Malmené en bourse depuis des mois - l'action ayant perdu 2/3 de sa valeur en moins de deux ans -, General Electric s'est lancé sous la pression des actionnaires dans un vaste projet de restructuration. Il faut dire que le conglomérat américain de l'industrie et des services énergétiques fait face à une féroce concurrence dont les impacts en France sont sérieux. A tel point de poser d'ailleurs de sérieuses questions sur le devenir des 16 000 salariés du groupe qui avait mis la main, en 2017 avec l'Etat français en tant que premier actionnaire, sur Alstom.
Parmi les leviers d'économies trouvées par les dirigeants du groupe, celui de réorganiser en profondeur ses activités numériques a été décidé. Après le départ en février dernier du directeur de la transformation numérique de General Electric, Ganesh Bell pour prendre le poste de CEO du spécialiste IoT Uptake Technologies, c'est au tour d'un autre ponte du géant américain de partir. En l'occurrence, il s'agit de Bill Ruh, CEO de GE Digital qui regroupe l'ensemble des activités numériques de la société. Cette activité avait été créée en 2015 par l'ancien président exécutif de GE, Jeff Immelt.
Le dernier rapport Forrester des plateformes logicielles IoT industrielles sur le 3e trimestre 2018 place GE Predix dans la catégorie des « fortes performances ». (crédit : Forrester)
Délestage de l'activité logicielle field management ServiceMax à Silver Lake Partners
Ce départ s'accompagne d'une restructuration qui passe par la revente d'une part majoritaire de son activité logicielle en gestion des interventions (field management) ServiceMax, au fonds Silver Lake Partners. La transaction de cette opération devrait intervenir début 2019. Cette cession intervient après plusieurs essais - infructueux - de General Electric de trouver un acheteur pour l'ensemble de sa division digitale. Dans le cadre de cet accord, GE ne conservera plus que 10% du capital de ServiceMax qu'il avait rachetée il y a deux ans pour 915 millions de dollars. En parallèle de ce délestage, le conglomérat annonce la création d'une société indépendante (spin-off) dont l'activité va être entièrement consacrée à l'Internet des objets. Elle regroupera plusieurs actifs de GE Digital dont la plateforme IoT Predix couplée aux solutions d'automatisation, MES et de pilotage de performance. Les revenus annuels de cette activité sont estimés à 1,2 milliard de dollars par GE.
La création d'une entité IoT pourrait cependant apparaitre salutaire pour le groupe, qui aura tout de même fort à faire pour se tailler une place sur un marché très concurrentiel où IBM, Microsoft Azure, PTC et SAP entre autres, sont déjà bien implantés. Dans un récent rapport Forrester des plateformes logicielles IoT industrielles sur le 3e trimestre 2018, GE Predix est classé dans la catégorie des solutions à forte présence, au coude à coude avec Oracle et Siemens mais derrière. Aura-t-il les reins assez solides pour passer de la catégorie des proies - par exemple d'un AWS - ou bien des prédateurs ? Rien n'est moins sûr.