Transfuge de la hollandie socialiste (campagne numérique du candidat en 2012), Mounir Mahjoubi, ancien président du Conseil national du numérique, est passé au service d’Emmanuel Macron en janvier dernier. Et hier dans un post de blog, le directeur de la campagne numérique d’En Marche, avec Didier Casas, conseiller du candidat pour les questions régaliennes, a défendu les propositions sécuritaires du candidat Macron sur les libertés individuelles à l’heure des menaces terroristes. L’ancien ministre de l’Economie souhaite que les services de sécurité puissent accéder aux communications chiffrées des suspects.
Comme le dit le sémillant communicant « : Dans un pays démocratique et un Etat de droit, le respect des libertés ne doit pas empêcher la garantie de la sécurité des citoyens ». Et donc : « la position de principe d’Emmanuel Macron repose tout à la fois sur l’attachement absolu au secret des correspondances et le souhait que les services de sécurité puissent accéder au contenu des informations échangées par des terroristes ou des personnes surveillées ». Et un peu plus loin : « Il est donc essentiel d’appliquer [aux] opérateurs des obligations de coopération et de traitement des demandes. »
Un candidat solidaire avec son ancien gouvernement
Ces positions martiales ne concernent pas seulement les opérateurs français de l’Internet mais un grand nombre d’entreprises comme Apple, Microsoft, Signal ou Telegram – très apprécié par les hommes politiques français selon nos confrères de l'Express - qui collaborent plus ou moins avec les autorités (voir le dernier rapport de l’Electronic Freedom Foundation). Mais en France depuis la loi 2669 relative au renseignement, il n’y a plus vraiment de débat puisque les forces de l’ordre peuvent faire à peu près tout ce qu’elles veulent sous l’égide de la CNCTR (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement).
Emmanuel Macron était d’ailleurs au gouvernement quand cette loi a été votée et on ne l’a guère entendu à l’époque. Si son programme semble surprendre certains, rappelons que parmi ses soutiens, on compte Jean-Yves Le Drian, le toujours ministre de la Défense. On peut donc bien parler d’héritage et de continuité entre le dernier gouvernement de François Hollande et le candidat auto-désigné. A la question de savoir s'il est nécessaire de sacrifier beaucoup de libertés publiques pour un peu plus de sécurité, la messe est déjà dite.