LMI. Comment avez-vous vécu, avec le recul, votre nomination en tant que président de l'Adira en juin 2017 ?
Henri Linière. Pour moi, cela a été dans la continuité de mes trois mandatures en tant que membre du conseil d'administration de l'Adira que j'ai rejoint depuis près de 20 ans. Je ne considère pas ce mandat en tant que président comme une révolution mais une évolution naturelle, et prendre le lead de l'Adira, véritable institution locale, a été une fierté. Mais j'exerce mon travail avec humilité aussi car il y a encore beaucoup de choses à faire. Ces deux, trois dernières années on a fait le constat qu'il fallait avoir une cible plus large que les décideurs informatiques. Et que l'on devait intensifier le virage digital pour avoir une présence et toucher des générations plus jeunes ce que l'on a fait avec une présence sur les réseaux sociaux et les médias.
Quel premier bilan faites-vous de votre action ?
Henri Linière. Le bilan est satisfaisant. On veut toujours aller plus vite, on s'est renforcé au sein des permanents avec un community manager qui travaille sur les réseaux sociaux et Linkedin qui permet d'avoir un suivi mensuel de l'activité qui est en volume croissant très important. On a lancé un nouveau site web il y a quelques semaines, complètement refondu et nous avons travaillé sur trois projets. Le lancement d'un CRM pour mieux connaitre les adhérents dont le déploiement sera fini au 2e trimestre 2020, l'élection d'un shadow CA [Conseil d'Administration, NDLR] dans lequel participent des jeunes hommes et femmes de moins de 30 ans pour nous donner un oeil neuf, et un challenge pour élire par le vote des internautes le projet de l'année parmi 12 éligibles.
Mary-José Sylvain. L'année dernière c'est le projet de mobilité Shipotsu pour remplacer les conciergeries dans les gares et aéroports qui a été récompensé. Cette année parmi les 12 éligibles au Challenge InnovAdira, cela va de projets artistiques, défense de la propriété intellectuelle à l'IoT...
L'Adira fête cette année ses 50 ans. Comment votre association s'organise pour répondre aux derniers enjeux et besoins des entreprises ?
Mary-José Sylvain. Nous appliquons des synergies agiles dans les groupes de travail pour définir le calendrier de l'année. L'Adira a résisté aux changements au fil du temps et des 13 présidents. L'année prochaine un déménagement dans de nouveaux locaux devenus un peu excentrés est prévu pour revenir en agglomération lyonnaise, plus facile d'accès. Une somme de changements est nécessaire pour que l'association se transforme et poursuit son accélération. En 2020 nous aurons deux initiatives, un projet de Campus Adira 2020 pour mobiliser une douzaine d'écoles portées par le shadow CA, en relation étroite avec les entreprises, et un autre celui du groupe des femmes de l'IT pilotée par Annie Steinmetz [responsable de l'offre de services DSI chez AG2R La Mondiale, NDLR] également membre actif du Cigref et veut bien être un relais gouvernemental. Au sein de l'Adira, il y a 18 groupes actifs, techniques comme l'association a toujours su les animer, mais depuis 3/4 ans on a réorienté les groupes vers les métiers, les achats IT, le capital humain, le digital marketing... C'est intéressant d'avoir leur regard sur le SI. Un nouveau groupe devrait émerger pour 2020 par rapport aux attentes des CDO (chief digital officer) pour répondre à la demande.
A quels objectifs doit répondre l'Adira ?
Henri Linière. On veut que l'Adira reste dans ses valeurs historiques, de marier les sujets techniques, SI, digital et garder une capacité de réflexion au-delà de l'IT. On a toujours eu des philosophes, des ethnologues comme Michel Serres, Luc Ferry, pour donner une capacité de réflexion et de networking que l'on a souhaité préserver, avec une inflexion digitale plus jeune. Un point, un regret, est d'être confronté à des problèmes de recrutements. Beaucoup de femmes sortent de Terminale S, la moitié, mais on en retrouve que 10-12% dans l'IT. Il y a un travail d'attraction et de faire savoir auprès des instances de décideurs et sur cet aspect là on a plus d'ambition, l'Adira à un rôle pour apporter de la valeur à notre métier. Elle ne se restreint pas à du développement en start-ups avec les groupes petits, moyens ou grands, on doit les aider à être attractifs et à recruter. On réfléchit aussi à l'empreinte géographique. On est très présent dans les départements historiques avec une présence dynamique à Grenoble, on essaie de la développer vers Clermont-Ferrand dans la région Auvergne via plusieurs opérations avec Michelin.
Mary-José Sylvain. Il faudrait que l'on ait des contacts réguliers avec les autres clubs professionnels IT et digitaux en France comme le Gun à Lille, ADN Ouest à Nantes... Avec toutes ces associations, dans toutes les régions de façon régulière par exemple à l'occasion de FED [France Entreprise Digital, le Grand Prix de l'Entreprise Numérique du Monde Informatique auquel participe notamment l'Adira, NDLR] ou d'une autre opportunité que l'on créerait pour mieux se connaitre, partager des initiatives... Une sorte de fédération, virtuelle dans un premier temps, avant de prendre réalité. Nous sommes dans un esprit de nouer une relation, pas en conquérant, mais en s’inspirant de ce que les autres clubs font bien et les aider à mieux faire ce que l'on sait bien faire.
Le 2 décembre 2019 l'Adira fête ses 50 ans : à quoi faut-il s'attendre comme événement ?
Henri Linière. On va faire un événement marquant, professionnel, à l'image de ce qu'est l'Adira en mariant des valeurs, l'histoire, le présent, le futur. Ne pas oublier l'humain en invitant des entrepreneurs comme Jean-Michel Aulas, et Jean-Michel Berard, continuer à véhiculer ces valeurs, les formaliser par un film, un livre enrichi. Prendre un peu de recul et partager des valeurs, avoir une vision assez féminine avec la présidente de HP France Pascale Dumas, Laurence Lacombe DSI de LDLC... Cela permet d'avoir un éclairage complémentaire et enrichissant. Karim Benchenane, directeur adjoint d'unité de recherche au CNRS interviendra lui sur la manipulation du cerveau, cela donnera à réfléchir sur le sens que l'on donne aux choses. Les 50 ans de l'Adira sont construits sur le digital, l'humain, le sens de l'entrepreneuriat, la bonne humeur, l'optimisme le challenge InnovAdira... Nous croyons dans le progrès et la jeunesse pour inverser ce climat morose. Des tables rondes seront menées par un journaliste professionnel sur un rythme très dynamique, on aura des destins croisés ensuite un débat sur le double défi des femmes et de l'humain dans le digital. On a prévu de caler tout cela sur deux heures, clôture par un verre. On a voulu cet événement dynamique, rythmé, pro, avec des vidéos.
Mary-José Sylvain. On attend près de 500 participants sur les 550 que compte l'Adira à fin 2019, à jour de cotisation. L'Adira aujourd'hui c'est 49% de prestataires, 51% d'entreprises utilisatrices. C'est très important pour nous de conserver cet équilibre entre les deux collèges pour faire de la veille, partager avec d'autres les problèmes rencontrés.
Comment doit évoluer l'Adira et plus globalement la région lyonnaise pour attirer les entreprises ?
Henri Linière. L'Adira doit promouvoir l'attractivité de plus en plus de sociétés qui mettent leur IT au service de l'humain. Nous avons la chance d'être, à Lyon, à un carrefour de l'Europe, un centre du monde entre l'Asie et l'Amérique avec un entrepreneuriat local fort. C'est aussi un terrain d’atterrissage, un cadre de vie pour attirer du monde. Nous voulons continuer à faire notre chemin pour apporter de la valeur autour de la data. Il faut qu'on évolue autour de la 5G qui va apporter un grand nombre de choses. Mais il ne fait pas s'écarter des valeurs et anticiper à faire de la réalité augmentée un terrain de jeu pour les sociétés IT.
Mary-José Sylvain. La région a toutes les grandes écoles, Normal Sup, Les Mines, Centrale... Il faut attirer les talents et les garder. Quant ils sont à Lyon, ils sont ensuite souvent happés en Ile-de-France ou à l'étranger. Lyon est souvent une étape dans la carrière, on voudrait qu'ils y restent plus longtemps. On fait beaucoup d'échange avec la CCI qui a une structure contribuant à attirer les sociétés en neurosciences et IA, Amazon qui a créé un siège à Lyon et membre de l'Adira... On va accélérer à Grenoble, en Auvergne. Nous étions avant l'Association pour le développement de l'informatique en Rhône-Alpes, nous sommes désormais l'association pour le digital en région Auvergne-Rhône-Alpes mais nous n'avons pas changé de nom. A l'image de notre logo, nous sommes ancrés dans plus de modernité mais toujours vert, écolo avant l'heure et symbole d'espoir pour un monde meilleur grâce au bon usage des technologies de l'information.