Neuf ans après le catastrophique lancement du projet de cloud souverain Andromède, annoncé avant l’élection présidentielle de mai 2012 et porté par l’État, Orange, Thalès et Dassault Systèmes (Capgemini avait préféré se retirer du projet), le paysage français du cloud est en passe d’être totalement dominé par des acteurs étrangers. Les datacenters à 20 mégawatts poussent comme des champignons pour accueillir les infrastructures d’AZURAWSGCP sur les épines dorsales réseau. Pas de fournisseurs allemands, espagnols ou britanniques sur le podium mais des géants américains et chinois. Les prétendants français se sont pragmatiquement ralliés à ces acteurs : Huawei (avec OpenStack ) s’est imposé en catimini chez Orange, Deutsche Telekom et Telefonica; AWS chez Orange ; Google Cloud chez OVH qui va également travailler avec Nutanix ; VMware chez un peu tout le monde ; et, dernier exemple en date, Microsoft Azure chez OBS et Capgemini avec le projet Bleu.
Loin de moi l’idée de pointer un quelconque retard technologique en France, mais, même après l’échec d’Andromède, il faut noter l’incapacité des fournisseurs français et même européens à s’accorder autour d’un solide projet cloud. Gaia-X est infiltré par les AZURAWSGCP et, même sans Privacy Shield, les entreprises et le secteur public français se tournent de plus en plus vers les trois plus gros acteurs du marché. Aucun fournisseur en Europe n’est capable d’aligner des IaaS, PaaS et SaaS aussi complets et innovants qu’AZURAWSGCP. Et ne venez pas me parler d’un fournisseur des Hauts-de-France qui a été surmédiatisé ces derniers mois. Alors, un cloud souverain bleu azur nous parait abracadabrantesque quand on connait les contraintes du Cloud Act mis en place par l’administration Trump. Mais, comme il s’agit d’une offre que les entreprises attendent, le mirage peut faire illusion.