« Le risque cyber est imperceptible, nous voulons le rendre visible » admet Jean Larroumets, président et fondateur d’Egerie. Dans le but d’aider les dirigeants d’entreprises à quantifier l’impact financier des risques cyber, l’éditeur toulonnais Egerie réalise une levée de fonds de 30 millions d’euros. Ce tour de table a été mené par Tikehau Capital – actionnaire historique – ainsi que Open CNP, la Banque des Territoires et TIIN Capital, un fonds d’investissement néerlandais spécialiste de la cybersécurité. Fondée en 2016, la jeune pousse a rapidement pris du galon et a su trouver sa place dans le domaine de la cybersécurité. Depuis plusieurs années, le risque cyber s’est en effet aggravé et constitue une réelle menace autant pour le secteur public que privé. En ce sens, Egerie a mis au point une plateforme logicielle regroupant plusieurs services : surveillance, pilotage dynamique, cartographie des risques, proposition de mesures de sécurité à mettre en place. Elle guide ainsi les entreprises dans la compréhension et l’évaluation du risque cyber pesant sur leurs différents métiers, et propose de calculer précisément le retour sur investissement des actions menées pour atténuer ce risque.
A travers ces solutions, Egerie s’adresse à différents métiers gravitant autour de la sécurité. D’un côté Risk Manager, une offre dédiée à la cartographie des risques et aux recommandations des moyens de traitement, qui cible les DSI, RSSI et Risk Manager des grandes entreprises et institutionnels. De l’autre, Privacy Manager, une offre conçue spécifiquement pour les DPO des grandes structures pour les accompagner dans la gestion de la conformité avec la réglementation et le RGPD. « L’ensemble des paramètres d’un risque sont liés dans notre modèle par un système expert que nous dénommons « équation ». Ce dernier que nous avons perfectionné depuis 10 ans est désormais parfaitement opérationnel et stabilisé. Nous sommes donc en mesure de modéliser toutes les conséquences financières et opérationnelles d’un risque cyber sur un processus métier » déclare Jean Larroumets. Selon l’éditeur, les utilisateurs peuvent « établir un jumeau numérique comprenant les actifs techniques et métiers de l’entreprise » et, en s’appuyant sur son système décisionnel, en déduire une stratégie de cybersécurité efficace. « Notre plateforme prend en compte chaque action de correction et recalcule automatiquement le nouveau niveau de risque, et notamment son coût » ajoute-t-il.
La plateforme développée par Egerie qui s'apparente à une cartographie des risques propose différents services incluant la simulation de pertes financières, les mesures à prendre et mises en place, ainsi que le but visé. (Crédit : Egerie)
Une feuille de route bien définie, l'Europe dans le viseur
300 entreprises et organisations sont aujourd’hui clientes d’Egerie. Parmi eux, se trouvent des acteurs internationaux comme Accenture, Engie, GRTgaz, Orange ou encore Veolia ainsi que des organisations du secteur public faisant régulièrement l’objet de cyberattaques : le CHU Bordeaux, le Conseil de l’Europe, la DGA, les Hospices civils de Lyon ainsi que Lyon Aéroport. L’éditeur emploie 90 personnes réparties entre ses bureaux à Toulon, Paris et Londres et s’appuie sur près de 450 consultants pour accompagner les clients dans le déploiement de solutions de cybersécurité. Avec une présence dans 90 pays soutenue par ses clients grands comptes et des entreprises partenaires, Egerie réaffirme son ambition d’expansion internationale en Europe avec la conquête de nouveaux marchés grâce à cette levée de fonds. « L’objectif de cette levée est d’accélérer notre croissance et de garder cette avance technologique que nous avons. Nous avons une stratégie de croissance en Europe qui repose notamment sur la création de filiales en Europe du Nord, au Royaume-Uni ainsi qu’en Europe de l’Est et Europe du Sud. Nous voulons passer de 90 personnes à 180 fin 2023 » détaille Jean Larroumets.
Côté finances, les fondateurs mettent la barre haute : « Notre objectif est de multiplier par 10 notre chiffre d’affaires pour atteindre 50 millions d’euros d’ici fin 2026 » ajoute Jean Larroumets. Ainsi, 25 % des fonds levés iront dans la R&D afin de perfectionner la plateforme. Une V4.2 est d’ailleurs prévue dans le courant de l’année, afin de proposer le pilotage du risque distribué ainsi qu’une meilleure automatisation et des connecteurs. « Avec cette nouvelle levée de fonds, nous allons continuer à investir dans l’automatisation de la récupération des données ; nous allons pouvoir développer également des fonctions spécifiques de reporting pour les assureurs. Nouvelles fonctionnalités qui seront d’autant plus appréciées que la directive européenne NIS 2 (Network Internet Security) doit être transposée au plus tard en octobre 2024 et obligera les entreprises à présenter les mesures de sécurité adaptées au regard des risques encourus » précise Pierre Oger, directeur général et fondateur d’Egerie. Le développement de fonctions à destination des assureurs devrait permettre d’« adresser les ETI que l’on a du mal à cibler aujourd’hui » conclut Jean Larroumets.