« Calmez vous, calmez vous ». En montant sur la scène de la keynote organisée par Free ce mardi 10 mars, Xavier Niel, PDG de la société, a tout de suite voulu tempérer les ardeurs de la salle, chauffée à blanc. Il faut dire que dès l’annonce de l’évènement, la veille, le microcosme des télécoms s’était emballé. Alors que certains annonçaient déjà l’arrivée d’un forfait tout compris à dix euros, les titres des opérateurs historiques dévissaient à la bourse. « Nous avions dit il y a peu que nous annoncerions un nouveau produit pour fin février, et c’est juste ce que nous allons faire. Avec un peu de retard, je vous l’accorde », a lancé l’emblématique patron de Free au parterre de journalistes, dont certains n'ont pas caché leur déception.
Martelant d'abord que la box est une invention de Free, et la Freebox Revolution la meilleure de toutes, Xavier Niel a enterré sa petite soeur, la Freebox Crystal. Cette dernière est ainsi remplacée par un dispositif toujours composé de deux boitiers, un serveur et un player TV. Première innovation de la part de cette box, sa taille. Alors que le player TV n’excède pas celle d’un livre de poche, le boitier serveur fait à peine le double. Mais Free ne s’est pas contenté d’amaigrir sa box. Cette dernière est en effet la première sur le marché français à être compatible avec la 4K (résolution de 3840 x 2160 pixels), d’ou son nom, le Freebox Mini 4K.
Pour y arriver, l’opérateur a équipé son player TV d’un processeur double coeur cadencé à 1,5 Ghz, secondé par 2 Go de mémoire vive. « Les écrans les plus vendus chez Darty sont des écrans 4K. La base est donc déjà installée ou en passe de l'être », argue Xavier Niel. Il enchaine : « Si vous avez le dernier Samsung ou une GoPro, vous pouvez d’ores et déjà filmer en 4K. il serait dommage que vous ne puissiez regarder vos vidéos ». Quant au fait qu’aucune chaîne de télévision ou service de VOD ne propose encore de contenus 4K, Maxime Lombardini, le directeur général d’Iliad, se dit confiant quant à leur arrivée prochaine.
La Freebox Mini 4K est, comme son nom l'indique, très réduite.
Bye bye Freebox OS, bonjour Android TV
Du point de vue de l’OS, le boitier serveur embarque Freebox OS, le système d’exploitation maison dérivé de Linux. Ce dernier permet, comme sur la Freebox Revolution, de contrôler l’état de la box, de gérer les différents paramètres de connexion, le partage de fichiers ou de regarder la télé sur son ordinateur. En revanche, pour le boitier TV, Free a voulu sortir des sentiers battus. Il embarquera Android TV, la version optimisée pour la télévision de l’OS de Google. Oui, le même Google avec qui Free était encore en guerre il y a un an et demi. Alors qu’à cette époque, Free reprochait, avec les autres opérateurs, à la firme de Mountain View de tirer profit de leurs réseaux sans aucune contrepartie, la filiale d’Iliad lui donne aujourd'hui les clefs du salon.
Si personne n’a pu expliquer clairement les raisons de ce revirement, le résultat est bien là. « Vous allez pouvoir bénéficier de tous les avantages d’Android sur votre télévision », a déclaré Xavier Niel. En plus des services de Free qui restent disponibles dans une interface revue et corrigée, il est possible d’accéder à l’ensemble des contenus et services de Google, notamment le Play Store qui est le plus fourni au monde, selon Appfigures. Xavier Niel avance également un catalogue de jeux très large, compatible avec un pad Android. « Nous pourrions même imaginer que des développeurs créent des jeux en 4K », lance le patron de Free. Une belle lubie alors qu'aujourd'hui, même les consoles de dernière génération vendues plus de 300 euros ne supportent pas cette résolution.
Un contrôle vocal
Le player TV est également compatible avec le Google Cast qui permet de partager les contenus de votre smartphone ou de votre tablette directement sur votre TV. Tout semble donc être fait pour que cette Freebox Mini 4K s'intègre pleinement dans l'environnement Google. Mais l'opérateur ne compte pas miser uniquement dessus. « Nous nous sommes rendus compte que les gens parlaient énormément à leur Freebox », enchaîne Xavier Niel. C’est donc tout logiquement qu’une fonction de contrôle vocal a été ajoutée à la box. Il est ainsi possible de contrôler sa télévision oralement depuis sa télécommande, son smartphone et même sa smartwatch. « Il paraît que c'est dans l'air du temps », raille le patron de Free, faisant une référence à peine voilée à la Watch d'Apple qui vient d'être annoncée.
Au-delà de ces fonctionnalités, dont la qualité sera laissée à l’appréciation des utilisateurs, Free a également équipé ses boitiers de tout ce dont ils avaient besoin du point de vue de la connectique. Le boitier serveur bénéficie ainsi, pour la connexion Internet, de ports ADSL2+, VDSL2, FTTH ainsi que de 4 ports RJ45. Il est également pourvu de deux ports USB (seulement 2.0) et d’un SATA pour le relier à un disque dur. Enfin, une connexion WiFi (802.11n) offrant des débits allant jusqu’à 450 Mbit/s vient couronner le tout, ainsi que la fameuse Femtocell qui permet d’améliorer la couverture du réseau mobile 3G. De son côté, le boitier TV embarque une sortie SPDIF pour l’audio, des ports HDMI 2.0 (4K oblige), TNT et Ethernet sur la face arrière tandis qu'un port USB 2.0 trône sur la face avant.
Les prix ne bougent pas
Comme à son habitude, Free a annoncé que la Freebox Mini 4K serait immédiatement disponible sur l’ensemble de son réseau. En arrivant à l’épineuse question du prix, Xavier Niel n’a pu s’empêcher de tacler ses concurrents. « Nous constatons une inflation globale sur le secteur du fixe. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est vous », lance-t-il en prenant les journalistes à partie. Fidèle à lui-même, le patron de Free a donc annoncé que le prix de la nouvelle box serait identique à celui de l’ancienne, à savoir 29,99 euros par mois sans engagement. Pour ce prix-là, Free propose l’ensemble des services que le consommateur peut attendre d’une offre triple play, l’Internet en fibre optique, la téléphonie incluse vers les fixes et une centaine de destinations, 200 chaines TV, la VOD (mais toujours pas Netflix) et des fonctions d’enregistrement et de contrôle du direct.
N’oubliant pas les abonnées de la Freebox Révolution qui pourraient se sentir lésés de voir leur boitier TV relégué au rang d’antiquité par les dernières avancées de la Freebox Mini 4K, l’opérateur leur propose de s’équiper du nouveau player TV pour 1,99 euros par mois. Free a également eu une petite pensée pour tous ceux qui espéraient que cette keynote serait dédiée à une annonce fracassante dans le mobile. Le nombre de forfaits à 19,99 euros pouvant bénéficier de la réduction à 15,99 euros passe de un à quatre par abonnement Freebox. Même si cette keynote n’était pas aussi vide que celle d’Apple la veille, elle n'apparaît pas à la hauteur de tout l’emballement qu’elle a pu susciter.