La nouvelle était connue depuis un petit moment. Lors de la cérémonie des vœux 2022, Guillaume Poupard avait annoncé son départ de l’Anssi (agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). Il vient, en fin de semaine, de livrer son message d’au revoir sur Linkedin. Comme à son habitude, le propos est concis et direct, tout en enrobant ses phrases avec une pointe d’humour. En l’occurrence, il compare ses 8 ans et 9 mois passés à l’Anssi à un « ultra » (ultra trail, course d’endurance extrême).
Et c’est vrai qu’il a beaucoup œuvré et inlassablement pour faire reconnaître les sujets de cybersécurité auprès de plusieurs publics : les politiques, les administrations, les grandes entreprises, … Il a réussi aussi à fédérer la communauté cybersécurité (éditeurs, RSSI, SSII, auditeurs, …). Pourtant, ses débuts avaient été minés par son prédécesseur, Patrick Pailloux, en ordonnant aux RSSI de dire non (à l’époque au sujet du Byod). Guillaume Poupard avait été plus diplomatique en souhaitant qu’ils deviennent des partenaires de confiance au sein des entreprises.
Structurer le marché et fédérer l’écosystème
Au cours de son mandat, le directeur général de l’Anssi a structuré le marché de la cybersécurité en France. Il a été aidé par le cadre législatif comme par exemple la loi de programmation militaire, créant les OIV (opérateurs d’importance vitale) ou la directive européenne NIS avec les OSE (opérateurs de service essentiel) pour imposer un certain niveau de sécurité. L’agence a aussi élaboré plusieurs certifications, qualifications, référentiels pour encadrer le marché (partenaires, produits,…). Sur la partie cloud, elle a très tôt mis en place un label « SecNumCloud », qui fait aujourd’hui référence en plein débat sur la souveraineté des données et le cloud de confiance.
Guillaume Poupard a également été un facilitateur de poids dans plusieurs initiatives. Pour adresser les problèmes cyber des particuliers et des TPE-PME, il a milité pour la création de la plateforme cybermalveillance.gouv.fr, dirigée par Jérôme Notin. Elle vient récemment de souffler sa 5ème bougie. Comment ne pas évoquer par ailleurs, la création du Campus Cyber. C’est à la sortie d’un conseil de Défense, que le directeur général de l’Anssi et Claire Landais, alors secrétaire générale du Gouvernement, décide de monter une structure capable de fédérer cet écosystème. La suite est connue, une mission est confiée à Michel Van Den Berghe et aujourd’hui la cybersécurité française dispose d’un lieu vitrine dans le quartier de la Défense.
Guillaume Poupard s’en va donc vers de nouvelles aventures (inconnues pour l’instant) et il laisse derrière lui une agence qui a fortement grossi ces dernières années. La menace, elle, n’a pas faibli et les experts de l’Anssi sont régulièrement appelés à la rescousse pour aider les victimes. Comme récemment à l’hôpital de Corbeil-Essonnes ou dans les différents Conseils départementaux touchés. Une expertise reconnue au niveau européen et international. Il faudra attendre maintenant la nomination de son successeur, mais on sait déjà que le marche sera haute pour arriver au niveau de Guillaume Poupard.