Les relations entre les Etats-Unis et la Chine sont dans une impasse. A force d’appliquer des restrictions d’un côté comme de l’autre, un retour en arrière paraît impossible pour les deux pays tant la liste des sanctions est longue. Cette semaine encore, l’administration Biden a annoncé qu’elle prévoit d’inscrire Yangtze Memory Technologies (YMTC) et 35 autres entreprises chinoises sur une liste noire commerciale appelée Entity List qui les empêcherait d'acheter certains composants américains. Bloomberg indique qu’une source proche du dossier confirme l’allongement de la liste dès cette semaine par le ministère américain du Commerce. Les deux superpuissances économiques n’en sont pas à leur coup d’essai sur le sujet, les Etats-Unis ayant déjà utilisé de ce moyen pour blacklister des entreprises chinoises concurrentielles et porter un coup à leurs activités sur le territoire américain.
YMTC devait notamment fabriquer des puces mémoire pour les terminaux d’Apple. La firme de Cupertino a dans un premier temps annoncé son projet de signer un contrat avec ce sous-traitant chinois moins cher que la concurrence, avant d’y renoncer. La firme est notamment accusée d'entretenir des liens très proches avec le gouvernement chinois et l'armée du pays. Selon un article de Nikkei Asia publié ce 17 octobre, la société a été prise dans le filet des restrictions américaines concernant les fabricants chinois. En octobre dernier, elle figurait déjà sur la liste d’entités non vérifiées. En clair, cela signifie qu'aucune conception, technologie, spécification ou document ne peut être partagé avec l'entreprise. Les employés américains, qui travaillaient dans des postes techniques de base au sein de YMTC, ont également été contraints de quitter l'entreprise. D’autres firmes chinoises ont fait les frais de ces restrictions, à l’instar de l’Huawei Technologies ou Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC).
Un bras de fer de longue haleine entre les deux pays
Pour rappel, les entreprises figurant sur la liste noire des Etats-Unis, appelée « Entity List » (ou liste noire commerciale), ne peuvent pas acheter de technologies à des fournisseurs américains, sauf si elles obtiennent une licence d'exportation spéciale du ministère américain du Commerce. Empêchées d’acheter certains composants, les entreprises ciblées pourraient voir leurs chaînes d’approvisionnement perturbées et leurs activités chuter. En août dernier, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a signé la loi de soutien à l’industrie des semi-conducteurs, le Chips and Science Act. Celle-ci a été approuvée par le Congrès en juillet dernier et prévoit le déblocage d’une enveloppe de 52,4 milliards de dollars de subventions. L'objectif est clair : combattre la pénurie de puces et réduire la dépendance du pays vis-à-vis de la Chine.
Reuters rapporte que lors d'un briefing du ministère chinois des Affaires étrangères jeudi, le porte-parole Wang Wenbin a déclaré avoir exhorté les États-Unis à cesser d'adopter des pratiques déloyales et discriminatoires à l'encontre de certaines entreprises chinoises. « La Chine continuera de défendre les intérêts légitimes et justifiés des entreprises chinoises », a-t-il ajouté. Toutefois, un geste en faveur de Pékin a été fait par l’administration Biden. Plusieurs entreprises chinoises vont être prochainement retirées d’une liste commerciale appelée « non vérifiée », également connue sous le nom de liste rouge commerciale. Leur nombre ainsi que leur nom n’ont pour l’instant pas été dévoilés. Lorsqu’une entreprise est mise sur cette liste non vérifiée, cela signifie que les autorités américaines ne sont pas en mesure de prouver que ces entreprises ne sont pas liées au gouvernement chinois ou à son armée. Cette mesure déclenche un compte à rebours de 60 jours au cours duquel les entreprises devront prouver que leurs activités ne mettent pas en péril la sécurité nationale des États-Unis. Le pays effectue alors de visites sur place pour déterminer s’il peut leur faire confiance pour recevoir des exportations de technologies américaines sensibles. De telles inspections américaines en Chine nécessitent l'approbation du ministère chinois du Commerce. Lorsqu'une entreprise figure sur cette liste rouge, il s'agit souvent d'une étape intermédiaire avant d'être ajoutée à la liste noire, à l'instar de YMTC.
Rappelons également que cette semaine, la Chine a déposé un différend auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour tenter d'annuler les contrôles commerciaux imposés par les États-Unis, arguant qu'ils perturberont le commerce mondial.