Livrée cette semaine, la dernière version Entreprise de Chrome OS a été dotée de fonctions destinées à faire du système d'exploitation de Google une alternative crédible à Microsoft et à Windows en milieu de travail. Proposée sous forme d’abonnement au prix de 50 dollars HT, Chrome Enterprise est une évolution de Chromebooks for Work, une formule initiée en 2014. Comme celle-ci, elle vise les entreprises qui veulent gérer des périphériques Chrome OS, ordinateurs portables, ordinateurs desktop ou kiosques dédiés, ceux affectés aux employés comme ceux acceptés par les politiques BYOD, avec le minimum de contrôle.
Mais deux ajouts importants différencient le nouveau système par abonnement avec la solution Chromebooks for Work. En premier lieu, Chrome OS a été intégré à Microsoft Active Directory, standard d'authentification de fait de l’entreprise. Ensuite, Google a déjà amorcé son intégration avec les plates-formes EMM de gestion de la mobilité en entreprise via le portail Workspace ONE de VMware. Chrome Enterprise bénéficie aussi d'autres améliorations, probablement moins importantes pour les administrateurs IT, comme la gestion de Google Play (encore en bêta) et des imprimantes. Le mode d’abonnement, identique à celui adopté par Microsoft pour ses sous-systèmes Windows (les licences sont vendues par périphérique, et non par utilisateur), inclut également un support 24/7 et des mises à jour gérées.
Les Chromebooks utilisés pour des tâches très spécifiques
Chrome OS et les Chromebooks ont rencontré un franc un succès dans l'éducation, aux États-Unis en particulier, à la fois à cause du prix peu élevé de ces machines, mais aussi de leur mode d'administration simplifié. Avec Chrome Enterprise, Google affiche les mêmes ambitions dans les environnements de travail. « Le faible coût total de possession et les gains de productivité intéressent les entreprises », a affirmé cette semaine Rajen Sheth, directeur senior de la gestion de produit, lors d’un webinaire organisé par Google sur Chrome Enterprise. Mais pour Linn Huang, directeur de recherche chez IDC, la réponse n’est pas si évidente. « Ces avantages ne vont pas forcément de soi, et il faudra en faire la preuve », a-t-il déclaré dans une interview. Selon lui, le suivi régulier des livraisons de périphériques par IDC a montré que les Chromebooks utilisés en entreprise avaient été affectés à des tâches très spécifiques. « Nous commençons à voir une certaine attractivité dans des secteurs verticaux non éducatifs comme la vente au détail, l'entreposage et les services financiers », a déclaré Linn Huang,
Certes, le déploiement de Chromebooks/Chrome OS dans certaines entreprises - le directeur de la recherche n’a pas voulu les nommer – est spectaculaire. Mais pour Linn Huang, il est faux de supposer que ces machines ont remplacé des PC traditionnels (comprendre sous Windows). « C’est une erreur de croire que dans l'entreprise les Chromebooks viennent remplacer les PC des utilisateurs finaux », a-t-il déclaré. « On les trouve dans des secteurs verticaux spécifiques, mais pas comme alternative ». Les Chromebooks sont utilisés comme systèmes de points de vente, dans des kiosques, des entrepôts, des environnements où l’on trouve généralement des clients légers, ces appareils spécialement conçus pour se connecter à un serveur distant.
Le marché entreprise en ligne de mire
Le succès des Chromebooks dans des secteurs d’activité impliquant un partage de périphérique entre plusieurs personnes n'est pas surprenant, par exemple entre vendeurs sur un même point de vente, ou entre plusieurs étudiants dans l'éducation. Google a d’ailleurs adapté les licences de Chrome Enterprise à ce mode d’utilisation, les frais étant calculés par périphérique et non par utilisateur. L’impact de Chrome Enterprise sera peut-être visible un peu plus tard, ou au-delà. « S’émanciper de l'infrastructure dominante en entreprise, autrement dit de Windows, n’est pas la meilleure option pour les affaires », a encore déclaré Linn Huang. « Mais si un jour Chrome OS parvient à faire tomber le mur de l'entreprise, tous les pions de Google seront en place ».