Les défis liés à la préservation des ressources en eau ne cessent de s'accentuer. Alors que la sécheresse menace de nombreux départements français, adapter les territoires à cette nouvelle donne devient urgent. Convaincu que les technologies peuvent contribuer à la transition, le groupe Saur a souhaité favoriser et accélérer la conception de solutions innovantes en imaginant son Aquaverse. Ce dispositif, entièrement destiné à la co-construction de solutions, a pour but de réunir les différents acteurs concernés dans un lieu pensé pour l'open innovation. Saur mise notamment sur l'exploitation des données pour bâtir avec ses clients des solutions adaptées à leurs différentes problématiques.
« Les problèmes de l'eau impliquent fondamentalement de multiples acteurs », indique Florian Sicourmat Ethève, responsable de l'Aquaverse. En outre, « il ne s'agit généralement pas de sujets purement techniques. » Réunir autour de la table les bons acteurs afin de lancer des démarches innovantes est l'un des rôles de cet espace d'un nouveau genre, « ni showroom, ni think tank, mais do tank », selon l'expression d'Alice Guehennec, directrice des systèmes d'information et du digital de Saur. L'espace accueille ainsi les experts du groupe, ses clients, collectivités comme industriels, ainsi que son écosystème de partenaires, allant des start-ups aux organismes d'État, pour des ateliers de co-conception prévus sur des demi-journées.
L'Aquaverse s'appuie sur une méthode en trois phases, partant des enjeux d'un client pour parvenir progressivement à un plan d'action élaboré de façon collective.
L'idée d'un tel environnement est née fin 2020, dans la continuité de la transformation digitale menée par le groupe autour de sa mission de défense de l'eau. « La spécificité de l'Aquaverse est sa posture très orientée client », estime Alice Guehennec. « Nous partons de leurs enjeux, de leurs besoins, et les solutions viennent dans un second temps. » Pour les équipes internes, cette démarche représente un changement important, car elles doivent s'approprier les solutions afin de les adapter aux enjeux locaux des clients. Pour nourrir la réflexion collective, l'Aquaverse a mis au point une méthodologie en trois phases : d'abord une analyse des spécificités et des enjeux du client, alimentée en amont par un important travail de collecte de données ; puis une présentation de différentes solutions, qui peuvent être issues des expertises du groupe, mais aussi de ses différents partenaires. Enfin, les ateliers s'achèvent par l'établissement d'un plan d'action commun.
Anticiper les risques sur la ressource eau
Parmi les solutions digitales présentées à l'Aquaverse figurent, par exemple, celles d'ImaGeau, une filiale du groupe dirigée par Olivier Depraz. La société réunit à la fois des experts hydrologues et des développeurs afin de fournir des outils numériques pour suivre et piloter la disponibilité de la ressource en eau. « Notre objectif est de fournir aux collectivités des informations qui peuvent être difficiles à obtenir, pour surveiller l'état de leurs captages et anticiper les risques de panne ou de pénurie », indique Olivier Depraz. À travers sa plateforme EMI, l'entreprise combine et analyse les informations remontées par différents capteurs (piézomètres, limnimètres, stations météo), ainsi que des informations publiques en open data. « Des algorithmes prédictifs permettent de suivre la performance et de gérer l'entretien des captages, de façon à optimiser les investissements dans le temps », précise Olivier Depraz. La plateforme fournit à la fois des préconisations pour les techniciens et des restitutions d'aide à la décision pour les élus. Le même socle alimente d'ailleurs le site Info-sécheresse, destiné au grand public.
Un autre exemple de solution concerne un service de détection des fuites sur les 170 000 km de réseaux d'eau gérés par le groupe en France. En exploitant les données d'intervention de ses techniciens ainsi que d'autres informations sur l'âge, les matériaux utilisés et la date d'installation des canalisations, le groupe a développé des systèmes pour prédire les tronçons les plus susceptibles de connaître des fuites, afin d'optimiser les investissements pour le renouvellement des réseaux.
Prendre en compte l'ensemble des enjeux d'un territoire
Ouvert début 2023, l'Aquaverse a déjà accueilli deux clients et près de 500 visiteurs fin mars. Selon Alice Guehennec, l'espace a vocation à recevoir aussi bien des visiteurs français que venant de l'international. Il sert également à héberger des événements internes et d'autres destinés à l'écosystème. « Pour le groupe, c'est une démarche gagnant-gagnant », ajoute Florian Sicourmat Ethève. « Notre méthode vise à nous adapter aux enjeux des territoires de demain, qui vont parfois au-delà de nos métiers de l'eau. Par exemple, des sujets comme l'organisation des Jeux olympiques ou la préservation des forêts ne semblent pas liés à l'eau au départ, alors qu'en réalité ils ont des impacts et implications sur la gestion de cette ressource dans les territoires. Prendre le temps de se parler, poser les bonnes questions et structurer la réflexion nous permet d'apporter de meilleures réponses lors des appels d'offres. Nous pouvons trouver des quick wins et proposer aussi des actions de plus long terme. »