Spécialisée dans la conception de puce basse consommation, la société ARM Holdings a levé le voile sur les principaux aspects de sa prochaine génération de processeurs. La firme promet des performances cinq fois supérieures qui lui permettraient de s'aventurer sur d'autres marchés que celui des Smartphones et des tablettes tactiles, à savoir les routeurs coeur de réseau et les serveurs. Lors d'une conférence de presse à San Francisco le 8 septembre dernier, les dirigeants d'Arm ont présenté leur plate-forme Cortex-A15 MPCore. Ce nom est censé refléter le saut de génération que représente cette puce face aux modèles actuels Cortex-A8 et Cortex-A9 (voir illustration). « C'est une journée très importante pour nous », a déclaré Eric Schorn, vice-président marketing d'ARM. « Aujourd'hui, c'est la chose la plus importante qui soit arrivée à ARM depuis longtemps ».
Si les puces au design ARM sont utilisées dans la plupart des smartphones, l'iPhone et les terminaux Android par exemple, on les trouve aussi dans les imprimantes, les disques durs
et une myriade d'autres produits électroniques. ARM conçoit les designs des puces qui sont ensuite fabriquées sous licence par des sociétés comme Texas Instruments ou Samsung.
Une pré-annonce pour une dispo réel fin 2012
L'A15 est toutefois encore loin d'arriver sur le marché. En fait, même son prédécesseur, le Cortex-A9, ne sera pas disponible dans des produits avant la fin de cette année. Les smartphones et les autres appareils utilisant l'A15 seront en vente fin 2012, a simplement précisé Eric Schorn. Mais cela n'empêche pas ARM d'occuper le devant de la scène en indiquant que son A15 offrira cinq fois les performances de la puce ARM la plus rapide sur le marché aujourd'hui, la double coeurs Cortex-A8 fonctionnant à 1 GHz. La plate-forme A15 pourra être utilisée pour construire des processeurs avec deux, quatre, huit et peut-être seize coeurs cadencés jusqu'à 2,5 GHz, poursuit Eric Schorn.
Sur les smartphones, ce seront bien sûr les puces mono et double coeurs qui seront retenues alors que les versions les plus puissantes de l'A15 défricheront de nouveaux marchés. Les tablettes tactiles et les serveurs multimédias domestiques sur le marché grand public, les relais WiFi , les routeurs haut de gamme et les serveurs sur le segment professionnel.
La société espère que les caractéristiques faible consommation de ses puces ARM persuaderont les fabricants d'appareils d'utiliser l'A15 dans de nouveaux produits. ARM ne précise pas encore l'empreinte thermique de ses différentes versions, mais elle devrait approcher celle de ses modèles actuels.
Une rupture technologique pour ARM
L'A15 marque «un grand bond en avant » pour ARM, a souligné Nathan Brookwood, analyste chez Insight64. «De toute évidence cette puce a été architecturée pour gérer les tâches qui vont au-delà des capacités de conception actuelle ». Elle sera, par exemple, en mesure d'exécuter des machines virtuelles, ce qui pourrait permettre aux utilisateurs de smartphones de basculer d'un environnement de travail à un autre : un pour la maison et un autre pour le bureau. Elle pourrait aussi faciliter la tâche des opérateurs et des développeurs d'applications pour mettre à jour leurs logiciels , sans composer avec les terminaux de plusieurs fabricants d'appareils. L'A15 sera également capable de supporter jusqu'à 1 To de mémoire physique, contre un maximum de 4 Go aujourd'hui. Combiné à la virtualisation, cette plate-forme pourrait devenir une option crédible pour certains types de serveur. Ces puces ne sont pas encore assez puissantes pour réaliser la consolidation de charges de travail, mais la virtualisation peut avoir d'autres usages, tels que basculer une VM sur un autre serveur plus performant.
Cependant, il y a au moins un inconvénient qui limite l'utilisation de l'A15 dans serveurs, a indiqué l'analyste : il s'agit toujours d'une architecture processeur 32 bits. «Ce n'est pas encore du 64 bits, de sorte qu'ils sont à une étape délicate. ARM affirme supporter jusqu'à 1 To de mémoire, mais pour y accéder il sera nécessaire de passer par des chemins compliqués ».
Un passage au 64 bits indispensable
«Avec sa plate-forme x86, AMD était à ce stade avant l'arrivée de l'architecture Opteron. Je m'attends aujourd'hui à ce qu'ARM suive le même chemin dans les deux prochaines années afin de proposer une version 64 bits. » Pourtant, l'A15 pourrait s'avérer une solution appropriée pour des usages dans le monde du réseau en particulier ceux avec des niveaux élevés de parallélisme, explique Eric Schorn. Ce pourrait notamment être le cas pour l'hébergement de serveurs web, de moteurs de recherche ou des applications de réseaux sociaux. « Pour beaucoup d'applications de ce type, les performances offertes par un Xeon ou un Opteron sont trop beaucoup trop élevées », a indiqué Nathan Brookwood, « c'est une des raisons pour laquelle des entreprises comme SeaMicro proposent des serveurs à base d'Atom. Je ne serais pas surpris si un jour, les gens de SeaMicro animent leur plate-forme  avec ces puces ARM ».Â
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Dans le passé, ARM a toutefois eu des résultats mitigés lorsqu'il a essayé de pénétrer de nouveaux marchés. La firme avait par exemple tenté de contester la suprématie d'Intel sur les netbooks, mais les puces ARM ne sont pas capables d'exécuter Windows, qui est toujours le système d'exploitation préféré pour ces mini-portables. Ainsi, la plupart des netbooks sont toujours basés sur des processeurs Intel Atom.
Des licences déjà concédées
Eric Schorn fait valoir que les équipements d'infrastructure tels que les routeurs et les serveurs présentent plus d'opportunités, car ces produits reposent sur d'autres types de logiciels ». Du côté des serveurs, il y a Linux, Apache, MySQL, Perl. Il s'agit d'un ensemble beaucoup plus réduit de composants logiciels.
Ils sont plus maniables et plus portables, souligne le dirigeant d'ARM. Et il y a de nombreux types de serveurs. "Si vous regardez les serveurs d'impression et de médias et les produits de type réseau, ces objectifs plutôt viables ", a-t-il dit. "Nous commençons tout juste ce voyage."
Le coeur de l'A15 est activé par une technologie appelée ARM Amba 4, une interface de bus sur une puce qui permet de regrouper jusqu'à quatre coeurs. Elle garantit également la cohésion du processeur et assure que les noyaux travaillent tous ensemble avec des données cohérentes. L'A15 sera construit en utilisant une technologie 32 et 28 nanomètres. ARM a annoncé mercredi que TI, Samsung et ST Ericsson ont déjà licencié ce nouveau design pour leurs prochaines puces.