Focus sur le Lean, les méthodes agiles et l'Offshore aux Valtech Days
Réduire les coûts, améliorer la réactivité, mieux servir les clients figurent sur le tableau de bord des équipes de développement logiciel. La journée organisée par Valtech le 17 novembre a été l'occasion d'entendre les retours d'expérience de Thalès et de Rail Europe sur le Lean, les méthodes agiles et l'Offshore.
Les Valtech Days organisés par la société de services Valtech se sont déroulés le mardi 17 novembre à La Défense. La journée a fait la part belle aux retours d'expérience sur les méthodes agiles, le Lean Organisation, le Lean Developpement et leur compatibilité avec l'Offshore.
Le premier témoignage a été réalisé par Stuart Alldis, responsable e-Commerce de Rail Europe, une filiale de la SNCF située à Londres et qui commercialise des billets TGV ou de l'Eurostar. Son activité repose sur les boutiques, un call center et des sites Web. Stuart Alldis a confié le développement de trois applications Web B2B et B2C à Valtech, dont une partie des développeurs se trouvent en Inde, à Bengalore. Il a opté pour la méthodologie Agile, Scrum, qui repose sur un processus itératif. Comment arriver à créer la proximité entre les équipes de développement et les responsables métiers qu'impose la méthodologie Agile alors que des milliers de kilomètres séparent Rail Europe de Bengalore ?
C'est Stuart Alldis qui joue les rôles de passerelle entre les deux mondes : les métiers situés en Grande Bretagne, et les équipes indiennes qui réunissent une vingtaine de développeurs. Il aura donné de sa personne puisqu'il aura réalisé 24 déplacements à Bengalore, en passant à chaque fois 1 semaine en Inde par mois.
De substantielles économies grâce à l'offshore
Grâce à l'Offshore, Stuart Alldis estime avoir réalisé de substantielles économies. « Pour un coût de 600 € pour un développeur en Grande Bretagne, l'économie est de 70% en Inde. Et ils ne travaillent pas de 9 heures à 5 heures, mais de 9 heures à 9 heures, si nécessaire » déclare-t-il. Et ce ne sont pas les quelques milliers d'euros pour ses propres déplacements qui auront grevé le budget : « Je dépense 1,5 million d'euros en tout par an en développement »précise-t-il.
L'usage des méthodes Agiles a également permis de modifier fréquemment les spécifications, au fur et à mesure que venaient des idées d'amélioration des sites Web. Stuart Alldis opte désormais pour des réalisations au forfait plutôt qu'en régie. « Nous nous connaissons bien maintenant avec les équipes de développement, et estimer un forfait devient faisable, je ne conseillerai pas cette approche au début de la relation » indique-t-il.
Quelques conseils pour réussir son projet
Il donne également quelques conseils afin de réussir la méthodologie Scrum malgré les milliers de kilomètres entre lui et les équipes indiennes : « Faire en sorte que cette équipe lointaine soit une extension de votre propre équipe de développement [Il ne dispose que de deux développeurs en Grande Bretagne], il faut connaître tous ces développeurs, car ce sont eux qui créent votre site Web et donc votre richesse, allez les voir dans leurs bureaux, et ne vous enfermez pas dans une salle réunion avec les responsables des équipes uniquement".
"Il faut créer l'impression qu'ils font partie de votre propre société. Nous leur avons par exemple donné des posters de TGV qu'ils ont placé dans leurs salles de développement. Ce qui renforce la proximité avec notre activité. Utilisez aussi des outils de messagerie instantanée, nous utilisons Skype, et la visio conférence. Les appels téléphoniques durent entre 5'' et 1 heure. Et soyez toujours disponible malgré le décalage horaire. J'ai confié mon email et mon numéro de téléphone mobile à chaque développeur », poursuit Stuart Alldis.
Focus sur la méthodologie Lean
Deux autres présentations durant la matinée ont eu comme axe la méthodologie Lean. Le Lean a pour objectif de supprimer tous les gaspillages et toutes les actions inutiles effectuées soit dans les processus de l'entreprise, soit dans les développements logiciels, et qui ne créent pas de valeur pour le client.
On passe alors au crible les processus et l'on traque les améliorations possibles. « Par exemple, une discontinuité de processus dans la saisie d'un client puis de sa commande à cause d'un Batch informatique durant la nuit peut coûter une perte de productivité importante pour les équipes commerciales, alors qu'il suffit de déployer les outils ad hoc pour supprimer cette perte de temps » illustre-t-on chez Valtech. Toutes les non créations de valeur pour le client ne peuvent pas forcément être supprimées. « Par exemple la conformité réglementaire, ou les processus internes à l'entreprise comme la gestion de la comptabilité n'apportent rien au client mais ils sont indispensables. »
Un exemple chez Thalès
Autre cas, Thalès a montré comment il employait le Lean Organisation, le Lean Developpment et la méthodologie XP (eXtreme Programming) afin de réduire les erreurs sur ses logiciels destinés aux Airbus et pour mieux coordonner ses équipes souvent éclatées entre plusieurs sites à l'international.
« Le Lean, les méthodes agiles sont compatibles avec l'Offshore, mais il faut choisir ses partenaires » a précisé Eric Gauthier, en charge de la branche production chez Thalès soit 12 000 personnes. Il a ajouté : « Le Lean permet aux équipes de se responsabiliser. Il vient en complément de CMMI qui permet de structurer l'ensemble des processus. Contrairement à ce que l'on croit CMMI n'est pas synonyme de cycle en V. CMMI et méthodes agiles sont compatibles » a-t-il précisé.
Depuis 2008, Thalès a réalisé 100 projets Lean, dont 56 en 2009. Thalès s'est intéressé au Lean dès 2006 pour ses apports dans le développement. « Il faut éviter notamment le défaut de la surspécification, avec le Lean on développe ce qui a de la valeur pour le client. Cela oblige à regarder le développement comme si l'on était le client. »