Spécialisée dans la reprise de parcs informatiques (PC, serveurs, imprimantes, terminaux mobiles...) et leur valorisation, ATF Gaia a réalisé près de 23 M€ de chiffre d'affaires l'an dernier. Au total, 65% des matériels passés dans ses ateliers ont été remis sur le marché européen sous forme de produits d'occasion ou de pièces détachées. Lors de l'European Broker Meeting qui se tenait les 3 et 4 octobre à Monaco, l'entreprise adaptée a annoncé un renforcement de son activité dans le domaine des pièces détachées pour serveurs. La manoeuvre passe d'une part par une extension de ses capacités à fournir ce type de produits. La taille du stock que le prestataire leur dédie est ainsi en cours d'extension, et le nombre de techniciens consacrés au démantèlement des serveurs pourrait passer de 4 à 6 personnes l'an prochain. En outre, un troisième commercial est en passe de faire son arrivée au sein de l'équipe chargée de revendre les serveurs et les composants pour serveurs qui sortent des ateliers d'ATF Gaia.
A première vue, les investissements auxquels procède l'entreprise peuvent intriguer. Depuis deux ans, en effet, le prix des composants d'occasion pour serveurs « a chuté de 15 à 25%, indique Julien Taïeb, le directeur commercial du groupe ATF. Nous sommes parvenus à en compenser les effets par une hausse de nos volumes de vente. Sans ce recul des tarifs, nous aurions connu une croissance monstrueuse » De fait, en 2019, le prestataire prévoit de ne réaliser qu'environ 1,5 M€ de chiffre d'affaires à travers son activité de revente de serveurs de seconde main et de pièces détachées d'occasion pour serveurs. Mais, l'an prochain, il en attend 2,5 à 3 M€. S'il se veut optimiste, c'est parce que la situation qui a tiré les prix vers le bas va prendre fin sous peu.
Les brokers français ne prendront pas la place des britanniques
Cette situation, c'est le Brexit. Apeurés par la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, les concurrents britanniques d'ATF Gaia, qui comptent parmi les plus gros acteurs du secteurs sur le vieux continent, se sont mis à vendre leurs pièces détachées pour serveurs moins chers. Ils ont ainsi anticipé les hausses futures de taxes douanières qui vont rendre leurs offres moins attractives. Au grand dam de leurs homologues européens. Le Brexit étant pour bientôt, les intervenants britanniques ne pourront donc plus suivre la même stratégie. Il est même permis de se demander si leur avenir n'est tout simplement pas menacé.
Peut-on s'attendre, dès lors, à ce que les acteurs français prennent la succession des britanniques sur le marché des pièces détachées d'occasion pour serveurs ? Julien Taïeb ne semble pas y croire : « Les prestataires des pays nordiques ont déjà des niveaux d'activité bien supérieurs à ceux de leurs concurrents dans le reste de l'Europe. En France, nous avons du retard sur les pièces détachées d'occasion. Les entreprises sont plus enclines à acheter des serveurs de seconde main qu'à réparer leur équipements en place. »