Le CTO de Resilient Systems, un éditeur spécialisé dans les solutions de cybersécurité et aujourd’hui dans le giron d’IBM, Bruce Schneier joue au lanceur d’alertes. La semaine dernière, ce spécialiste en sécurité et cryptographie a en effet publié sur son blog un billet au titre évocateur «  Quelqu’un est en train d’apprendre à détruire Internet » expliquant qu’un groupe de cyberhackers piloté par un état teste aujourd’hui les capacités de résistance d’Internet et cible des éléments clefs du réseau.

Depuis un an ou deux, de grandes entreprises fournissant l’infrastructure de base d’Internet sont harcelées par des attaques DDoS massives pour jauger leurs capacités de résistance et sonder leurs limites. Si Bruce Schneier s’est engagé auprès de ces compagnies à ne pas donner de détails, il cite tout de même une étude de Verisign qui recense chaque trimestre le niveau des attaques DDoS. La conclusion du document est parfaitement explicite : « au deuxième trimestre 2016, les attaques ont continué à devenir plus fréquentes, persistantes et complexes ». Verisign est à la fois l'un des principaux registrars (.com, .net et .name), qui gère deux des treize serveurs racines du DNS – et donc une cible potentielle des cyberhackers – et un fournisseur de services antiDDoS.

 

La question est donc de savoir qui finance ces attaques extrêmement calibrées qui ne doivent rien au hasard. Cette cyberguerre froide mettrait aujourd’hui aux prises les États-Unis d’un coté et la Chine de l’autre. Il n’est plus question d’avions U2 avec des caméras mitraillant les installations soviétiques ou d’agents dormants activant les réseaux pacifistes antiPershing II mais d’attaques DDoS et de sondes d’intrusions tentant de pénétrer les firewalls des entreprises pour dérober des informations et bloquer des plate-formes cloud. Architecture décentralisée et distribuée, Internet a été conçu dès l'origine comme une plate-forme résiliente capable de résister à la destruction de plusieurs de ses noeuds. On saura très bientôt si un état voyou est capable de faire tomber un des chantres de la mondialisation.