France Telecom justifie sa proposition de rachat de TeliaSonera
L'opérateur français a dévoilé sa proposition de rachat de son homologue suédo-finlandais. Cette acquisition lui permettrait de devenir le quatrième opérateur mondial mais surtout de renforcer sa situation face aux grands acteurs de l'Internet.
Didier Lombard, le PDG de France Télécom n'avait pas caché qu'il voulait faire des acquisitions. Mais alors que les marchés s'attendaient à des opérations dans les pays émergents, c'est au nord de l'Europe que le groupe français a jeté son dévolu. - Et plus précisément sur TeliaSonera, l'opérateur télécom né du mariage en 2002 du suédois Telia et du finlandais Sonera. Pour acquérir ce groupe de 36 millions d'abonnés et de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires (en 2007), France Télécom est prêt à mettre sur la table plus de 27 milliards d'euros. L'offre qui se répartit à 52% en « cash » et à 48% par actions a été immédiatement rejetée par Tom von Weymarn, le PDG de TeliaSonera qui la trouve insuffisante.
Une réaction qui n'inquiète pas France Télécom
Mais cette réaction n'inquiète pas Didier Lombard : « ce n'est pas un scoop pour moi. Je le savais parce que nous en avons discuté ensemble cette nuit. Mais les deux groupes se laissent 15 jours pour réfléchir. Et d'ici là, les points de vue ont le temps de se rapprocher». Quoiqu'il en soit, le PDG de France Télécom refuse de modifier la parité entre le cours des actions de chacun des deux groupes et qui a été retenue pour établir sa proposition financière. Il compte bien mener à terme cette opération qui si elle est finalement acceptée pourrait être bouclée au dernier trimestre 2008. Didier Lombard estime qu'il existe d'autres éléments non monétaires qui peuvent séduire TeliaSonera lors de la négociation. Des éléments qu'il a refusé de détailler, car "il ne s'agit pas de mener la négociation sous le feu des projecteurs".
Le quatième opérateur mondial
L'acquistion ferait du nouveau groupe le quatrième opérateur télécoms au monde derrière AT&T, Verizon et NTT.
L'annonce de cette OPA fut-elle amicale n'a pas plu aux marchés. A la mi-journée, l'action France Télécom dévissait de 4,5% à 18,35 euros. Tous les investisseurs se demandent pourquoi France Télécom veut acquérir un opérateur dont une grande partie de l'activité se fait dans des pays matures (Suède, Finlande, Espagne...) à faible croissance et où la concurrence est très forte.
[[page]]« Avec TeliaSonera, nous allons atteindre deux des trois objectifs que nous nous sommes fixés. A savoir, nous renforcer sur des actifs essentiels dans les pays matures et augmenter notre exposition dans les pays à forte croissance, répond Didier Lombard à ses détracteurs."
De fait, TeliaSonera est particulièrement présent dans les pays émergents et notamment dans les pays baltes et les anciennes républiques soviétiques (Kazakhstan, Azerbaïdjan, Ukraine...). Il détient par ailleurs 44% de l'opérateur russe Megafon et 37% de l'opérateur turc, Turkcell. De son côté, l'opérateur français est très bien implanté en Afrique, mais encore peu présent dans les régions où TeliaSonera se développe. L'acquisition de TeliaSonera peut lui permettre de compléter sa couverture géographique et ainsi de contrer les offensives de Vodafone et autres Orascom qui n'ont pas caché leur appétit pour ces marchés.
France Télécom veut grossir
Mais il n'y a pas que le portefeuille de pays émergents qui semble avoir poussé France Télécom à se lancer dans cette aventure. « Dans les pays matures, il faut élargir le socle d'opérations des activités, a répété Didier Lombard. En clair, en grossissant, France Télécom a plus de poids vis-à-vis de ses fournisseurs. Ainsi l'ensemble des synergies découlant de la fusion se monterait à 1% du chiffre d'affaires du nouveau groupe. Mais surtout en devenant le quatrième opérateur mondial, France Télécom va pouvoir peser un peu plus face aux grands acteurs de l'Internet comme Google, Yahoo, YouTube... que Didier Lombard accuse régulièrement d'utiliser ses autoroutes (les câbles et les fibres) sans qu'il en tire profit.
C'est d'ailleurs pour changer ces règles du jeu et récupérer une partie de la manne financière générée par les contenus que France Télécom se lance actuellement dans la production de nouveaux services (vidéo à la demande, Catch up TV, publicité...) tout en misant sur sa nouvelle force de frappe pour les imposer face à ceux des fournisseurs américains.