2022 est, comme prévu, l'an I de l'ère du véritable SaaS chez EBP. Le 29 septembre, l'éditeur français de logiciels de gestion a enfin lancé ses premières offres spécifiquement développées pour le cloud. Dans le même temps, il a fait savoir que l'ensemble de son catalogue aura été réécrit en mode full web d'ici 2025. Les solutions immédiatement disponibles sont celles dédiées à la comptabilité et à la gestion commerciale des TPE. Elles sont hébergées sur Azure et conçues à partir d'une technologie maison baptisée Hubbix. « Issue de quatre années de R&D en interne », cette dernière sera le socle de l'ensemble des offres SaaS que l'éditeur livrera dans les 20 à 25 années à venir. Dans un futur plus proche, ce sont les offres de compta et de gestion qu'EBP dédie aux PME, acteurs du bâtiment et associations qui bénéficieront d'un développement avec Hubbix.
Le mode hébergé est une réalité chez EBP depuis 2013. Mais, pour le mettre en oeuvre, l'éditeur proposait en fait un accès distant aux versions on-premise de ses logiciels en les installant sur ses propres serveurs. « Techniquement, ces produits répondent à 90% des besoins des clients mais ne sont pas faits pour le web. Ils sont trop lourds, pas responsives, ne s'émancipent pas de la couche Citrix ou TSE et son inexploitables tels quels depuis un smartphone. En outre, il est compliqué de les faire interagir avec d'autres applications développées en full web », expliquait Grégoire Leclercq, le directeur général adjoint d'EBP, en avril 2021, dans les colonnes de Distributique. Hubbix met fin à cette situation, propose de nombreuse API ouvertes, et exploite une architecture composée d'un coeur métier et de micro-services qui interagissent.
La revente de offres SaaS débutera au printemps 2023
La réécriture des gammes d'EBP va, en outre, grandement faciliter la mise en oeuvre de certains mécanismes comme la synchronisation des comptes bancaires. Elle s'accompagne aussi de la création d'une plate-forme de gestion de l'ensemble des offres de nouvelle génération de l'éditeur auxquelles pourraient souscrire une entreprise. Son but est d'offrir une gestion à 360° des devis, factures, règlements, trésorerie, avec une automatisation de la comptabilité. Elle permet aussi de créer des connexions avec des établissement bancaires, d'ajouter des accès utilisateurs, et offre des fonctions collaboratives avec l'expert-comptable d'une entreprise. « A terme, nous souhaitons y ajouter des tableaux de bord de gestion qui agrègeraient des indicateurs provenant des différents produits d'EBP », indique Grégoire Leclercq.
Pour l'heure, la commercialisation des solutions développées sous Hubbix n'est pas encore ouverte aux 420 partenaires certifiés PE et PME par EBP et qui génèrent 40% de ses revenus. L'éditeur préfère « essuyer les plâtres » lui-même et associer ses revendeurs à la diffusion de ses nouveaux logiciels aux alentours du printemps 2023, uniquement pour équiper de nouveaux clients à ce stade. Un délai qui lui laissera aussi le temps de développer une plateforme d'administration que ses revendeurs pourront utiliser pour ouvrir des comptes clients, créer des sièges ou encore gérer les modalités de paiement. La migration des clients déjà en portefeuille (25 000) vers le SaaS s'étalera, elle, de 2024 à 2030. Quant aux offres d'ancienne génération, il est prévu qu'elles soient maintenues jusqu'en 2028, voire deux années de plus. Si Grégoire Leclercq qualifie le passage de l'offre d'EBP au mode full web de révolution, il n'hésite pas à associer le même terme au futur des relations commerciales entre l'éditeur et ses partenaires. « Tout va changer mais en douceur », assure-t-il, ajoutant qu'EBP « va continuer à rémunérer ses partenaires sur la revente de ses produits mais surtout pour leur valeur ajoutée. »
La prime aux partenaires développeurs de modules logiciels
Au dire de l'éditeur, ses partenaires disposent actuellement d'une remise de 40% qui rémunère leur action commerciale, l'installation et le paramétrage du logiciel chez le client, le déploiement des mises à jour, la configuration du ou des postes et les formations. Avec le SaaS, les interventions pour les mises à jour et l'installation disparaissent logiquement, tandis que les prestations sur le paramétrage se réduisent. « La baisse de la valeur ajoutée des revendeurs dans ces domaines induira logiquement moins de rémunération. En revanche, nous rétribueront davantage la consommation d'API, soit le développement de modules connexes à nos logiciels, voire le fait de faire interagir les produits d'éditeurs tiers avec les nôtres », précise Grégoire Leclercq. « Nous allons également discuter de la rémunération des partenaires dans le temps pour la revente de nos offres SaaS. Il sera par exemple question de savoir s'il doit être rémunéré davantage la première année d'engagement du client et moins les suivantes », poursuit-il. Il est probable qu'un changement de politique commerciale partenaires aussi important risque de créer des remous au sein du réseau de distribution de l'éditeur. D'autant que les revendeurs qui n'ont pas les compétences pour développer eux-mêmes des modules additionnels risquent de ne pas trouver d'alternative à la baisse de remise qui les attend.