Pourquoi ne pas exploiter la chaleur d'un serveur pour chauffer une maison ? L’idée a été lancée par le service public néerlandais Eneco, à charge pour l’entreprise Nerdalize d’installer dans les cinq habitations sélectionnées des radiateurs-serveurs « chauffant » qu’elle utilise pour fournir des services cloud à ses clients. « Les ménages pourraient économiser jusqu’à 400 euros sur leur facture de chauffage annuelle », a déclaré Marcel van Dun, porte-parole d’Eneco. Nerdalize paiera pour l'électricité, mais il n’aura pas à assumer des frais de location ou de co-location d'espace et de frais de refroidissement comme c’est le cas dans les datacenters conventionnels, et il pourra « réduire le tarif de ses services cloud de 30 à 55 % ». Selon Eneco et Nerdalize, la solution présente aussi des avantages en terme d’environnement parce que la même énergie sert pour le calcul et pour le chauffage. « Un serveur « chauffant » fonctionnant à pleine capacité consomme plus de 8000 kWh par an », a déclaré Marcel Van Dun, mais Eneco pense que la consommation réelle sera inférieure. Le CEO de Nerdalize, Boaz Leupe, a précisé que ces serveurs effectueront des calculs complexes pour les entreprises et les instituts de recherche comme le Leiden University Medical Centre.
Un bouton permet de régler la température comme sur un radiateur classique.
Les radiateurs chauffent l'eau qui circule dans un système fermé à une température comprise entre 45° et 55° Celsius. « Un bouton situé sur le côté du radiateur permet de contrôler la température. Le système maintient cette température en expulsant l’eau trop chaude hors de la maison », a expliqué Boaz Leupe. Pour l'instant, cela signifie qu’il faut percer un trou dans le mur sur lequel le radiateur est monté, mais Nerdalize compte mettre au point un système de tuyaux pour évacuer la chaleur excédentaire. « Et si le serveur du client est au repos et que l’on veut quand même chauffer la pièce, Nerdalize mettra gracieusement l’unité de calcul à la disposition d’autres utilisateurs, par exemple l’institut de recherche sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA) [autrement connue sous l’appellation de maladie de Charcot] », a déclaré Boaz Leupe. « Si la connexion Internet échoue, les serveurs se remettront en route pour résoudre « des pseudo calculs » et maintenir la fonction de chauffage », a-t-il ajouté.
Les serveurs de Nerdalize ressemblent vraiment à un radiateur.
Les ménages souhaitant participer au test devront être clients d’Eneco et avoir une connexion Internet haut débit. Ils devront aussi accepter de percer un mur donnant sur l’extérieur pour installer le serveur « chauffant ». Après l’opération, qui durera au moins jusqu'à la fin de l'année, Eneco pourrait décider de proposer la solution à un plus grand nombre de ménages. Nerdalize et Eneco ne sont pas les seules entreprises à distribuer leurs serveurs cloud de cette façon. En France par exemple, la start-up ViFiB a installé ses serveurs dans des maisons et des bureaux pour éviter les coûts de location d’un datacenter, et en Allemagne, la société Cloud & Heat propose des services similaires. Au Royaume-Uni, l'Université de Leeds utilise déjà des serveurs pour chauffer l’un de ses laboratoires.