Alors que le plan de relance de 100 milliards d’euros est loin d’être terminé, Emmanuel Macron a annoncé ce matin depuis l’Elysée un plan d’investissement de 30 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, « France 2030 », pour relever les défis auxquels est confronté le pays et enclencher une transformation radicale de plusieurs secteurs afin de faire de la France un leader ou, à minima « être en tête du peloton » comme le précise le président de la République. Dès 2022, le gouvernement devrait présenter l’application du plan France 2030 et 3 à 4 milliards devraient être budgétés.
Avec comme devise, « mieux comprendre, mieux vivre, mieux produire », Emmanuel Macron souhaite prendre le pas sur les secteurs de l’énergie, des transports, de l’agriculture, de la santé, de la formation ou encore des start-ups. A cet effet, un premier budget de 8 milliards d’euros sera alloué à l’énergie et la décarbonation, dont 2 milliards d’euros pour l’hydrogène et un milliard d’euros pour le nucléaire. L’objectif : faire émerger en France des mini réacteurs nucléaires - les fameux small modular reactor - innovants, avoir une meilleure gestion des déchets, devenir le leader de l'hydrogène vert mais aussi décarboner l’industrie. Avec la promesse d’être neutre en carbone en 2050, le parcours est encore long quand on sait que l’un des enjeux est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’industrie. « Entre 2015 et 2035 nous devons baisser de 35% les émissions de gaz à effet de serre du secteur. C'est une révolution. Mais nous ne sommes qu'à 4% » a-t-il précisé.
Un avenir en quête de vert
Parmi les objectifs que la France doit atteindre, il y a celui d’une production en France de près de 2 millions véhicules électriques et hybrides d’ici 2030. « On a besoin d'aller sur des technologies de rupture, d'innovation, afin de préserver nos parts de marché ». La production du premier avion bas carbone en France est également à l’ordre du jour. Au total, près de 4 milliards d’euros seront investis sur les transports du futur.
Le premier avion bas-carbone devrait voir le jour en France avant 2030. (Crédit : DR)
Le futur devrait aussi être « plus sain, durable et traçable ». 2 milliards d’euros (dont des fonds propres) seront ainsi alloués au secteur de l’agriculture pour être plus compétitif. Par ces investissements, Emmanuel Macron annonce vouloir développer les technologies du « numérique, de la robotique et de la génétique ». Produire davantage donc, tout en décarbonant l’agriculture.
La santé, fer de lance du plan
Déjà évoqué le 29 juin par le chef d'Etat, à l’occasion de la présentation de son plan innovation santé 2030, « mieux se soigner » fait partie des objectifs de 2030. La France, en « recul sur le secteur de la santé depuis quelques années déjà », doit revenir sur le devant de la scène dans le secteur de la recherche et de la santé afin d’être la première industrie de santé européenne. 7 milliards d’euros ont ainsi été mobilisés pour ce plan en juillet 2021 et le président de la République a réitéré cette volonté d’avoir une médecine plus prédictive et plus innovante, soutenue par des technologies comme le quantique, l’intelligence artificielle et l’IoT.
Ce plan, issu des travaux du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), l’instance de dialogue avec les industriels du secteur. Alors que la pandémie de Covid-19 a révélé certains manquements dans le système de santé français, l’exécutif souhaite « produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques dont celles liées à l'âge et créer les dispositifs médicaux de demain ».
Des chefs d'entreprise, mais aussi des chercheurs et des étudiants étaient rassemblés à l'Elysée lors du discours du chef d'Etat. (Crédit : DR)
Assurer une présence réelle et virtuelle
Afin de « continuer à être des défricheurs », Emmanuel Macron a annoncé vouloir investir massivement dans les espaces et grands fonds marins, « nous somme la deuxième puissance maritime au monde » soutient-il. Prendre part à la « nouvelle aventure spatiale » est également un point important pour redorer le blason de la France. Evoquant Space X et ses investissements massifs, l’exécutif souhaite posséder, à court terme, des mini lanceurs réutilisables d'ici 2026, ainsi qu’un « ensemble d’innovations technologiques et de services au coeur de ce nouvel espace ». La France doit par ailleurs être à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs pour concurrencer les services de Netflix, Amazon, ou encore Disney. « Nous devons inspirer le monde et être un modèle d’exception culturelle ». Il faudra être plus inspiré pour rattraper la part de marché de ces plateformes de streaming et VOD ; Netflix - leader - s'impose avec 37% contre Amazon qui possède 22,9% du marché français (chiffres d'Edition Multimédia de juin 2021).
Pour parvenir à ces dix objectifs, Emmanuel Macron assure que cinq conditions sont nécessaires à la réussite. Cela doit passer par la sécurisation d’accès aux matériaux – impliquant le plastique, les métaux, mais aussi un investissement dans le recyclage et une consolidation de la filière bois. L’accès aux composants électroniques doit également être une priorité, « nous devons doubler notre capacité électronique d'ici 2030 ». La question du cloud a par ailleurs été évoquée mais l’idée de voir émerger un cloud totalement souverain reste un rêve selon Emmanuel Macron. « la différence d'investissement entre la place européenne et la plaque américaine, c’est un facteur 10 chez les acteurs privés», précise-t-il.
Côté formation, un budget de 2,5 milliards d’euros sera alloué aux talents, afin d’accélérer certaines formations et se doter d’une stratégie sur 10 ans en lien avec les écoles et les universités notamment pour développer certaines filières. Enfin, dans le cadre du plan France 2030, l’Etat veut réunir le monde de l’industrie et les start-ups, « pour faire émerger au moins 100 sites industriels par an ». L’exécutif compte ainsi sur près de 5 milliards d’euros dont 3 milliards d’euros en fonds propres pour la recherche et l’innovation en la matière.