L’aventure Primary Data semble se poursuivre mais sous un autre nom et avec une équipe resserrée autour de David Flynn. Toujours installée à Los Altos, la start-up Hammerspace, qui a été fondée en 2018, se concentre sur l'utilisation des metadonnées pour gérer les données non structurées (fichier/objet), qui constituent la majorité des données d'entreprise et qui augmentent de 30% d'année en année. « Les metadata contrôlent les types de stockage dans les entreprises en construisant un catalogue », nous a expliqué David Flynn, CEO et cofondateur de Hammerspace. « Nous travaillons avec le stockage existant pour assurer un pont vers les plate-formes cloud grâce à une indexation des metadonnées ».
Les silos limitent la capacité à créer de la valeur à partir des données. Les utilisateurs ont du mal à accéder à celles dont ils ont besoin, et c'est pourquoi les services informatiques réagissent en copiant les données. Malheureusement, cette approche entraine une augmentation des ressources de stockage, ce qui augmente les coûts et les risques. À mesure que les entreprises adoptent une stratégie de cloud hybride, ce problème devient plus aigu et plus difficile à résoudre.
Approche forcément multicloud
Hammerspace vient donc assurer le transfert des données d’un cloud à l’autre sans interruption des accès. L’idée, c’est que les utilisateurs ne voient pas de différence entre les différents types de stockage. Quand l'informatique tente de gérer des données hybrides via des technologies de stockage traditionnelles - une stratégie poussée par un certain nombre de fournisseurs - elle finit par créer davantage de silos de données, tout en introduisant des goulets d'étranglement qui continuent à restreindre l’exploitation des données. Les entreprises ont en effet du mal à gérer et à créer de la valeur à partir des données non structurées qui sont utilisées pour alimenter les charges de travail analytiques et d'IA.
On retrouve des technologies de Primary Data, comme DSX, dans la solution de Hammerspace. (crédit : D.R.)
Réexploitant une partie du code développé à l'origine pour Primary Data, la start-up virtualise les données, séparant les données des metadata tout en travaillant avec des protocoles standards comme NFS, SMB et S3. Une fois cette virtualisation faite, l'apprentissage machine optimise le flux de données à travers les clouds hybrides pour équilibrer les coûts et les performances. Hammerspace fournit un espace de noms global qui est disponible dans les environnements multi-cloud, donnant aux utilisateurs la possibilité d'exécuter leurs charges de travail n'importe où. « L’idée n’est toutefois pas d’être un NAS. Ce dernier est usé car il n’a pas évolué faute de compétition », rapporte le CEO.
Pas encore de clients
Les fonctionnalités de gestion des métadonnées de Hammerspace permettent une visibilité et une découverte globale des données, leur catalogage, une gestion des données hybrides en libre-service et une gouvernance des données au niveau fichier. La start-up permet aux équipes d'exploitation d'utiliser les métadonnées pour augmenter leur agilité, tout en réduisant les risques et les coûts pour l'informatique. Des tâches manuelles comme la copie, l'équilibrage de charge et la réallocation de ressources sont ainsi éliminés. Tout ceci est réalisé en utilisant l'infrastructure et l'architecture de stockage déjà en place grâce à la couche de virtualisation développée à l’origine par Primary Data. Rappelons que cette dernière avait réussi à lever près de 100 millions de dollars avant de fermer ses portes. « Nous créons une abstraction logicielle permettant d’exploiter les infrastructures existantes avec plus d’efficacité et un lien avec le cloud », assure le CEO de Hammerspace et ancien CTO de Primary Data. « Comme VMware avec les fournisseurs de serveurs, nous voulons aider les fournisseurs de stockage. Ils pourront même vendre plus de produits ».
Hammerspace n'a pas encore levé de fonds en capital-risque, mais David Flynn a encore une bonne réputation dans la Silicon Valley. Il a fondé Fusion-io et a réussi son introduction en bourse avant de céder la start-up à SanDisk pour un montant de 1,2 milliard de dollars. Si l’échec de Primary Data - une start-up au projet beaucoup trop ambitieux dans le stockage - est venu ternir son image, il a convaincu une partie de l’équipe à l’accompagner sur son dernier projet. On peut citer Douglas Fallstrom, vice-président en charge des produits et des opérations, Trond Myklebust, aujourd’hui CTO, et Brendan Wolfe, vice-président en charge du marketing produit. Une trentaine de personnes travaillent aujourd'hui pour la start-up qui ne cite pas encore de clients mais des partenariats avec AWS, Cloudian, MS Azure, NetApp, Red Hat et Western Digital.