« Nous ne y attendions pas, c’est une belle reconnaissance que nous apprécions » indique Freddy Milesi lorsqu’on lui demande quelle est sa première réaction à l'annonce de ce prix. Même si la jeune pousse, qui se définit désormais comme une scale-up, admet avoir quelque peu travaillé sur le marketing pour pousser aux votes dans sa communauté, le fondateur de Sekoia admet que c’était une opportunité de montrer son savoir-faire et de pousser la sécurité au-delà de sa zone d’experts. Celle qui s’est lancée peu de temps avant la pandémie de Covid, en 2019, a parcouru du chemin depuis.
L’entreprise compte désormais 110 personnes (à date) et cela va « d’Oslo à Lisbonne et de Rennes à Kiev » annonce fièrement Freddy Milesi, avant de préciser : « Nous avons trois personnes à Kiev qui sont des développeurs, recrutés après que le conflit a commencé. Ce sont des personnes très compétentes ». Interrogé sur l’aspect communication, il se veut rassurant : « Cela se passe très bien. Nous nous forçons aussi à travailler en asynchrone. Nous avons adapté tout ce que nous avons appris avec le Covid et le télétravail pour travailler justement avec des profils comme ceux-là ».
« Nous changeons de rythme en Europe »
Lorsque nous l’interrogeons sur la stratégie de Sekoia.io et sa place sur le marché, Freddy Milesi n’hésite pas à donner des détails sur l’évolution, pour le moins rapide, de l’entreprise. « Nous changeons de statut. Nous étions un acteur franco-français avec notre technologie et une façon de travailler avec un écosystème ainsi que des personnes qui nous connaissent bien. Cette case est quasiment cochée dans le sens où aujourd'hui il y a deux tiers des MSSP, des personnes qui gèrent les technologies de sécurité qui travaillent désormais avec Sekoia ». Un changement qui a amené la start-up à réaliser une levée de fonds en mai dernier. « La France n’est pas une anomalie, c'est même au contraire un bon laboratoire et nous cherchons désormais à pousser nos concepts au niveau européen et au Moyen-Orient. C’est une vraie satisfaction, la marque commence à être connue en Italie, dans les pays nordiques, nous avons aussi des clients à Londres et à Dubaï ».
Si des milliers de kilomètres séparent Dubaï de la France, les deux sont pourtant liés, la seconde destination découlant de la première qui a servi de base de développement. « Nous avons travaillé en France avec des acteurs qui sont d’envergure internationale – Orange Cyberdéfense, CapGemini, etc – et savoir que nous sommes partenaire de tels acteurs est tout de suite rassurant ». Le dirigeant de Sekoia.io indique par ailleurs que la solution de la société est distribuée par Exclusive Networks, un distributeur européen spécialiste des solutions de cybersécurité et de cloud. « Ils nous distribuent aussi dans les pays nordiques, en Italie, dans le Bénélux ». Ainsi, le travail réalisé en France est un travail « préparatoire » qui « installe la marque » dans le paysage des solutions de renseignement sur les menaces. Une présence à l’étranger qui aide également à attirer des profils qui ne sont pas forcément français. « Souvent, ce sont de très bons profils européens qui éprouvent le fameux syndrome du plafond de verre chez les éditeurs américains », poursuit Freddy Milesi.
Une levée de fonds « au pire du ralentissement »
Revenant sur la levée de fonds réalisée en mai 2023, le fondateur de Sekoia.io assure être content de l’avoir faite à ce moment-là. « Nous avons lancé notre levée de fonds au pire du ralentissement. Le côté positif c'est que notre dossier, qui est un bon dossier, a émergé car les critères se sont durcis ». Il se félicite également de ne pas l’avoir fait aujourd’hui, les phases de financement étant plus compliquées, notamment en termes de montant et de maturité des entreprises. « Nous aurions dû la faire complètement différemment » ajoute-t-il, glissant que l’IA aurait sûrement dû être mis en avant dans le dossier pour attirer l’œil des investisseurs. « Cette levée nous a permis de recruter les profils européens évoqués ; nous avons recruté quelqu'un à Barcelone qui venait d'un très gros éditeur, totalement en remote. Nous avons également recruté une personne à Oslo ainsi qu’un Italien. Tous sont des profils qui ne nous avaient pas en visibilité ».
Si aujourd’hui l’entreprise a une visibilité de 24 mois – 50 recrutements étant notamment prévus l’année prochaine – son fondateur évoque toutefois la possibilité de réaliser un prochain tour de table en 2024 avec l’idée de « conquérir un nouveau marché et poursuivre notre déploiement de l’IA dans tout ce que nous faisons ». Freddy Milesi estime que Sekoia.io « a répliqué ce que nous avions déjà validé et nous avons une trajectoire très sécurisée pour des investisseurs. Là où il y a une prise de risque, c'est dans notre volonté de s’adapter à des marchés que nous ne connaissons pas aujourd'hui et qui sont très compétitifs en raison de la présence d'acteurs américains ». In fine, la jeune pousse française se rêve en leader, comme tant d’autres avant elle : « Nous voulons être un acteur d’envergure mondiale sur nos sujets avec un ADN européen ».