Gemplus fusionne avec Axalto
Gemplus et Axalto ont annoncé ce matin leur intention de fusionner pour donner naissance au premier constructeur mondial de cartes à puces. L'ensemble qui devrait réaliser un CA de 1,8 MdE en 2005 emploiera à terme 11000 salariés.
L'éternelle guéguerre que se livraient Gemplus et Axalto, pour la suprématie sur le marché des cartes à puce s'est conclue par une armistice, ce matin, avec l'annonce de la fusion prochaine des deux groupes pour donner naissance à Gemalto, un nouveau géant qui contrôlera près de 55% du marché mondial des cartes SIM avec plus de 600 millions de cartes livrées sur un total estimé de 1,22 milliards de SIM pour 2005. La nouvelle entité sera aussi un poids lourd sur le marché des services financiers et sur celui des lecteurs. Elle ne devrait toutefois contrôler "que" 16% du marché des cartes de sécurité, un marché sur lequel elle entend se développer, si nécessaire par acquisition.
"Une fusion entre égaux"
Lors d'une conférence tenue ce matin à Paris, Alex Mandl, le patron de Gemplus et Olivier Piou, celui d'Axalto, ont détaillé les modalités et les raisons de ce rapprochement, qualifié par les deux sociétés de mariage entre égaux. Une fois les obstacles réglementaires levés, les deux principaux actionnaires de Gemplus, le très controversé fonds d'investissement texan TPG et la famille Quandt (notamment propriétaire de BMW), vont apporter leurs actions Gemplus à Axalto, qui a son tour lancera une OPE sur le solde des actions Gemplus. Axalto devrait proposer 2 de ses actions contre 25 actions Gemplus. Ce dernier versera en outre un dividende exceptionnel de 0,26 centimes d'euros à ses actionnaires, ce qui valorise en théorie l'action Gemplus à environ 2,09 E sur la base du dernier cours de l'action Axalto (NDLR : l'action Gemplus cotait hier 2,30 E). Pour Axalto, la fusion avec Gemplus devrait donc se faire à bon compte. D'ailleurs le cours de l'action du groupe progressait mercredi après-midi de 7% tandis que celle de Gemplus restait stable. Curieusement, les actionnaires de Gemplus détiendront pourtant 55,4% de la société fusionnée une fois l'opération achevée, si toutefois les autorités de la concurrence et la commission donnent leur feu vert à l'opération. Le groupe combiné devrait être présidé par Alex Mandl, mais dirigé par Olivier Piou, qui sera le nouveau CEO
En fait, certains analystes semblent interpréter la fusion comme une porte de sortie vers le haut de TPG, après les déconvenues des dernières années. Une hypothèse que confirmaient presque Olivier Piou et Alex Mandl ce matin, en indiquant que si la famille Quandt a lee désir d'investir à long terme dans la société, TPG est un fonds d'investissement et de ce fait a un horizon d'investissement nécessairement limité dans le temps. Un autre point à noter est qu'Alex Mandl, nommé Executive Chairman dans le cadre de la fusion ne devrait rester à ce poste que 18 mois. Mandl, qui fêtera son 62e anniversaire le 14 décembre prochain, pourrait alors quitter tout mandat exécutif au sein de la société.
Des économies, mais peu de suppressions d'emplois
Se voulant rassurants pour leurs équipes, les deux dirigeants ont insisté sur le fait que la fusion devrait se réaliser dans un contexte de forte croissance des deux sociétés et qu'elle ne devrait donc avoir que peu d'impact sur les effectifs. Olivier Piou a ainsi indiqué que les 85 ME d'économies annuelles attendus de la fusion proviendront pour l'essentiel de gains de productivité au sein de la chaîne logistique, des effets de volume sur les achats (la société combinée devrait produire chaque année environ 1 Milliard de cartes à microprocesseurs), mais aussi des gains sur les processus de production. Avec une croissance de plus de 40% des livraisons cette année, les usines des deux groupes tournent à plein et ont besoin de tout leur personnel. En fait, Piou mise sur des gains importants que pourraient générer les échanges de savoirs-faire en termes de fabrication des deux sociétés. Et d'expliquer qu'un centime gagné par carte produite suffit pour générer une économie annuelle de 10 ME.
Selon le futur CEO de Gemalto, il y a aura certainement des redondances de personnel, mais la croissance devrait permettre de réaffecter les équipes sans licenciements massifs. Les bureaux de Gemplus à Genève - qui hébergeaient notamment les grands dirigeants de Gemplus mais aussi des équipes en charge de la gestion des brevets dans le paradis fiscal suisse- seront rapatriés en France et leurs effectifs (une centaine d'employés) répartis entre le siège historique d'Axalto à Montrouge, près de Paris, et le siège historique de Gemplus à Gémenos, près d'Aubagne. En fait le principal service affecté par la fusion pourrait être l'informatique, que la fusion devrait soumettre à une intense pression.
Gemplus et Axalto, estiment que la fusion pourrait être achevée à l'horizon mi-2006 si les actionnaires donnent leur aval et si la commission ne s'y oppose pas pour des raisons de concurrence. En attendant, les deux sociétés restent officiellement concurrentes...