Ah... La fameuse transformation digitale, pardon numérique, qui est devenue l’Alpha et l’Omega de toutes les entreprises en quête de survie ou de rationalisation de leurs activités. La banque : forcément en ligne avec des services mobiles incroyables comme les apps pour lunettes connectées qui permettent de trouver une agence dans la jungle urbaine. On se demande d’ailleurs pourquoi puisque les agences sont censées être dématérialisées. Les conseillers en clientèle, inutiles pour les clients lambda puisque l'on peut faire appel à un système cognitif avec des opérateurs virtuels aux réponses préprogrammées. Les clients de la banque privée auront toujours des conseillers en chair et en os, on se demande bien pourquoi puisque l’heure est au numérique. Héler un taxi dans la rue, vous n’y pensez pas ! Inutile de lever les yeux puisque grâce à son smartphone on peut avoir dans les 10 minutes une berline de luxe avec un chef d’entreprise comme chauffeur.
Plus sérieusement, les entreprises sont aujourd’hui confrontées à une remise en cause de leurs activités traditionnelles et challengées par des start-ups sans héritage informatique à gérer. Ces dernières sont de plus nativement connectées à leurs clients et partenaires avec par exemple la disponibilité en temps réel de leurs services et l’analyse continue des données récoltées sur le terrain pour adapter les tarifs en fonction de la demande. Lors de la grève des taxis à Paris le mois dernier ou du métro londonien cette semaine, les prix d’Uber ont, par exemple, immédiatement triplés. Le croisement parfait entre les analyses big data et la déréglementation. Dans un avenir proche, on peut imaginer que la grande distribution suivra le même exemple et augmente ou baisse en temps réel le prix des denrées alimentaires dans les magasin ou sur les sites web en fonctions du cours des produits agricoles. Entre le rayon et la caisse, le prix d’un litre de jus d’orange pourrait doubler si le cours augmente à la bourse de NY ou celui du café Robusta descendre si la cotation s’effondre à Londres. Vous me direz que c’est aujourd’hui impossible car la distribution est encore obligée de vendre ses produits aux prix étiquetés mais. Mais avec la magie de la transformation digitale, ces étiquettes devenues numériques pourraient parfaitement évoluer en temps réel en fonction de l’offre et de la demande...
Les consultants ont commencé à vendre ces transformations à leurs clients traditionnels en s’inspirant des méthodes des start-ups. Les taxis G7 proposent enfin la localisation des taxis les plus proches, EDF commence à remonter les données de ses clients pour adapter sa production, les promotions chez Macy's s'alignent sur le programme de fidélisation clients… Capgemini a produit une bien belle matrice avec le concours du MTI Sloan School of Management pour indiquer aux entreprises comment digitaliser leurs activités afin d’améliorer leur temps de réaction et in fine leurs performances. En fait l’eldorado numérique était déjà dans les entreprises. Il s’agit bien sûr des données clients, mais elles restaient insuffisamment exploitées. Et grâce à la transformation digitale, le big data va vite reléguer big brother à la préhistoire.