Alors que Google et Microsoft ont mené une « guerre de tranchées » dans la recherche en ligne tout au long de l'année, chacun espère trouver l'innovation qui changera la donne en 2012. Si les analystes hésitent pour désigner celui qui a fait le meilleur score en 2011, la plupart s'accordent pour dire que l'activité de recherche est cruciale pour l'avenir de Microsoft et de Google. « Plus de concurrence entre ces géants de la technologie en 2012 est aussi une bonne nouvelle pour les utilisateurs, » selon les analystes, puisque cette lutte donnera probablement lieu à plus d'innovation et au développement de nouvelles fonctionnalités de recherche importantes. « Ni Google, ni Microsoft n'ont été capables de prendre l'avantage en 2011, si bien que leur lutte s'est transformée en guerre de tranchées, » a expliqué Dan Olds, analyste chez Gabriel Consulting Group. « Mais pour autant, la concurrence entre les deux leaders ne va pas être plus simple. Chaque rival va tenter de gagner du terrain. Cela risque d'être intéressant, » a t-il ajouté.
Les analystes sont d'accord aussi pour dire que les percées réalisées par Microsoft cette année sont liées à ses partenariats avec les leaders du réseau social, à savoir Facebook et Twitter. Pour Patrick Moorhead, analyste principal chez Moor Insights & Strategy, c'est grâce à ces accords que Bing a profité d'un léger avantage sur Google en 2011. « Je pense que cette année, Microsoft a gagné en terme de croissance globale et de mouvements stratégiques, » a estimé l'analyste. Pour lui, « Bing offre une meilleure intégration avec les médias sociaux, avec les terminaux iOS et la console de jeux Xbox/Kinect. Par contre, Microsoft a fait peu d'effort sur l'international dans le domaine de la recherche de données et de l'analyse. » Rob Enderle, analyste chez Enderle Group, a convenu que l'investissement marketing consacré à Bing a été payant pour Microsoft « Les fonctionnalités de Bing se sont affirmées comme une alternative plus agréable, plus intéressante à Google Search, » a déclaré l'analyste.
Des positions presque figées : 65 % Google contre 30 % pour Bing
Au final, Bing a bénéficié d'un certain élan. Par exemple, le moteur de recherche de Microsoft a récolté quelques parts de marché suite au partenariat signé avec Yahoo en juillet 2009. Et l'entreprise de Redmont a vu l'avenir de Bing de manière encore plus positive en juillet 2011, quand, pour la première fois depuis deux ans, la part de marché de Google Search est tombée en dessous des 65%. Pendant cette période, la part de marché de Bing a presque doublé. Mais la part de Google est à nouveau passée au-dessus des 65% cet automne. La bataille des deux challengers reste donc nourrie et soutenue. « Google semble capitaliser sur sa notoriété et n'a pas de problème à maintenir sa part de marché, » a déclaré Dan Olds. « Au début de l'année 2011, Google détenait 66% de la recherche en ligne aux États-Unis, contre 30% environ pour Bing. En octobre, le rapport de force n'a quasiment pas changé, Google détenant les deux tiers du secteur de la recherche et Bing 30%. « Dans l'intervalle, Google n'est pas parvenu à passer des accords de partenariat avec les leaders des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, et cela pourrait finir par jouer dans la balance, » estiment les analystes. Google a mis à profit son réseau social Google+, lancé l'été dernier, en l'intégrant avec son moteur de recherche, mais la base d'utilisateurs de Google+ reste bien en deçà des 800 millions de membres de Facebook, ce qui représente un certain handicap pour la recherche sociale de Google.
Pour Patrick Moorhead, en 2012, « année de l'intégration mobile » selon lui, les deux rivaux doivent se concentrer sur le marché mobile. La recherche va tenter de s'insinuer dans toutes les apps pour smartphone, d'une façon ou d'une autre. Cela comprend des recherches sur les vidéos, les photos et même les sons. Les plus grandes percées se produiront sans doute dans le domaine de la recherche d'images, qui vont favoriser le shopping, le développement de services géolocalisés, et même les critiques gastronomiques. » L'analyste reconnait aussi que les deux géants de la recherche doivent se concentrer sur l'amélioration de l'intégration avec les réseaux sociaux, en proposant par exemple du shopping localisé et des promotions quotidiennes.
Dan Olds fait également remarquer que la situation précaire du pionnier de l'Internet et un temps leader de la recherche - Yahoo - crée une incertitude sur le secteur de la recherche pour l'an prochain. Depuis le licenciement du PDG Carol Bartz en septembre, certains analystes spéculent sur le fait que Microsoft pourrait à nouveau tenter de racheter l'entreprise californienne, mais à un prix très en deçà des 40 milliards de dollars et plus, offerts en 2008. « L'acquisition de Yahoo - ou même seulement une partie - pourrait être une aubaine pour Microsoft dans la bataille qui l'oppose à Google, » ont-ils ajouté.