Spécialiste de la signature électronique, l’éditeur américain DocuSign étend son champ d’action à l’ensemble du cycle de vie des accords, à travers sa suite Agreement Cloud en mode SaaS. Celle-ci regroupe un ensemble de solutions qui couvrent également la génération du document, la phase de négociation et, après l’e-signature, prennent en charge la gestion des accords (pour le suivi, le renouvellement, etc.). Cette extension du périmètre fonctionnel ouvre sur un marché beaucoup plus large au niveau mondial, celui de l'agreement cloud. Olivier Pin, directeur général de DocuSign France, rappelle qu'il est évalué en 2020 à 50 Md$, soit le double de l'e-signature. Ces marchés comptent plusieurs spécialistes français tels que Docaposte, Universign, Yousign, Oodrive (LegalBox) ou Netheos.
« On s’aperçoit vite que, dès lors qu’on digitalise la signature, cela a des conséquences sur l’ensemble du cycle de vie des accords », explique Olivier Pin. « Dans la phase de préparation, il faut générer le document avec toutes les données des clients, des prospects, ou des employés s’il s’agit d’un processus RH. Lorsque le document est signé, il y a des intégrations à travers des API vers d'autres applications qui prennent des données dans le contrat pour actualiser leur propre système et mettre en place le produit ou le service sur lequel porte l’accord. » L’action automatisée derrière la signature d’un contrat entraîne un besoin d’intégration avec de nombreuses applications transversales. « Le dernier aspect, un peu différent, c’est la gestion de ces accords dans le temps. On peut les indexer, les rechercher, exécuter des processus d’intelligence artificielle sur ces contrats pour les comparer et puis également mettre en place des processus automatiques pour les renouveler ou engager certaines actions en avance de phase », décrit le DG de la filiale française. « En gérant correctement les contrats, on pourra en optimiser le renouvellement ou l’extension, ou les revisiter en cas de nouvelle réglementation risquant de les impacter ».
Intégrations avec Salesforce, MS Dynamics ou SAP
DocuSign a fait évoluer son offre vers l'Agreement cloud en voyant ses clients commencer à intégrer eux-mêmes les fonctions de signature électronique, en amont avec leurs outils de préparation à la vente et, en aval, avec leurs systèmes transactionnels. Désormais, l'éditeur propose ces intégrations dans sa plateforme Agreement Cloud qui s’est enrichie il y a quelques semaines de solutions pour les utilisateurs de Salesforce, telles que DocuSign Gen et Negociate. La première permet de générer des documents intégrant les données du logiciel de CRM cloud. « Cela permet de créer des documents assez élaborés, au format Word ou PDF, avec une logique conditionnelle en fonction de certaines données », indique Olivier Pin. L'autre solution, Negociate, « permet non seulement de générer des documents, mais d’avoir ensuite au sein de Salesforce tout un cycle de négociation, de revue de l’accord, de redligning et de correction », détaille le DG. « C’est un apport-clé parce que dans de nombreux processus de vente ou d’onboarding de nouveaux fournisseurs ou de points de vente, il y a toujours un moment où la négociation porte sur un contrat, un document. Au sein des processus macros gérés dans Salesforce, il y a besoin d’avoir des processus plus rapides pour générer des documents, les consulter, les corriger et avoir des workflows d’approbation tout en gardant l’utilisateur dans l’application pour un maximum d’efficacité et d’autonomie ». Pour les entreprises, les fonctions sont plus simples à déployer avec moins de conduite du changement que s’il fallait recourir à une autre application, fait valoir le DG.
Dans l’offre DocuSign, différents connecteurs permettent d’intégrer la signature électronique dans la gestion des cycles de vente d’autres applications de CRM, en particulier celles de Microsoft ou SAP. D’autres cas d’usage sont associés au département ressources humaines et à la signature des contrats de travail, en intégration avec SuccessFactors ou PeopleDoc. Autre champ couvert, celui des achats, avec par exemple SAP Ariba pour gérer les processus de signature de contrats depuis l’interface d’Ariba, ou encore le onboarding de fournisseurs, avec Salesforce comme le font, dans l’industrie, des clients comme Shell ou Unilever. En France, Sowee, filiale d’EDF, gère son portail client sur l’application Salesforce pour générer des contrats d’adhésion et les faire signer directement sur ce portail en self-service. « Nous construisons des offres complètement intégrées qui rendent l’expérience client très simple pour les utilisateurs internes et externes, sans avoir à changer d’application », souligne Olivier Pin.
Hébergement des données en Europe
Parmi son portefeuille de 577 000 clients payants, l’éditeur dénombre des entreprises de toutes tailles dont de nombreuses TPE et PME qui peuvent tester l’application en self-service sur le site. « Nous avons des solutions qui s’adaptent aux différents segments de marché. Pour les grandes entreprises, la plateforme Agreement Cloud fournit la solution DocuSign CLM, contract lifecycle management, qui apporte des capacités de workflow plus sophistiquées et plus complètes », ajoute le DG France qui évoque des économies de coût et de temps sur la mise en place de la signature électronique en citant l’exemple du client Banque Casino. Dans le cadre d’un pilote, celui-ci s’est rendu compte que les dossiers revenaient beaucoup plus rapidement, en quelques heures au lieu de quelques semaines, avec un taux de complétion des données en augmentation significative.
En Europe, pour gérer ses applications SaaS et les données de ses clients, l’éditeur américain a répliqué la même infrastructure d’hébergement qu’il a déployé aux Etats-Unis avec trois datacenters installés à Paris, Amsterdam et Francfort.