A quelques jours d'écart, deux études ont pointé l'émergence du CDO (Chief Digital Officer, Directeur du Numérique) et les risques qui en découlent. Ces risquent concernent bien sûr la position du DSI (CIO) mais aussi l'entreprise elle-même. Même si les chiffres sont différents d'une étude sur l'autre, la tendance générale est la même. Le CDO arrive et les entreprises ne sont pas nécessairement sauvées par ce nouveau cadre dirigeant.
Selon le cabinet Forester, 45% des entreprises et des gouvernements dans le monde ont d'ores et déjà recruté un CDO, 16% prévoyant de le faire dans les douze prochains mois. Les entreprises connaissant une forte croissance de chiffre d'affaires (au dessus de 10%) sont plus enclines à embaucher un CDO (64% l'ont fait). Pour CSC, moins de 40% des dirigeants actuels des entreprises sont aptes à mener la révolution numérique et le besoin d'un CDO se fait alors sentir.
Un jeu de pouvoir dangereux pour les DSI comme pour les entreprises
Forrester focalise son étude sur le rôle et la position hiérarchique du CDO. Ainsi, le CDO, selon le cabinet d'analyse, est, selon les cas, le superviseur de la qualité des données, le responsable de la gouvernance de celles-ci, le pilote de l'obsession client au travers de la connaissance client ou l'évangélisateur de la culture des données. Selon les cas, il peut être rattaché soit au DSI soit au DG, avec une répartition identique entre ces deux possibilités. Mais il semblerait qu'on attende surtout de lui qu'il fasse le lien entre la technique de la DSI et le besoin métier, notamment de la direction commerciale.
La position du CDO et les jeux de pouvoir au sein du comité exécutif constituent, en complément, le sujet d'intérêt de CSC. Selon l'étude diffusée par CSC, les DSI estiment être les plus légitimes à diriger les projets autour du numérique mais, au final, seulement 35% d'entre eux effectueront réellement leur pilotage. Les directeurs marketing sont évidemment volontaires pour cette même mission mais la transformation numérique ne peut pas se résumer à leur seul périmètre. C'est pour dépasser cette impasse que surviennent les embauches de CDO.
Mais l'existence même du CDO devient alors une menace. Il ne s'agit pas d'une menace réelle contre le DSI lui-même mais plutôt un double risque : d'une part que le DSI ne soit plus en charge que de projets condamnés à l'obsolescence rapide, d'autre part que le numérique ne soit plus un projet d'entreprise mais un ensemble de tâches limitées entre les mains du CDO.