Rarement un rachat n'aura été aussi rocambolesque. Après avoir abandonné l'idée d'un procès qui aurait pu lui coûter une partie de sa fortune, le milliardaire Elon Musk met finalement la main sur Twitter. Le montant du rachat est imposant - 44 milliards de dollars - et s'accompagne de nombreuses annonces mais aussi d'incertitudes sur l'évolution du réseau social. La première d'entre elle concerne les mesures d'assouplissement souhaitées par le nouveau dirigeant, au nom de la liberté d'expression, qui peuvent heurter. C'est le cas de la porte ouverte au retour de Donald Trump. Cette prise de contrôle est en effet scrutée par de nombreux salariés du groupe mais aussi des utilisateurs et des ONG qui craignent de voir se multiplier sous ce prétexte, la désinformation voire le harcèlement.
« Twitter ne peut évidemment pas devenir un enfer libre pour tous où tout peut être dit sans conséquences. En plus de respecter les lois du pays, notre plateforme doit être chaleureuse et accueillante pour tous, où vous pouvez choisir l'expérience souhaitée en fonction de vos préférences, tout comme vous pouvez choisir par exemple de voir des films ou de jouer à des jeux vidéo pour tous les âges jusqu'au plus mature », a argumenté Elon Musk dans un tweet post-acquisition.
La Commission européenne en veille active
Quelques heures après un autre de ses gazouillis : « l'oiseau est libéré », la Commission européenne a été prompte à réagir par la voix du commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton. Ce dernier a répliqué : « En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes ». Ambiance donc dans un contexte où le règlement sur les services numériques (DSA) publié jeudi et qui s’appliquera dès 2023 prévoit le retrait rapide de contenus contraires aux lois nationales et européennes...
A l'ère Elon Musk, Twitter se montrera-t-il aussi prompt à retirer les contenus gênants qu'avec son ancienne direction ? Cette dernière ne sera quoiqu'il en soit pas là pour le voir car à peine arrivé à la tête du groupe, le nouveau propriétaire a déjà coupé des têtes. Selon le Wall Street Journal ou encore CNBC, le sémillant patron a en effet mis à la porte le CEO Parag Agrawal, le directeur financier Ned Segal, l'avocat général Sean Edgett et le directeur juridique, confiance et sécurité Vijaya Gadde. Le ton est donné !