<a href=" http://www.reseaux-telecoms.net/eurotmt/" target="_blank"> (Source EuroTMT)</a>Depuis trois semaines, Stéphane Richard a les pleins pouvoirs chez France Télécom. Et un agenda bien chargé d'ici à la fin du semestre. Outre les négociations sociales dans un environnement toujours difficile, il doit finaliser le nouveau projet d'entreprise. Sur ce dernier point l'incertitude demeure sur les intentions du nouveau directeur général. Depuis sa nomination à la tête des activités françaises à l'automne dernier, Stéphane Richard a, en effet, beaucoup parlé, mais s'est aussi beaucoup contredit.
Le grand projet mobilisateur, un temps évoqué par la direction, semble être passé à la trappe faute de moyens suite à la réaffirmation par le groupe de ses objectifs boursiers (un free cash-flow d'au moins 8 milliards d'euros par an et une rémunération des actionnaires représentant 45 % de ce cash-flow). Et puis, les simples règles de la concurrence limitent, de toute façon, la marge de manoeuvre de l'opérateur historique. Pour ces raisons, France Télécom ne pourrait pas, par exemple, décréter un grand plan fibre, comparable au plan de rattrapage de la téléphonie fixe dans les années 70.
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En fait, la seule modification qui pourrait intervenir par rapport à la stratégie poursuivie par France Télécom sous l'ère de Didier Lombard, pourrait porter sur les contenus.Manifestement, Stéphane Richard n'est pas convaincu de la nécessité pour France Télécom d'éditer ses propres chaînes et d'acquérir des droits, notamment ceux du football à l'exception cependant du lot pour la téléphonie mobile. Si cette position se transformait en décision stratégique, elle pourrait constituer la première erreur du nouveau directeur général. Car le choix pour l'opérateur télécoms n'est pas entre être ou pas dans les contenus, mais dans maintenir ou mettre fin à l'intégration verticale, depuis les réseaux jusqu'aux services. En clair, doit-il opter ou non pour la séparation structurelle entre ses activités de réseaux et celles de ses services.
Certes, le réseau constitue le socle de sa rentabilité et une séparation poserait d'importants problèmes opérationnels. Mais cette opération aurait, au moins, deux avantages. D'une part, une scission permettrait à l'opérateur de régler « en douceur » son problème de sureffectif en France sans provoquer de casse sociale. D'autre part, Orange (nom que doit prendre l'opérateur) ne pourrait plus être accusé d'abus de position dominante en France, son marché domestique en se séparant de son réseau (qui pourrait conserver l'enseigne France Télécom). Mais, dans ces deux cas de figure, les contenus demeurent stratégiques.
La concurrence dans le haut débit est devenue multiforme. Elle va notamment passer, de plus en plus, par l'accès aux téléviseurs des abonnés. Si France Télécom abandonnait l'édition de chaînes de TV propriétaires (et son offre de télévision délinéarisée), ses concurrents venus d'internet, ceux venus de l'électronique grand public et même de l'audiovisuel auraient alors une belle occasion d'écrémer le marché en proposant aux abonnés à haut et très haut débit une « box over the top ». Celle-ci permettrait de combiner le flux audiovisuel avec le flux Internet et d'orienter les téléspectateurs vers leurs propres portails plutôt que vers celui de l'opérateur télécoms. Comme dans la téléphonie fixe, la valeur ajoutée dans le haut débit fixe n'est plus dans les abonnements, mais dans l'ensemble des contenus et services proposés. Didier Lombard s'énervait déjà il y a quelques années face aux Google et autres Skype qui font leur business sur les coûteux réseaux optiques qu'il déployait, dénonçant cette attitude proche de celle du coucou, qui fait couver ses oeufs par les autres. Et il n'était pas partisan de la scission entre le réseau et les services à la différence de ce qu'a fait la SNCF.