La tablette Surface Pro est-elle condamnée à l'échec ? C'est ce que pensent certains au regard des tarifs - 899 dollars HT (version 64 Go) et 999 dollars HT (version 128 Go) - annoncés par Microsoft pour sa tablette x86. Mais comment se situe vraiment la Surface Pro par rapport à la concurrence ?

L'iPad le plus cher, le modèle 64 Go, avec une connexion WiFi et le support 4G/LTE, coûte 829 dollars HT (nous avons gardé les prix en dollars pour être cohérent et poser une échelle de valeur). Donc, comparativement, la version 64 Go de la Surface Pro coûte 70 dollars de plus que l'iPad. Pour 829 dollars, l'iPad offre le haut débit mobile, ce qui n'est pas le cas de la Surface Pro. Mais, celle-ci est dotée d'un port USB 3.0, d'un slot pour carte microSD et d'un connecteur DisplayPort. Microsoft offre également un stylet, qui a son intérêt pour les artistes ou pour la reconnaissance d'écriture manuscrite. Apple ne propose pas de version 128 Go de l'iPad, de sorte que la Surface Pro a un avantage en matière de capacité, à condition d'être prêt à payer pour ça.

Les tablettes Android restent les moins chères 

Si l'on compare la Surface Pro à une tablette Android haut de gamme, les variations de prix sont plus nombreuses. En général, les tablettes Android offrent plus de mémoire, à moindre coût, que l'iPad d'Apple. Par exemple, la tablette Nexus 10 de Google coûte 499 dollars HT en version 32 Go. De même pour la Galaxy Note 10.1 de Samsung, qui dispose d'un numériseur pour la saisie au stylet, comme la Surface Pro. Idem, pour le Transformer Pad Infinity d'Asus. Parmi ces trois tablettes cependant, seule l'Asus propose une version 64 Go, au prix de 600 dollars HT environ, et il faut payer 150 dollars HT de plus pour la station d'accueil avec clavier qui comprend aussi un port USB, un lecteur de carte SD et une batterie supplémentaire. Ce qui fait un total de 750 dollars HT pour cette configuration. La Surface Pro se situe donc au-dessus en terme de prix, mais là encore, elle devrait offrir de meilleures performances et une plus grande polyvalence.

Il est intéressant de remarquer que l'iPad ne permet pas de faire tourner des applications MacOS, et que l'Asus ne peut faire tourner que des applications Android. La Surface Pro permettra d'exécuter des applications Windows 8, soit en mode desktop, soit sous l'interface Windows « métro ».

Surface Pro : une tablette trop chère ou un ultrabook sous-évalué ?

En tant que tablette, le prix de la Surface Pro ne semble pas excessif, bien que celle-ci se situe quand même à l'extrémité supérieure de l'échelle de prix. Mais, si l'on regarde les spécifications de plus près, la Surface Pro n'est pas tout à fait une tablette. Celle-ci intègre un processeur Core i5, 4 Go de RAM, un port USB 3.0, un slot pour carte mémoire flash, et même un mini-connecteur DisplayPort. La Surface Pro ressemble plus à un Ultrabook tactile avec stylet, mais sans clavier. Il semblerait bien que la Surface Pro corresponde à la description que faisait Bill Gates de la tablette PC : « le PC est une tablette ».

La Surface Pro a beaucoup de points communs avec les hordes d'ordinateurs portables hybrides arrivés sur le marché et tournant sous Windows 8. Les différences sont mineures, par exemple le port USB unique de la Surface Pro. Si l'on regarde l'Aspire S7 d'Acer, qui intègre un processeur Core i7, celui-ci offre également un affichage en 1080p et pèse 1,3 kilo. La Surface Pro de Microsoft (moins de 1 kg), pèsera, avec sa Cover (250 grs) moins que l'Aspire S7, pour à peu près les mêmes performances.

Le prix de la Surface Pro est en fait très attractif au regard du prix de certaines autres tablettes fonctionnant sous Windows. Les Series 7 de Samsung affichent un écran légèrement plus grand (11,6 pouces contre 10,6 pouces pour la Surface Pro) et leur prix démarre à 1149 dollars pour un système Core i5 avec 128 Go de stockage, 4 Go de mémoire, et un clavier. À côté de cela, la propre tablette Surface RT de Microsoft, qui tourne sur un processeur ARM Nvidia, coûte de 699 dollars, avec la Touch Cover.

Les mystères du marketing

Un argument fort pourrait être de dire que la tablette Surface Pro est tout simplement un ultrabook sans clavier, avec un stylet en plus. Mais Microsoft ne veut pas commercialiser sa tablette comme un PC ou comme un ultrabook, mais en tant que Surface Pro. Le nom et la segmentation sont importants, car la manière dont une entreprise commercialise son produit montre aussi comment elle veut qu'il soit perçu.

La Surface RT est le premier produit commercialisé avec l'appellation Surface (on met de côté les ordinateurs de table Surface pour le moment, qui restent des produits de niche). Personne ne met en doute le fait que la Surface RT est une tablette. Son prix est dans l'ordre de grandeur des tablettes haut de gamme, elle est mince et légère comme la plupart des tablettes équivalentes, et son autonomie est comparable. Mais, parce que la Surface RT est construite autour d'un processeur ARM Tegra 3 de Nvidia, il n'est pas possible de faire tourner des applications x86 sur cette tablette.

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Le danger n'est pas nul de voir la tablette Surface Pro mise sur le même plan que la Surface RT. Si Microsoft dit que c'est une tablette, alors ce doit être une tablette. Au prix fixé par l'entreprise de Redmond pour la Surface Pro, les gens qui cherchent une tablette sans regarder les spécifications vont probablement ignorer la Surface Pro, uniquement sur le critère du prix. Même si, là encore, ce n'est pas seulement une question de prix.

La large avance des écosystèmes d'Apple et d'Android est aussi un facteur d'attraction important pour les utilisateurs. Il est peu probable que les acheteurs potentiels de tablettes prennent en compte la vaste gamme d'applications de bureau Windows, puisque la firme de Redmond ne cesse de vanter les progrès de son offre d'applications dans le Windows Store. Mais un stock de 20 000 applications semble assez marginal par rapport aux près de 730 000 applications iOS et aux plus de 570 000 applications Android.

Un vrai PC sous Windows 8

Les utilisateurs de PC bien informés, qui identifient la tablette Surface Pro pour ce qu'elle est vraiment - un PC déguisé - pourraient se tourner vers elle. Il y a fort à parier aussi que la plupart de ces utilisateurs achèteront au minimum la Type Cover, et peut-être un clavier Bluetooth complet. Les entreprises peuvent également considérer la Surface Pro avec intérêt, dans la mesure où Microsoft a intégré dans le système de sa tablette des capacités de gestion intéressant les entreprises, comme elle l'a fait dans n'importe quel PC. Celles-ci pourront y installer tous les logiciels que leurs salariés souhaitent utiliser, puisque le Surface Pro est un PC sous Windows à part entière.

Finalement, ce qui risque de tuer la tablette c'est son nom de Surface lui-même, et non le produit en tant que tel. La Surface Pro semble avoir les qualités d'un PC pour faire tourner Windows 8. Mais si les acheteurs potentiels la perçoivent comme une simple tablette trop chère, Microsoft pourrait se retrouver avec un grand nombre de stocks excédentaires et la prochaine assemblée générale de l'éditeur pourrait être très mouvementée.