Pour la douzième édition Forum Teratec, le rendez-vous français des solutions et systèmes de calcul haute performance (les 27 et 28 juin à l’École Polytechnique à Palaiseau) a démarré sa première journée avec les habituels keynotes combinant intervention des organisateurs et des sponsors de l’événement. Parmi les nouveaux membres de l’association Teratec, citons au passage l’arrivée de NEC et d’IBM aux cotés de PNY, Aneo, 2CRSI, Atempo, EMG2, Interface Concept, Reflex et Tellmeplus. 1300 personnes sont attendues cette année avec 90 intervenants programmés. 70 fournisseurs et acteurs du marché du calcul haute performance sont aussi présents sur l’espace partenaires. Nous reviendrons demain sur les entretiens que nous avons eus avec plusieurs de ces représentants.
Gérard Roucairol, président de Teratec a donc ouvert la matinée en indiquant qu’il terminait sa dernière année à la tête de l’association et qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat de huit ans. Question bilan, on peut pointer que la problématique du HPC a bien été portée dans l’administration et l’industrie, même si les secrétaires d’État successifs au numérique ont chaque année brillé par leur absence, daignant simplement envoyer une vidéo par coursier motorisé de la République. Mounir Majhoubi, l’actuel récipiendaire, n’est d’ailleurs même pas annoncé cette année - le soleil brille plus à New York - alors que le numérique est censé être le cheval de bataille du gouvernement. Pas assez de start-ups camembert au Forum Teratec pour briller dans les colonnes de la presse éco ? Les débats sont pourtant de bonne qualité à l’image de l’introduction de Gérard Roucairol sur l’informatique prédictive et prescriptive.
Beaucoup de monde comme tous les ans au Forum Teratec à L'Ecole Polytechnique, à Palaiseau. (Crédit S.L.)
Anticiper la réaction des piétons dans les rues
Le président de Teratec a choisi cette année de mettre l’accent sur une tendance qui s’affirme depuis des années. Notamment dans la transformation digitale des entreprises puisqu’il s’agit d’extraire des données numériques pour établir une prédiction statistique avec des modèles établis par l’homme, et aussi mettre en place un réseau de neurones grâce à la puissance de calcul aujourd’hui disponible (avec des clusters CPU, GPU et FPGA) pour créer des modèles grâce au machine learning. « Derrière toutes ces méthodes, le HPC est indispensable pour traiter les données et les observations. Il faut en effet croiser beaucoup d’observations et mettre un maximum de données en mémoire », a indiqué le président de Teratec. Pour le modèle neuronal, « la mise en route demande beaucoup de ressources en local ou déportées dans le cloud. Ensuite, faire fonctionner un réseau neuronal sur un véhicule est devenu beaucoup plus simple grâce aux systèmes prêts à l’emploi que proposent par exemple Intel et Nvidia ». C’est un des principaux enjeux sur le marché des voitures autonomes, car certaines décisions doivent être très rapides.
Avec un système auto-pilote, « la voiture ne peut pas attendre la réponse du datacenter pour ne pas écraser un piéton, mais les données envoyées vers le datacenter permettent de poursuivre l’apprentissage », nous a indiqué sur le salon Jean-Laurent Philippe, directeur des ventes pour l'Europe de l'Ouest chez Intel. Désormais très impliqué dans le développement des systèmes auto-pilotes, depuis le rachat de Mobileye, Intel compte profiter de ses atouts pour s’imposer sur le marché de l’automotive qui va générer énormément de données – avec l’arrivée de la 5G - qui seront traitées dans des systèmes HPC.
Le HPC au service des agriculteurs
La santé est également un des points socialement clef dans le domaine de l’analyse prédictive pour mieux soigner les malades – détection précoce de cancer – et optimiser le coût des systèmes de santé. Tout comme l’agriculture, pour affiner et alléger l’usage des engrais, ou la blockchain qui optimise la prédiction/validation d’une identité ou d’une transaction numérique. Le HPC est aujourd’hui devenu indispensable pour accompagner les nouveaux usages. « Ce qui est important, c’est que nous avons besoin de prédictions et qu’il faut du calcul haute performance pour les réaliser », a conclu Gérard Roucairol.