La start-up canadienne Infinidium Power affirme que son système de refroidissement pour datacenter est capable de produire de l'énergie électrique à partir de la chaleur générée par les serveurs qui y sont déployés. Si l’on en croit la jeune pousse, son infrastructure de refroidissement et d'alimentation électrique pour datacenter - Next Generation Datacenter Cooling and Power Supply Infrastructure - peut réduire les coûts d'exploitation et d'investissement jusqu'à 50 % grâce au refroidissement par air. L’infrastructure dispose de ses propres conteneurs de calcul appelés « Vortex Vacuum Chamber » et d'un nanogrid à courant continu basse tension, qui permet d'économiser de l'énergie en n'effectuant pas de conversion entre courant alternatif et courant continu (CA-CC).
Sur le site d’Infinidium, une animation vidéo explique comment la chambre à vide Vortex Vacuum Chamber aspire l'air froid dans une chambre en forme de cloche dans laquelle les cartes serveurs sont disposées en rangées de racks circulaires. C’est la forme de la chambre associée aux propriétés physiques de l’air - l'air chaud monte, l'air froid descend – qui permet de générer de l'énergie. L'air frais est aspiré dans la chambre et, à mesure que la chaleur générée par les serveurs réchauffe l'air, celui-ci s'élève jusqu'à un évent situé au sommet, où il entraîne une turbine, générant ainsi de l'électricité. « C'est un peu comme une vieille cheminée », a expliqué le CEO Paul Grist. « Nous laissons l'air chaud s'échapper directement vers le haut et à mesure que cet air chaud s'échappe, il crée un vide qui fait entrer l'air extérieur. C’est comme si l’on créait une petite tornade à l'intérieur de la chambre, à peu de frais », a-t-il ajouté. Ce dernier affirme aussi que le système permet de se passer d’infrastructures de refroidissement complexes, comme les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation, ou encore de générateurs de secours et autres équipements auxiliaires.
Installation dans des datacenters anciens
Les serveurs ont été conçus par l’entreprise elle-même et non par un Original Design Manufacturer (ODM) comme Supermicro par exemple. Les serveurs sont donc dépourvus de ventilateurs, et ils sont équipés uniquement de dissipateurs thermiques. Ils tournent sur des puces Xeon E5 et des GPU Nvidia Série 20, lesquels seront éventuellement remplacés par des modèles Série 30. Comme l’a déclaré Paul Grist, la start-up conçoit ces serveurs en partenariat avec Nvidia. La suppression de ventilateurs dans un datacenter nécessiterait leur remplacement par un refroidissement par eau, mais le CEO d’Infinidium affirme que l'air peut suffire. Il explique que si les serveurs sont équipés de dissipateurs thermiques et de ventilateurs pour les refroidir, c’est parce qu’ils sont généralement destinés à des espaces restreints. « Mais la plupart du temps, il est possible de retirer les ventilateurs des serveurs, car ils peuvent fonctionner « correctement » à température ambiante avec le flux d'air adéquat », a-t-il encore expliqué. Cependant, on sait que la température des racks à haute densité destinés aux tâches d’IA notamment peut être élevée. C’est pourquoi Paul Grist admet que la solution d’Infinidium ne convient pas à tous les cas d’usage. « Pour ce qui est de la densité, tout est une question d'équilibre. Nous devons encore tester la densité supportable. Mais nous prévoyons des densités très similaires à celles des datacenters actuels », a-t-il déclaré.
Les systèmes d’Infinidium peuvent s’intégrer à des installations existantes sans nécessiter beaucoup de transformations, ni d’autorisations administratives complexes. La seule chose à faire est d’ajouter des trous d'aération de 4,8 et 2,4 centimètres au plafond, comme pour un évent d'air chaud standard. Le client devra peut-être améliorer le circuit électrique pour l'adapter au réseau électrique d'Infinidium, mais dans l'ensemble, M. Grist a déclaré que les serveurs pourraient être installés dans des bâtiments vides et être opérationnels en quelques semaines. Celui a cependant précisé que les chambres étaient destinées à de nouveaux déploiements et non à remplacer l'infrastructure existante. Ces chambres pourraient permettre de réaliser jusqu'à 75 % d'économies sur les coûts d'investissement, ainsi que des économies sur les coûts de refroidissement, qui, selon le CEO d’Infinidium, représentent jusqu'à 50 % des coûts d'exploitation des datacenters. Outre la poursuite de la R&D, Infinidium construit son propre datacenter « preuve de concept » pour montrer que son système fonctionne réellement. La startup envisage des alliances stratégiques avec d'autres fournisseurs de datacenters, d’infrastructures et opérateurs.