Désaffection des filières scientifiques : le HCST préconise une meilleure formation des professeurs
Le HCST (Haut conseil des sciences et de la technologie) a publié un avis sur la désaffection des jeunes pour les études scientifiques supérieures. Conclusion : il préconise une sensibilisation à la science et à la technologie beaucoup plus tôt à l'école pour « casser » une image négative, susciter des vocations et réhabiliter les filières technologiques, considérées comme des roues de secours en cas d'échec dans les filières générales.
Quelques mois après son installation, le HCST (Haut conseil des sciences et de la technologie) a rendu un premier avis sur la désaffection des jeunes pour les études scientifiques supérieures (hors professions de la santé). Sans surprise, le HCST va dans un sens semblable aux différentes études qui montrent le peu d'entrain pour les élèves pour les sciences et les technologies. A l'instar de l'analyse du Syntec Informatique qui a tiré la sonnette d'alarme en mars dernier en lançant une campagne destinée aux 15-24 ans et intitulée « changeurs de monde » (pour inciter les jeunes à rejoindre le monde informatique), le HCST déplore le manque d'attractivité des sciences et de la technologie auprès des jeunes. Trois raisons majeures : une image de la science et des scientifiques « peu flatteuse voire assez dégradée » ; des programmes inadaptés et « une démarche pédagogique plus orientée vers la sélection que vers la formation à la pratique scientifique » ; des perspectives professionnelles peu attractives au vu d'études longues et difficiles. Et d'une manière transverse, la présence des filles dans les filières scientifiques est préoccupante : 58% de femmes présentes à l'université en 2006 mais 25% seulement dans les sciences fondamentales et dans celles de l'ingénieur.
La filière technologique : la solution de remplacement en cas d'échec dans la filière générale
Pourtant, le HCST est convaincu que cette désaffection n'est pas une spécificité française puisque sur le plan européen, le nombre d'étudiants dans les facultés de sciences a baissé de 10% en 10 ans - alors que dans le même temps le nombre total des étudiants connaissait une légère croissance. De plus, la France aurait même un net avantage. Selon le HCST en effet, « si dans les autres pays développés cette désaffection apparaît dès le collège, elle semble ne se manifester en France qu'à l'entrée de l'enseignement supérieur, le nombre de bacheliers dans la section scientifique de la voie générale étant pratiquement stable depuis 10 ans. »
Le problème est que les meilleurs élèves diplômés d'un baccalauréat scientifique se servent de ce sésame pour aller dans les filières santé ou dans les classes préparatoires. Mais, indique le rapport, « les formations dispensées et les débouchés traditionnels des écoles, y compris celles qui forment des ingénieurs, conduisent rarement leurs élèves à choisir des carrières scientifiques, si l'on excepte les Ecoles normales supérieures. On doit s'interroger sur la séparation propre en France entre universités et grandes écoles. »
Quant aux filières technologiques, elles sont encore le reflet d'un élitisme à la française, roues de secours lorsque l'étudiant ne réussit pas ailleurs : « les élèves ne se dirigent vers les séries technologiques du second cycle général et technologique, ou vers le second cycle professionnel, qu'en cas d'échec dans les disciplines d'enseignement général. »
Le HCST préconise une meilleure formation en sciences des professeurs des écoles puisque les deux tiers des élèves du primaire ne reçoivent aucune exposition à la science ou à la technologie. Il prône également une revalorisation des métiers scientifiques, pour donner aux élèves de meilleures perspectives professionnelles qu'aujourd'hui.