« Quel chemin parcouru en deux ans sur la clarification de la stratégie », a souligné ce matin Hervé Garnousset, directeur général de Fujitsu France, à l'occasion de l'événement annuel du groupe, à Paris. Il y a rappelé les trois axes de croissance du fournisseur japonais : l'infogérance, le cloud et les infrastructures dédiées (dont celles développées avec SAP). Il est vrai que le vaste portefeuille d'offres de Fujitsu s'étend très largement de l'infrastructure jusqu'aux services de proximité. Côté infrastructure, il va « du supercalculateur le plus puissant du monde, domaine dans lequel Fujitsu cherche à développer des applications en Europe, jusqu'aux clients légers, smartphones et tablettes », a pointé de son côté François Fleutiaux, senior vice-président du groupe pour l'Europe de l'Ouest, en indiquant notamment que le constructeur avait diffusé plus de 14 millions de terminaux de mobilité dans le monde (dont ses modèles étanches).
Entre ces deux extrêmes, « Fujitsu propose ses gammes de serveurs et de stockage et il occupe une position forte sur les services d'outsourcing », se situant respectivement à la 4e et 3e positions sur ces marchés au niveau mondial, a encore rappelé le vice-président Europe de l'Ouest. Il souligne que l'organisation choisie par Fujitsu concède un pouvoir local à ses entités géographiques tout en développant en parallèle des centres de services standardisés et globalisés. « Nous voulons être leader sur les solutions d'infrastructure », a indiqué le dirigeant en précisant qu'en France, l'objectif de croissance consistait à atteindre le plus vite les 300 M€ de chiffre d'affaires, résultat obtenu actuellement sur l'Espagne alors que l'Hexagone n'en est encore qu'à 200 M€ (au niveau mondial, Fujitsu réalise 55 milliards de dollars de chiffre d'affaires).
François Fleutiaux, senior vice-président pour l'Europe de l'Ouest de Fujitsu Technology Solutions.
Le cloud, 2e levier de croissance, sans dogmatisme
Dans les services, Fujitsu s'est construit une image dans le support aux utilisateurs. Dans ce domaine, il va accompagner Total sur toute la planète, en ayant jusqu'à 180 000 utilisateurs en cible, a indiqué ce matin Hervé Garnousset, le DG France, en citant aussi comme clients Air France et Legrand sur ce type de services. Sur le marché de l'outsourcing IT, stratégie mise en place il y a un an et demi, le dirigeant français énumère trois contrats gagnés avec Mercedes Benz, Soitec et Orangina Schweppes, venu témoigner sur la conférence. Racheté par le Japonais Santori il y a deux ans, le producteur de sodas opère actuellement sa migration dans le datacenter de Fujitsu situé en Allemagne.
« Notre deuxième levier de croissance, c'est le cloud », confirme Hervé Garnousset. La vision de Fujitsu en la matière : « ne pas être dogmatique », précise-t-il. « Le cloud est un ingrédient supplémentaire pour augmenter la performance du système d'information. Et dans l'outsourcing, nous avons une stratégie d'accompagnement de nos clients en mode cloud. »
Echapper à la menace du Patriot Act
Cette démarche se renforce avec la disponibilité d'une offre publique IaaS (infrastructure as a service), ouverte en France dès le 1er juillet. Fujitsu a investi 2,1 Md$ sur son backbone qui compte six datacenters dans le monde dont la plateforme installée en Allemagne. En tant que groupe japonais, Fujitsu permet aux clients français d'échapper à la menace que le Patriot Act fait peser sur les prestations fournies par des opérateurs de cloud d'origine américaine. Celle-ci peut amener le gouvernement US à se faire communiquer les données d'une entreprise dans le cadre d'une enquête sur des activités menaçant la sécurité des Etats-Unis.
« Certes, il y a en France des acteurs locaux, mais ils ne sont pas globaux », a complété la directrice marketing de Fujitsu France. Le cloud allemand sera ouvert aux partenaires en marque blanche. Ils pourront utiliser cet IaaS pour proposer leurs services et leurs offres en SaaS. Quant aux clients qui veulent garder leurs données en France, ils pourront s'appuyer sur les partenaires commerciaux de Fujitsu qui déploient des offres de clouds privés locales. Nous reviendrons sur ce sujet dans une prochaine édition.