Le plan France 2030 vient de souffler ses deux bougies. Le 12 octobre 2021, Emmanuel Macron annonçait en effet depuis l’Elysée un plan d’investissement de 30 milliards d’euros étalé sur les cinq prochaines années. Baptisé « France 2030 », ce plan doit relever les défis auxquels est confronté le pays et enclencher une transformation radicale de plusieurs secteurs afin de faire de la France un leader ou, à minima « être en tête du peloton » comme le précise le président de la République. Deux ans plus tard, le gouvernement présente un bilan qu’il estime « positif ». Ainsi, 21 milliards d’euros ont déjà été engagés sur les 54 milliards d’euros annoncés pour un total de 4 370 projets accompagnés. Cela a donné lieu à 2 000 dépôts de brevets, 40 000 emplois directs créés ou maintenus, ainsi que 34 000 nouvelles formations diplômantes aux métiers d’avenir ouvertes en 2022 et 2023.
Un investissement massif qui s’est également concrétisé dans des secteurs clés. Car, rappelons-le, à travers ce plan gargantuesque, Emmanuel Macron souhaite prendre le pas sur les secteurs de l’énergie, des transports, de l’agriculture, de la santé, de la formation ou encore des start-ups. Il indique donc la création à date de 4 gigafactories de batteries et la production d’un million de véhicules électriques sécurisée. « On a besoin d'aller sur des technologies de rupture, d'innovation, afin de préserver nos parts de marché » avait précisé le président de la République lors de son allocution et les résultats semblent être à la hauteur. En 2021 il avait en effet évoqué le chiffre de 2 millions véhicules électriques et hybrides produits en France d’ici à 2030. Il en va de même pour le secteur de la santé où l’objectif de « produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques dont celles liées à l'âge et créer les dispositifs médicaux de demain » semble être sur la bonne voie avec, à ce jour, 8 biomédicaments produits en France. En ce qui concerne l’avenir du pays que l’exécutif veut « verdir », des efforts ont été notés. « Environ 8,5 millions de tonnes de CO2 devraient être économisées par an sur les projets engagés à date » annonce le gouvernement.
État d'avancement des chantiers de France 2030 (juin 2023) / (Source : Service d'information du Gouvernement)
2030, année de tous les bouleversements ?
Avec pour maxime « mieux comprendre, mieux vivre et mieux produire à l’horizon 2030 », l’Etat a également déclaré dans son bilan à mi-parcours qu’à horizon 2030, il y aurait 288 000 à 600 000 créations nettes d’emplois. Enfin, entre 40 et 80 milliards d’euros de PIB supplémentaire sont prévus annuellement à l’horizon 2030. L’Etat estime par ailleurs qu’ « en générant de la croissance et de l’emploi, les dépenses prévues dans le plan d’investissement devraient être entièrement compensées par des gains en recettes publiques à moyen terme ». Sur les secteurs clés liés aux technologies comme l’intelligence artificielle, le quantique, ou encore la robotique, le gouvernement annonce avoir avancé dans la bonne direction. Ainsi, dans le but de « sécuriser l’accès aux composants stratégiques, notamment électronique, robotique et machines intelligentes », l’Etat indique que la capacité de production française de wafers en kilo wafers eq/an est en forte augmentation avec un chiffre porté à 78 en 2023 et qui devrait rapidement grimper à 144 en 2025 puis 215 dès 2026. En ce qui concerne la maîtrise des « technologies numériques indépendantes et sûres », 300 qubits utiles dans les ordinateurs quantiques sont annoncés à date, et le chiffre doit passer à 1 000 dès 2025 puis à 4 000 à terme, en 2030 donc.
Cependant, pour soutenir cette croissance, le développement de filières industrielles est une condition sine qua non. Lors de l’annonce du plan France 2030, Emmanuel Macron avait fait part de son projet de réunir le monde de l’industrie et les start-ups, « pour faire émerger au moins 100 sites industriels par an ». Pourtant, 24 mois plus tard, force est de constater que l’Etat peine encore à faire sortir de terre ces fameux sites. La semaine dernière, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, rappelait d’ailleurs les besoins de l’Etat à ce sujet : « Pour réindustrialiser la France, nous avons besoin de foncier. J’appelle aujourd’hui l’ensemble des intercommunalités à nous faire remonter leurs terrains disponibles. Objectif : avoir 50 nouveaux sites clés en main pour accueillir efficacement de nouvelles industries dès 2024 ». L’initiative, lancée par le président de la République en mai dernier, prend donc doucement forme via l’ouverture d’une plateforme de recensement de ces fameux terrains stratégiques. Côté calendrier, une première relève aura lieu début décembre pour une sélection de quelques premiers sites qui bénéficieront d’un accompagnement dès janvier prochain.