Fujitsu et l'institut de recherche japonais Riken ont annoncé que la conception du supercalculateur post-K, qui sera lancé en 2021, était terminée et qu'ils livreront un design commercial de production plus tard cette année. Il succède au supercalculateur K construit par Fujitsu et hébergé sur le campus du Riken Advanced Institute for Computational Science à Kobe, au Japon. Le K est un système massif de plus de 80 000 nœuds, tournant sur des processeurs Sparc64 VIIIfx, une déclinaison du processeur Sun Microsystems Sparc développé sous contrat de licence antérieur au rachat de Sun en 2010.
Lors de son lancement en juin 2011, le K, dont la vitesse de calcul dépassait les 8 pétaflops, avait gagné le titre de supercalculateur le plus rapide du monde. Et il a été, en novembre 2011, le premier ordinateur à atteindre les 10 pétaflops. Si finalement, en terme de vitesse, le K a été surpassé par le supercalculateur Sequoia d'IBM, il figure toujours, huit ans plus tard, dans le top 20 des supercalculateurs les plus puissants du monde.
Une performance attendue de plus de 2,7 téraflops par puce
Le nouveau système, surnommé « Post-K », sera doté d'un processeur A64FX basé sur ARM. Il s’agit d’un processeur haute performance conçu et développé par Fujitsu pour les systèmes exascale. La puce est basée sur un design ARM8, lequel équipe une grande majorité des smartphones. Ce processeur abrite 48 cœurs plus quatre cœurs « assistants » et il peut gérer jusqu'à 32 Go de mémoire par puce. L’A64FX est le premier CPU doté du SVE (Scalable Vector Extension), un jeu d'instructions spécialement conçu pour les supercalculateurs basés sur ARM. Fujitsu affirme que l'A64FX offrira une performance de pointe en virgule flottante double précision (64 bits) de plus de 2,7 téraflops par puce. Le système sera équipé d’un processeur par nœud et de 384 nœuds par rack, soit un pétaflop par rack.
Comparativement, le Summit, le supercalculateur construit par IBM pour l'Oak Ridge National Laboratory tournant avec des processeurs IBM Power9 et des GPU Nvidia, classé en tête des supercalculateurs les plus puissants du monde, peut offrir une puissance de calcul de 864 téraflops au niveau de chaque rack. Autrement dit, le processeur Power d'IBM et le Tesla de Nvidia sont sur le point d'être dépassés par une puce que l’on trouve dans un iPhone. Fujitsu compte produire un design Post-K pour le vendre, lequel remplacera le Fujitsu Supercomputer PrimeHPC FX100. Le constructeur a indiqué qu’il envisageait également de développer un modèle d'entrée de gamme facile à déployer, et pourrait même livrer ces technologies à d'autres fournisseurs. Le Post-K, qui sera hébergé dans le Riken Center for Computational Science (R-CCS), au même endroit que le K, sera l'un des premiers supercalculateurs exascale du monde, même si les États-Unis et la Chine essayeront certainement d’arriver en tête de cette course, ne serait-ce que pour une question d’image.