Devant des analystes, John Chambers dresse la nouvelle feuille de route de Cisco
Le nouvelle organisation de Cisco permet au numéro 1 des réseaux de lancer de nouvelles initiatives en moins de 60 jours. John Chambers, le PDG, entend profiter d'une fenêtre d'opportunité pour devenir le numéro 1 mondial des communications. Il défend une approche globale qui rassure les DSI.
« Notre activité effrénée de ces derniers temps n'aurait pas pu être possible si Cisco n'avait pas modifié sa structure de management en créant des conseils et des comités transverses mobilisant 650 personnes, qui recherchent de nouveaux marchés susceptibles d'être rémunérateurs » a déclaré John Chambers, le PDG de Cisco, lors d'une conférence organisée le 8 décembre à destination des analystes financiers, au siège de son entreprise à San Jose (Californie). « Nous sommes plus agressifs cette année que nous ne l'avons jamais été »affirme John Chambers. Il a alors relevé plusieurs actions clés menées par sa société ne serait-ce qu'entre le 1er octobre et la mi-novembre. Cisco a réalisé quatre grandes acquisitions dans le monde, et noué un partenariat avec EMC et Vmware.
Les acquisitions concernent Starent Networks, spécialiste des infrastructures IP sans fil, et Tandberg, fabricant de systèmes de visioconférence. « Cisco n'aurait pas pu réaliser tout cela sans une nouvelle organisation de management mise en place ces dernières années, et qui a mis fin au mode classique de type 'Commande et Contrôle' dans lequel une poignée de dirigeants mène toutes les nouvelles initiatives. »
Cette nouvelle organisation avait soulevé un certain scepticisme lorsqu'elle a commencé à prendre forme à une grande échelle en 2007. John Chambers l'avait défendue en tant que nécessité pour Cisco de pénétrer 30 nouveaux marchés adjacents à l'activité centrale de Cisco dans les réseaux. Une démarche qui est en cours et que John Chambers entend étendre. « Cisco peut désormais démarrer une nouvelle action en moins de 60 jours grâce à ces équipes transverses prenant l'initiatve» souligne John Chambers.
Photo : John Chambers, le charismatique PDG de Cisco, est l'un des experts les plus écoutés de la Silicon Valley. Il voit un fragile redémarrage de l'économie et se positionne comme le futur numéro 1 mondial des communications (Photo d'archives) (D.R.)
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John Chambers s'est montré optimiste, baptisant le premier trimestre fiscal 2010 de Cisco - achevé le 24 octobre - « l'étape 1 d'un redémarrage économique. »Ce redémarrage est cependant « toujours très fragile » a-t-il ajouté. Mais il se sent tout à fait à l'aise avec sa prévision d'une croissance de 12% à 17% sur un rythme annuel de son chiffre d'affaires sur le long terme. Les domaines identifiés par le PDG étant les plus intéressants sont la vidéo, la collaboration et la virtualisation. « La video et la collaboration sont les deux domaines que nous investirons cette année »a annoncé John Chambers.
Se projetant plus loin, John Chambers a pointé le domaine du transport du courant électrique comme pouvant tirer bénéfice de l'expérience de Cisco. Cette industrie électrique a 360 protocoles et quasiment aucune sécurité, un peu comme aux débuts d'internet, quand Cisco a démarré et fait fortune grâce à ses routeurs.
John Chambers a minimisé la concurrence croissante alors que Cisco s'étend, en particulier en ce qui concerne son architecture UCS (Unified Computing System) qui comprend ses premiers serveurs, lancés en début d'année. « Je sais que vous voulez que je parle de HP, ou que vous voulez que je parle de Huawei. Nous ne réagissons pas à ce que font nos concurrents. Nous réagissons aux changements du marché. Et réagir rapidement à ces changements amène de solides revenus pour Cisco»a déclaré John Chambers.
« Il y a une fenêtre d'opportunité durant laquelle le réseau aura une chance d'être le déclencheur du futur des technologies de l'information, et le futur des communications. C'est là que nous pouvons devenir la première société des technologies de l'information et des communications » affirme John Chambers.
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« Nous ne nous battons pas sur des produits individuels ou cela va se terminer dans une guerre des prix avec des concurrents chinois comme Huawei. En revanche, nous devons devenir partenaire de grandes entrerprises et de gouvernements, et leur vendre des architectures complètes afin qu'ils réduisent leurs coûts et dopent la productivité sur le long terme.»
Ce discours n'est pas nouveau pour Sam Wilson, analyste chez JMP Securities, qui assistait à la conférence. « Cisco ne gagne jamais quand c'est produit contre produit. Son approche architecturale réussit car de nombreux produits s'y connectent, et cela rassure les DSI. Ces derniers ont peur des risques. Ils ne sont pas payés pour prendre des risques »résume l'analyste.
Cette analyse fait écho à une très ancienne interview que John Chambers avait accordé à la presse française. Il déclarait : "Le critère du prix n'arrive qu'en troisième ou quatrième position au moment du choix. La raison pour laquelle nos clients nous retiennent c'est parce qu'ils savent que nous serons toujours là pour eux." Une promesse de pérennité et de disponibilité que peuvent également annoncer les nouveaux concurrents de Cisco que sont HP et IBM. De même, l'approche architecturale globale défendue par Cisco a souvent causé du tort à ses concurrents traditionnels tels que Juniper. Reste à voir si cela va marcher contre IBM et HP, a conclu pour sa part Sam Wilson.