La start-up parisienne AppGratis créée en 2008 « traverse un moment particulièrement difficile », reconnaissait il y a deux jours son directeur général, Simon Dawlat, sur le blog de sa société. Qu'on en juge. Il y a quelques jours, Apple a retiré de sa boutique en ligne l'application mobile du même nom qui compte 12 millions d'utilisateurs, au motif qu'elle violait deux règles (2.25 et 5.6*) de l'Apple Store, ainsi qu'il l'a confirmé au site AllThingsD. Cette app propose à ses utilisateurs d'accéder chaque jour gratuitement, et pendant 24 heures, à une autre app habituellement payante.
Stupeur et inquiétude sur l'avenir de cette PME française dans laquelle sont embarqués 45 collaborateurs, des partenaires et des investisseurs. En janvier, un tour de table auquel participait Iris Capital et Orange Publicis réunissait un peu plus de 10 millions d'euros, peu après la validation par Apple de la version 3 d'AppGratis.
Déréférencement brutal et unilatéral
L'annonce de la suppression de l'app sur l'Apple Store a donc alerté la ministre déléguée aux PME, à l'innovation et à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, qui a annoncé dans la foulée son déplacement chez AppGratis. Ce matin, dans les locaux de celle-ci(**), elle a regretté le « désengagement brutal d'Apple » qui met la start-up en difficulté.
« Cela justifie de prendre la mesure de la manière dont ces grandes plateformes peuvent imposer leur conditions de fonctionnement », a estimé la ministre déléguée. A travers le cas d'AppGratis se pose aussi le problème de la pérennité des investissements et des efforts réalisées par les start-up et PME françaises du secteur qui participent à l'animation de ces grandes plateformes d'apps mobiles, a-t-elle souligné. « Je rappelle que les Français sont les 2èmes producteurs d'applications au monde derrière les Etats-Unis pour enrichir les terminaux mobiles »... « Quel est le sens d'investir si, du jour au lendemain, le modèle économique est mis en danger par une décision unilatérale », a-t-elle exposé. « Il y a là un sujet de loyauté dans les relations commerciales ».
Tout en jugeant nécessaire de s'interroger sur les moyens de répondre à ce type de situation, elle a souhaité pour l'heure qu'Apple puisse renouer le dialogue avec cette entreprise pour rétablir la situation.Â
(*) La règle 2.25 indique que les apps qui présentent d'autres apps à acheter ou qui en font la promotion de façon similaire à l'App Store ou pouvant induire une confusion avec celui-ci seront rejetées. Quant à la règle 5.6, elle précise de son côté que les apps ne peuvent pas utiliser de notifications push pour envoyer des publicités, des promotions ou faire du marketing direct.
(**) Une vidéo du point presse chez AppGratis a été publiée par nos confrères de Clubic.