Selon le rapport Business@Work 2019 publié par la plate-forme de gestion d'identité Okta, les grandes entreprises possèdent en moyenne 163 applications dans le SaaS. Ce chiffre atteste de l’importance du changement de culture qui s’est opéré au cours de la dernière décennie. Il montre aussi que les entreprises se sont largement affranchies des accords de licence monolithiques qu’elles ont pu entretenir avec des fournisseurs comme Oracle, SAP et Microsoft au profit de très nombreux outils SaaS. Même si cette adoption apporte, sans nul doute, d'énormes avantages en termes de capacité, de satisfaction des employés et de collaboration, elle est source de grande inquiétude pour l’IT quand il s’agit de gestion des accès et la sécurité, de conformité et de coût. Alors qu’auparavant en effet, l’IT n’avait qu’un seul interlocuteur, elle en a maintenant 163 en moyenne, ce qui représente un véritable casse-tête de facturation et de conformité que beaucoup d’entreprises ont du mal à résoudre.
Lors d'une table ronde organisée la semaine dernière au siège de Box, l’un des géants britanniques du SaaS, les responsables de Box, Slack et Okta ont évoqué les défis posés par l'adoption par les entreprises d’un nombre toujours plus importants d’outils SaaS. Les participants ont notamment évoqué la complexité accrue de cette empreinte du point de vue de la facturation et de la conformité. « Vous avez 163 applications et vous recevez donc 163 factures. On peut de demander si c’est vraiment efficace au regard de trois factures de SAP, Oracle et Microsoft ? », a demandé Jesper Frederiksen, vice-président et directeur général EMEA chez Okta. « Au cours des 10 à 15 dernières années, les investissements IT ont basculé au profit de l’achat de logiciels en tant que service. Aujourd’hui, nous facturons tous des frais par utilisateur ou par transaction », a déclaré pour sa part Chris Baker, directeur général EMEA chez Box.
TPE/PME moins armées que les grands comptes pour gérer les ressources logicielles
Si de grandes entreprises peuvent mettre en place des équipes internes complètes pour gérer leurs ressources logicielles, ou adopter les pratiques du Technology Business Management (TBM), ou même embaucher un consultant pour tout unifier à leur place, ce n’est pas le cas des entreprises plus petites. « D’après ce que j’ai pu voir, des entreprises comme BT et Deutsche Telekom essayent d'agréger cette charge pour les PME, de leur proposer des portails en libre-service ou des combinaisons de plusieurs services », a encore déclaré Jesper Frederiksen. « Mais, à l'autre bout du marché, d’autres comme Capgemini, Accenture et Deloitte, certains gros intégrateurs de systèmes, commencent à proposer ce type de services à leurs clients, ou créent des solutions pré-packagées, en disant : nous allons faire tout cela pour vous. Et au lieu de recevoir 15 factures différentes pour une pile complète, les entreprises leur achètent une sorte de service prêt à l'emploi », a-t-il ajouté.
Jesper Frederiksen prédit également l'émergence d'une nouvelle génération de fournisseurs de services gérés pour le SaaS, citant l’émergence de sociétés comme Apptio et Zylo pour soulager les DSI de ces tâches. Zylo, par exemple, spécialisée dans la facturation SaaS, propose de cataloguer l'ensemble de la pile SaaS de l’entreprise pour lui procurer une facturation unifiée, une vue unique des assets et améliorer sa conformité. Apptio a choisi une approche plus large, dans le cloud et sur site, de la gestion financière de l’IT, et promet aux responsables IT d’avoir une vue plus transparente de toutes leurs dépenses, soutenant l’ensemble par des pratiques TBM. « Ce nouveau monde crée des frictions dans certains domaines. De plus de nouveaux acteurs arrivent avec des innovations et un autre modèle d'affaires en promettant de résoudre ce problème », a ajouté M. Frederiksen.
Une économie d'échelle encore à démontrer
Mais, comme l'a souligné Stuart Templeton, responsable Royaume-Uni de Slack, tout n'est pas négatif. « Les audits de licences logicielles sur site ne sont pas anodins et nous avons tous entendu des histoires horribles à ce sujet », a-t-il déclaré, en pensant probablement au fiasco des licences indirectes SAP/Diageo qui avait conduit à un procès retentissant. « Ce qu'il y a de bien avec les services cloud, c'est qu'ils sont gérables. L’entreprise sait qui utilise quoi et où, ce qui est très appréciable en terme de transparence », a-t-il ajouté. « Il ne s'agit pas seulement de facturation, il s'agit d'être conforme », a aussi ajouté M. Baker. « Il y a une dizaine d'années, Salesforce avait déclaré que le logiciel SaaS soulagerait l’IT de la gestion des actifs logiciels. Mais finalement, c'est beaucoup plus complexe à gérer qu’un groupe de licences », a-t-il ajouté. « Ce que les clients aimeraient, c’est pouvoir profiter d’une économie d'échelle entre tous les vendeurs, ce qui est très difficile à réaliser sur le plan commercial », a reconnu M. Baker.