L'ouverture prochaine de 42, l'école d'informatique gratuite et ouverte à tous lancée à l'initiative du patron de Free Xavier Niel,  fait réagir les représentants de grandes écoles d'informatiques parisiennes. Alick Mouriesse, président de Supinfo, salue  cette initiative. « Très sincèrement, je pense qu'il s'agit d'une bonne nouvelle dans le contexte économique actuel », souligne-t-il. « Ce projet profite de la bonne santé du secteur du numérique et a le mérite de s'adresser à des candidats exclus du système. Je ne peux que me réjouir des initiatives ambitieuses et généreuses d'un homme qui a réussi et a su restituer son temps et son parcours pour le redistribuer auprès du public. ».
Toutefois, pour le dirigeant, il ne faudrait pas que l'école insiste sur l'inutilité d'un diplôme reconnu par l'Etat ou d'une certification. « Les diplômes ont de la valeur », insiste  Alick Mouriesse. « Le système éducatif français a fait des efforts et délivre des formations IT qui ont été modernisées. Ce n'est pas sain de jeter du feu sur le travail des enseignants. La France bénéficie de l'expertise de nombreux diplômés qui ont su innover ». En outre, le représentant de Supinfo estime que les méthodes appliquées par 42 permettent de former des développeurs et des codeurs mais pas des managers. « Les entreprises nous disent qu'elles souhaitent recruter des cadres et des chefs de projet capables d'encadrer des programmeurs », souligne-t-il « Or, 42 ne fonctionne pas sur une logique de formation de cadres ».
Des interrogations sur la méthode de sélection
Autre point soulevant les interrogations du dirigeant : le système de sélection appliqué par l'établissement de Xavier Niel. « Certaines questions  sur les connaissances des candidats m'ont surpris, notamment celles qui portent sur des sujets comme Star Wars », confie le président de Supinfo. Par ailleurs, la « piscine », méthode qui consiste à sélectionner les candidats sur leur aptitude à coder pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, ne lui plaît guère. « Nous n'encourageons pas cette méthode, car nous considérons qu'elle repose sur l'exclusion », considère-t-il, « Que vont devenir ceux qui ne seront pas retenus ? En effet, si les chiffres annoncés s'avèrent exacts, seules 1 000 personnes auront la chance d'accéder à une plate-forme d'apprentissage. Pour les autres, ce sera de nouveau le retour à l'exclusion. »
Fabrice Bardèche, vice-président exécutif de Ionis Education Group, qui rassemble une vingtaine d'écoles de commerce et d'ingénieurs parmi lesquelles l'Epita, l'Epitech, SUP'Internet, et l'ETNA, se réjouit également du projet lancé par Xavier Niel. « Nous souhaitons une belle réussite aux anciens d'Epitech et d'Epita, Nicolas Sadirac et Kwame Yamgnane ainsi qu'à Florian Bucher, dans cette aventure. », a-t-il déclaré  « Nous avions bien anticipé leur départ. C'est une bonne nouvelle d'ouvrir une école du numérique car on manque de personnes formées aux technologies de l'information. De plus, le fait qu'on aille chercher nos ressources et nos innovations est plutôt flatteur et sympathique. »
Un diplôme ingénieur est-il vraiment indispensable ?Â
A l'instar du président de Supinfo, Fabrice Bardèche émet un bémol sur le système de sélection, et sur l'absence de certifications. « Le diplôme  permet de faire son chemin, c'est un élément de reconnaissance d'un pays à l'autre », assure-t-il. « Son absence pose également un problème si l'on souhaite poursuivre sa formation et se spécialiser. » Â
Enfin, David Brun, directeur du développement économique à l'ISEN déclare, dans un communiqué  « Maintenant il faut être très clair, les écoles qui vont le plus en souffrir sont celles qui sont sur le même segment d'activité, comme l'Epitech, Ingésup ou Supinfo. Toutes ces écoles qui revendiquent une formation d'ingénierie mais pas un diplôme d'ingénieur : c'est là l'élément de différenciation majeur.»