, Hesus a accéléré le développement de l’offre Ubysol sur laquelle il travaillait déjà avant le confinement.
La plateforme de traçabilité des terres de chantier Ubysol récolte les données des capteurs de chaque camion (Capture Hesus)
Les camions de transport des bennes de terre excavée sont équipés de capteurs Lora (réseau d’échange bas débit entre objets connectés). Chacun dispose d’un accéléromètre, d’un inclinomètre pour détecter chargements et déchargements, d’un détecteur de position qui relève l’emplacement de la benne à intervalles réguliers, d’un tag NFC et d’aimants pour se fixer au camion. La tablette utilisée pour Ubysol flashe le tag NFC pour associer le capteur à la plaque d’immatriculation du camion. Les informations de description de chaque chargement de terre sont relevées sur une app mobile sur la tablette et les mesures récoltées sont envoyées via le réseau Lora et la plateforme IoT Objenious de Bouygues Telecom (le dispositif a été co-développé avec Bouygues Travaux Publics.). « Toutes ces données sont récupérées et centralisées dans la plateforme cloud, précise Vincent Bignalet-Cazalet, directeur du développement de Hesus. Nos clients ont ainsi accès au suivi détaillé de chaque camion et à la traçabilité des terres. Le système peut s’interfacer avec d’autres solutions, sur demande, si besoin. » Les sites de travaux Suez sont déjà compatibles avec la solution. La plateforme est aussi reliée au système de traçabilité de la société du Grand Paris.
Favoriser le réemploi des terres
« L’économie circulaire est la chance de demain, estime Emmanuel Cazeneuve. Sans suivi ni traçabilité des déchets, on ne pourra pas réutiliser les terres déblayées. » Si les objectifs principaux d’Ubysol sont la sécurité sanitaire et la traçabilité, le système répond aussi à des ambitions en matière de développement durable. « L’accélération de la digitalisation donne au producteur du déchet, mais aussi à tous les acteurs de la chaîne de traitement de celui-ci, un accès à la traçabilité des terres pour leur réemploi, précise de son côté Noémie Flammarion, VP climate solutions de Suez. »
Désinfection des bases de vie et signature électronique
Les deux entreprises détaillent leur offre sur le mini-site dédié reprenonsleschantiers.fr. Suez y propose d’autres solutions qu’il a adaptées à la crise. Il a par exemple adapté Sanit’air, son dispositif de détection de virus sur les surfaces et dans l’air et de désinfection des bases de vie. Les nombreux clients qui utilisent déjà Ubysol, selon Suez et Hesus, réclament des systèmes semblables pour l’ensemble des activités sur leurs chantiers. Les deux partenaires étudient donc des évolutions de leur pack actuel. « Nous avons travaillé sur la dématérialisation des bordereaux de transport et de suivi de déchets, précise Noémie Flammarion. Le document est envoyé automatiquement par mail au transporteur et à la filière de transport choisie. » Autre sujet envisagé, un usage plus important de la signature électronique : sur les terres polluées, la réglementation impose une signature sur les documents associés aux déchets dangereux. Enfin, des relevés de réserve (défauts, malfaçons, etc.) réalisés par voie digitale permettraient adapter une autre opération à des modalités sans contact.
Pour Suez et Hesus, la crise du covid-19 a donné un coup d’accélérateur à la digitalisation des chantiers qui étaient proche de zéro. Selon eux, si cette dernière a permis des retours sur site en toute sécurité, elle améliore aussi l’efficacité des chantiers et dope les objectifs de développement durable.