Gestion de carrières : les CIO doivent donner envie aux jeunes
L'intérêt des jeunes baisse pour l'informatique, tandis que les experts vont partir à la retraite. La modernisation des systèmes d'information des entreprises est donc menacée, prévient Forrester Research. Face à cette situation, c'est aux directeurs des systèmes d'information de s'impliquer pour donner envie aux jeunes de faire carrière dans l'informatique. Telle est l'une des conclusions du cabinet qui a interrogé 55 experts américains de l'informatique sur ce sujet. La question portait sur l'avenir des carrières dans l'informatique d'entreprise, dans un contexte d'externalisation, d'offshoring et de réductions d'effectifs.
Cette étude rappelle que le nombre d'étudiants en informatique baisse aux Etats-Unis, alors même que la fonction informatique se diversifie. Les CIO (chief informatique office, directeurs de systèmes d'information) interrogés soulignent que celle-ci est moins focalisée sur les technologies et plus orientée business aujourd'hui. Elle tend davantage à accompagner et à épouser des besoins métiers qu'à appréhender des problématiques uniquement techniques. Cette évolution contribue à diversifier les possibilités de carrières pour les informaticiens au sein de l'entreprise en créant par exemple des passerelles entre différents services. Globalement, les carrières informatiques sont moins linéaires que dans le passé. Les fonctions informatiques laissent par ailleurs beaucoup plus de place à la créativité et à l'apport de contributions personnelles qu'auparavant, estiment les CIO interrogés. Cette diversité demeure toutefois peu connue, reconnaissent-ils également. Dans le même temps, ces DSI admettent qu'ils ne font pas d'efforts particuliers pour que cela change.
Face à ce constat, il est donc temps de se réveiller pour sauvegarder la fonction informatique. Les CIO doivent pousser leurs employeurs à investir à la source, c'est-à -dire dans le recrutement des jeunes et dans la formation. Ils doivent par exemple intégrer le développement de compétences à long terme dans leur stratégie. Celui-ci était considéré comme « peu glamour » dans un contexte de pression sur les coûts, mais il est pourtant indispensable pour préparer l'avenir de l'informatique d'entreprise. Il faudrait également prévoir que les jeunes recrues puissent « tourner » sur plusieurs postes au sein du service informatique mais aussi dans d'autres départements. Ces mouvements permettraient aux personnes concernées d'avoir une large vision des technologies - ce qui est essentiel pour adresser des problématiques multiplateformes actuelles - ainsi que de comprendre les besoins métier. Les CIO devraient enfin s'attacher à embaucher et à développer les compétences relationnelles de leurs équipes et à ne pas se focaliser uniquement sur des profils techniques.
L'ensemble de ces mesures de gestion de carrières ne seront pas suffisantes si les entreprises n'agissent pas en partenariat avec les écoles et les universités en vue de préparer les compétences de demain. Tout cela doit aussi s'accompagner d'un changement de discours sur la fonction informatique. Les CIO devraient s'attacher à véhiculer une image plus attractive de leur métier, via tous les canaux possibles. Un vaste programme dans lequel deux cultures doivent fusionner, à l'image de ce qu'est aujourd'hui l'informatique d'entreprise : les communicants et les techniciens.
Cette problématique est valable aussi de l'autre côte de l'atlantique. En France, c'est dans le même esprit de promotion du secteur IT et face à la méconnaissance - et parfois la mauvaise image - des métiers du service informatique chez les jeunes que le Syntec vient de créer l'association Pascaline, qui réunit les sociétés du marché et les grandes écoles.